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Philippe Divay et les politiciens de «l’œuvre de Dieu»

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Les Grands-Comoriens du meeting de Paris énervent même les étrangers

Par ARM

   Le 9 décembre 1992, le monde entier assistait au débarquement de 21.000 soldats (marines) des États-Unis à la plage de Mogadiscio, en Somalie, à une heure bien choisie pour être celle où les États-Uniens sont plus nombreux devant la télévision. Avec des accents messianiques, le Président George H. Bush lança à l’intention de ses «boys» partant vers un échec honteux dans le bourbier somalien: «Vous accomplissez l’œuvre de Dieu et vous le faites bien». Aujourd’hui, bien au Sud des côtes infestées de pirates de la Somalie, dans un pays appelé Comores, des acteurs politiques que les Comoriens considèrent comme les plus prétentieux, les plus narcissiques, les plus pathétiques, les plus pompeux et les plus portés à la vantardise et à une certaine tendance à l’exagération ont pris prétexte de l’élection du Président de l’Assemblée de l’Union des Comores, alors que le quorum était atteint et alors que les Députés ont majoritairement voté pour le Docteur Abdou Oussene, pour parler de «coup d’État institutionnel» et constituer la prétendue «opposition républicaine», devenue le prétendu «Rassemblement des Patriotes» (quels patriotes?), en réalité «Rassemblement des Renégats et des Opportunistes». Par un étrange tour de passe-passe politique et médiatique, la fameuse «opposition républicaine» est partie de la dénonciation du prétendu «coup d’État institutionnel» à la déification de l’ancien Président Ahmed Sambi, Anjouanais, devenu comme par enchantement son candidat naturel lors d’une élection présidentielle dont tous les candidats doivent être Grands-Comoriens.

   Même si les Comoriens savaient ce qui allait se passer lors du meeting de Paris du samedi 16 mai 2015, ils ont été très choqués d’entendre des acteurs politiques grands-comoriens complètement discrédités depuis longtemps tant sur le plan personnel que sur le plan partisan, à l’exclusion de tout Anjouanais et de tout Mohélien, déclarer devant une assistance qui ne lui était même pas entièrement acquise que rien ne s’opposait à la candidature de l’Anjouanais Ahmed Sambi à la magistrature suprême même, si dans le plus reculé des villages de l’Archipel des Comores, le Comorien le plus indifférent et le plus allergique à la politique sait et dit qu’en 2016, tous ceux qui vont déposer une candidature pour la magistrature suprême doivent être des Grands-Comoriens. Dès le lendemain, des militants de partis écœurés convoquèrent leurs dirigeants ainsi compromis et leur demandèrent des comptes, notamment à Évry, dans le Département de l’Essonne, au Sud de la Région parisienne. Pourtant, ces militants ne sont pas les seuls qui ont été indignés par l’acte de leurs dirigeants, qui s’apparente aux Accords de Munich du 29 septembre 1938, Accords dont la conclusion fit dire à Sir Winston Churchill dans le Times du 7 novembre 1938: «Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre».

   En tout état de cause, Philippe Divay, grand connaisseur des États de l’océan Indien, sur son blog ne dit pas autre chose quand il proclame, le jeudi 21 mai 2015, dans un article au vitriol, très méchamment intitulé «Retour sans fanfares sur un meeting soi-disant bien préparé de nos grands politiciens comoriens» que le comportement de ces loustics grands-comoriens face à Ahmed Sambi relève de «la honte». La honte.

   En effet, voici ce l’opinion de Philippe Divay sur ces chers politiciens grands-comoriens, aujourd’hui regardés avec suspicion et mépris: «Oui, Messieurs les politiciens de la Grande Comore et aussi du Mouvement pour le souvenir de la prise du pouvoir de son Excellence Ali Soilihi, il faut maintenant vous rappeler que la politique est un art, un métier et que lorsque vous prenez une initiative dans un but électoral, faites très attention où vous mettez vos pieds. Que se passe-t-il? Tout simplement votre grand tribun Sambi, a triché avec le pouvoir à Madagascar. Il a cru que ce pays était toujours sous l’emprise de la HAT, où tout était permis: les visites […] de milliardaires soi-disant du Golfe, Sambi et ses acolytes, etc. etc. et non c’est fini. Enfin ce pouvoir a un service de renseignements et, surprise, le nom de Sambi ne figurait pas dans la liste des personnes ayant obtenu une audience du Chef de l’État. Imaginez Son Excellence Hery [Rajaonarimampianina, Président de Madagascar] qui essaie de sortir son pays de cette emprise de mafieux et encore plus de ceux qui parlent de guerre au nom d’Allah, qui annonce partout que si il n’est pas élu, les Comores trouveront le chaos et la politique de la terre brulée, face à cet individu! Et pendant ce temps-là nos dirigeants de Partis politiques de la Grande-Comore annoncent à qui veut l’entendre qu’ils adhèrent derrière ce grand Homme pour son élection à la Présidence tournante de 2016, qui revient en principe à Mayotte, mais disons que, devant une situation donnée, elle revient à la Grande-Comore. Et oui, Messieurs, Sambi, jusqu’à preuve du contraire, est Anjouanais! Non? Imaginez l’humiliation de vos sœurs et frères de la Grande-Comore, imaginez la compromission qui en résulte! Honte à vous, oui nous le disons et répétons: vous n’avez nullement le droit de jeter l’honneur de votre Pays, de votre île aux orties, comme vous l’avez si bien fait». C’est un étranger qui connaît bien les Comores qui s’exprime ainsi face à des traîtres à leur propre île.

