Aboubacar Saïd Salim et Ahmed Wadaane Mahamoud
Leur silence inexplicable et inexpliqué est assourdissant
Par ARM
Sous les Mohéliens de Bête-Salam, le Professeur Aboubacar Saïd Salim se signalait par ses prises de position sur ce régime politique maudit et exécrable des années 2011-2016. Même quand on n’était pas d’accord avec lui, on se réjouissait de le lire et de le critiquer. Mais, depuis le retour anticonstitutionnel au pouvoir du dictateur fou de Mitsoudjé, il a perdu l’usage de la plume et de la parole. C’est l’un des signes les plus inquiétants de la mort de la politique, de l’agonie du Droit et de la disparition du débat démocratique aux Comores. Le dimanche 1er novembre 2015, je le retrouvais au siège de l’ORTC, «l’odieux-visuel» public, pour une émission sur le livre que j’avais publié deux semaines plus tôt. Il était très agile d’esprit, perspicace, brillant, intéressant, très intelligent, sans langue de bois, ni autocensure. J’avais vécu l’interview comme un périlleux exercice s’apparentant à la soutenance d’une Thèse de Doctorat. Depuis, il s’est muré dans un silence déplorable. Sans avoir envie de prononcer l’oraison funèbre d’un vivant, il est permis de dire que les Comores déplorent ce silence, celui de l’une des voix les plus autorisées du pays. C’est vraiment dommage.
Ahmed Wadaane Mahamoud, le prolixe devenu taiseux
Et, il y a le sémillant Ahmed Wadaane Mahamoud. Depuis des mois, personne n’entend sa voix. Les Comores sont à feu et à sang, et l’enfant de Mbéni se paie le luxe de se taire. L’un de ses proches dit ceci au téléphone: «Wadaane s’est lancé dans ses calculs foireux. Toute sa stratégie politique actuelle se ramène à un vœu de silence jusqu’en 2021. Que propose-t-il? Même nous qui sommes à ses côtés et qui croyons en sa capacité de proposition civique sommes babas. Nous n’y comprenons rien. Nous ne comprenons pas pour quelle raison il prêche le silence jusqu’en 2021, année au cours de laquelle il dit vouloir partir en guerre contre Azali Assoumani, mais en tant que colistier d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi pour la Grande-Comore, pour se préparer à l’élection à la magistrature suprême en 2031. Il veut être Président. Tout ceci est bien. Mais, quand j’examine son parcours politique, je ne vois pas pourquoi Ahmed Abdallah Mohamed Sambi doit l’adouber, lui qui n’a aucune affinité politique avec lui. Et puis, par quelle intelligence est-il arrivé à la conclusion qu’une dictature comme celle d’Azali Assoumani doit être laissée en paix jusqu’en 2021?».
Ce cri du cœur est d’une grande intelligence, surtout à un moment où Ahmed Wadaane Mahamoud est accusé d’avoir reçu 5 millions de francs comoriens (10.000 euros) et un passeport diplomatique pour aller se faire soigner à l’étranger, des mains de celui dont la soldatesque l’avait mortellement traîné sur la route bitumée à Moroni, le blessant grièvement: le mort-vivant et «pouvoiriste» polygame fou Assoumani Azali Boinaheri dit Bakapihi, «Le Père qui ne prépare jamais à manger». Votre site préféré avait publié cette information et avait demandé à Ahmed Wadaane Mahamoud de s’expliquer, et surtout de laver son honneur. Il n’a jamais réagi, continuant à susciter la colère, la désapprobation et les suspicions de ceux qui disent qu’il se tait pour que le «concubinocrate» Assoumani Azali Boinaheri ne l’accuse pas en public d’«ingratitude». Ahmed Wadaane Mahamoud est un frère. Il est un acteur politique doté d’un troisième œil. Il est un intellectuel brillant. Mais, il s’arcboute sur un silence qui le fait passer pour un politicien corrompu par un dictateur fou. Ce n’est pas bien.
En mai 2007, à Paris, mon futur ami Salim Hadj Himidi, ancien ministre de l’Intérieur puis des Affaires étrangères, me disait après les présentations: «Après avoir lu ton livre L’État mort-né, je te croyais agité comme Wadaane. Or, je découvre en toi un homme très calme».
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Dimanche 15 décembre 2019.
