Incohérences de l’existentialisme musulman
Par Mme Imani Mmadi
On ne peut jamais être existentialiste musulman mais on peut être un Musulman modéré. L’existentialisme se résume selon Jean-Paul Sartre, dans sa conférence intitulée, «l’existentialisme est un humanisme» qu’il a donnée à Paris le 29 octobre 1945, à partir de l’idée selon laquelle l’homme est maître de son essence, de sa vie par ses propres actions. Celles-ci ne sont pas construites d’avance par un Dieu Tout-Puissant. Par ailleurs, l’être humain est l’unique responsable de ses entreprises, de son destin et de ses valeurs qu’il souhaite entreprendre. Donc, rien ne peut influencer ni loin, ni de près la vie sur terre. C’est le cas d’un philosophe musulman qui choisit l’existentialisme lui-même comme mode de pensée. Ce choix n’est pas dicté par une force naturelle.
L’existentialisme vient de «l’existence», qui veut dire «être là». Mais, les incohérences de cette doctrine chez certains adeptes posent un certain nombre d’interrogations. Tout d’abord, tous les existentialistes ont un point commun. C’est celui de l’idée selon laquelle «l’existence précède l’essence». En d’autres termes, l’être humain est le seul bâtisseur de sa propre destinée et il est lui-même capable de la changer. Néanmoins, ces mêmes penseurs, se divergent sur un autre point crucial: il s’agit de la question religieuse, car certains sont de confession musulmane, chrétienne, juive ou animiste. Et, d’autres sont sans étiquette religieuse, agnostiques ou athées. Ces croyants ignorent que dans la confession musulmane, chrétienne et juive, «l’essence précède l’existence», c’est-à-dire, qu’avant que l’individu n’ait été projeté dans ce monde, ses actes sont déjà inscrits dans une sorte de registre divin. Par conséquent, l’homme est subordonné à ce registre. C’est le cas d’un préposé soumis à son commettant et que la personne soumise se trouve dans une situation de d’infériorité où elle doit être exécutée, contrôlée voire sanctionnée pour son manquement à ses obligations.
En outre, ce destin tracé d’avance frappe les gens surtout de confession musulmane. C’est dans cette optique, qu’un Musulman qui adhère à la doctrine existentialiste devrait être cohérent avec lui-même. il ne devrait pas y avoir un existentialiste musulman si celui-ci ne rejoint pas la pensée complète de Jean Paul Sartre. C’est ainsi qu’un employé qui cherche à s’émanciper de son milieu d’origine ne doit pas tarder à prendre le chemin de la cohérence. Il faut souligner que le chemin de la liberté a toujours un prix à payer. Si le prix de l’existentialisme revient à Jean-Paul Sartre c’est par ce qu’il était cohérent et clair. Même si une partie de sa pensée fut ambigüe car il n’avait pas réussi à démontrer l’origine de la projection de l’homme sur terre, ses arguments sont harmonieusement cohérents avec son athéisme. Sa démarche philosophique est très nette. Il n’appartenait à aucune confession et refusait de s’enfermer dans un contrat quelconque.
Par contre, d’autres ont gardé leur appartenance à une confession. C’est le cas de certains Musulmans. Or, ces derniers sont loin d’être clairs et leur position religieuse pose un certain nombre de questions. Soit ces musulmans se moquent de l’Occident en prétendant certaines choses, soit ils croient qu’il est naïf. Donc, ils disent le contraire de ce qu’ils pensent. Soit, ils pensent comme Jean-Paul Sartre, mais refusent de se prononcer afin de se préserver des éventuelles représailles.
Or, rien ne peut empêcher un Musulman de devenir existentialiste athée pour rester cohérent dans sa démarche philosophique. Il faut dire que la religion musulmane n’acceptera jamais un existentialiste. Ses fondamentaux ne concordent pas avec un certain nombre de comportements, de libertés ou de pensées. En revanche, la doctrine existentialiste va beaucoup plus loin notamment, en matière de liberté. Chez nous musulmans, si nous enlevons la soumission et la restriction, l’édifice s’effondrera et, par conséquent, cette confession ne tiendra pas debout.
Le propre d’une religion c’est le mystère, ou le voile qui se trouve derrière le rideau. Si les nuages disparaissent nous verrons tout. L’existentialisme musulman n’a aucun sens philosophique s’il n’y a pas la cohérence. Soit, on est Musulman modéré, et dans ce cas, on se positionne à juste milieu avec le pacte républicain et le respect de la laïcité. Soit, on est complètement existentialiste issu d’une tradition musulmane. Dans ce deuxième cas de figure, la cohérence athéiste est la règle. Il n’y a pas un existentialisme musulman. C’est une aporie intellectuelle.
Par Mme Imani Mmadi
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© www.lemohelien.com – Mardi 4 août 2015.