   Est-ce glorieux pour nos politiciens grands-comoriens qui se compromettent de manière à fendre et à soulever même l’âme des étrangers? Relisez le réquisitoire de Philippe Divay, et constatez surtout la phrase qui fait le plus de mal au cœur du Comorien, parce qu’il ne s’agit pas d’une affaire entre Grands-Comoriens, mais entre Comoriens, et nous sommes tous des Comoriens, même si le Grand Docteur Sounhadj, Anjouanais, ne peut pas devenir Mohélien ou Grand-Comorien, quand bien même les Mohéliens seraient fiers de le compter parmi les fils de leur île. La phrase qui déchire le plus le cœur est la suivante: «Imaginez l’humiliation de vos sœurs et frères de la Grande-Comore, imaginez la compromission qui en résulte!». Pourquoi cette phrase a une consonance honteuse particulière? Pour une raison très simple: les politiciens grands-comoriens du samedi 16 mai 2015 ont agi de manière à croire que la Grande-Comore n’avait pas de candidats dignes, comme en 2010, quand Mohamed Bacar Dossar et autres crypto-sambistes affirmaient en public et sans se soucier de la susceptibilité et de la sensibilité des Mohéliens que «Mohéli est une île qui n’a pas les siens», c’est-à-dire une île de sous-hommes. À la même époque, Ahmed Sambi, son chef, un Docteur en tout et dans tous les domaines, disait doctement qu’un Mohélien ne pouvait diriger les Comores parce que les Mohéliens n’étaient pas des gens instruits. En 2014, Ahmed Sambi a déclaré, sans prendre la précaution de ne pas blesser les Grands-Comoriens et le frère Mohamed Daoudou dit «Kiki», leader du Parti Orange: «Ces Grands-Comoriens ont qui pour l’élection présidentielle de 2016? Ce voleur de Kiki?». A-t-il, oui ou non, tenu ces propos? Il les a tenus. Il a dit cela. Et voilà que ce samedi 16 mai 2015, des politiciens grands-comoriens, dont un ancien Vice-président de la République et un ancien ministre des Relations extérieures d’Ahmed Sambi, étaient à Paris pour dire que leur ancien chef, un Anjouanais, a tellement raison qu’ils ne voient que lui pour être leur candidat en 2016, à la place de tous les Grands-Comoriens de la Terre.

   Prenons le cas d’Idi Nadhoim. Le vendredi 7 mars 2014, il nous accordait une interview au cours de laquelle nous lui avons posé la question suivante: «Comme vous savez, Ahmed Sambi dit qu’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2016, et ce, non pas pour briguer la vice-présidence à Anjouan, en devenant le colistier d’un Grand-Comorien, mais veut être élu chef d’État. Vous qui avez pratiqué l’homme pendant 5 ans et qui connaissez bien les textes juridiques et la mentalité politique comorienne, comment jugez-vous cette candidature?». Nous avons reçu d’Idi Nadhoim la réponse suivante: «Selon la Constitution comorienne, je vois Ahmed Sambi candidat à l’élection présidentielle de 2016, s’il le désire, à condition qu’on supprime la présidence tournante. Mais, si on maintient celle-ci en l’état, je ne vois ni Mohélien, ni Anjouanais déposer une candidature pour la présidence de la République en 2016, car il s’agit d’un scrutin majeur, dont l’élection primaire aura lieu à la Grande-Comore et dont tous les candidats à la présidence de la République devront être Grands-Comoriens. Ici, ce n’est pas la lettre de la Constitution qu’il faut voir, mais son esprit». Mesdames et Messieurs, Comoriens et amis des Comores honorant notre pays par l’intérêt que vous lui portez, vous avez bien lu. L’ancien Vice-président Idi Nadhoim a bien dit: «Je ne vois ni Mohélien, ni Anjouanais déposer une candidature pour la présidence de la République en 2016». Or, il était de ceux qui ont fait de l’Anjouanais Ahmed Sambi leur candidat à l’élection de 2016, et ce, non pas pour que l’Anjouanais devienne colistier d’un candidat grand-comorien, mais pour qu’un Grand-Comorien devienne le colistier de l’Anjouanais lors d’une élection dont les candidats à la magistrature suprême ne peuvent être que Grands-Comoriens. Est-ce que la Grande-Comore est encore la Grande-Comore? Il appartient à nos sœurs et à nos frères de cette belle île de nous le dire parce que ce qui s’est passé le samedi 16 mai 2016 ne nous permet pas de voir «le pouvoir de l’honneur» savamment explicité par Sultan Chouzour et qui contribue à faire le charme de cette belle île, qui fait notre fierté.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 7 juillet 2015.


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