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Vivre en exil à 35 minutes de mon île natale de Mohéli

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Vivre en exil à 35 minutes de mon île natale de Mohéli

Vivre l’exil le jour de Fête du Ramadan, près de Mohéli

Par ARM

     Votre site préféré présente ses meilleurs vœux à ses lecteurs et à ses lectrices de religion musulmane. Depuis le vendredi 21 avril 2023, ils célèbrent la fête de la fin du mois sacré du Ramadan. Une fois de plus, cette célébration se fait pour certains en exil ou sous les bombes et les balles réelles, dans la faim, la soif, les ténèbres, et dans l’obscurantisme concomitant à l’assassinat de l’École publique et la floraison comme jardin au printemps d’écoles privées de qualité approximative et douteuse. La douleur est dans l’exil pour les exilés comme moi, mais aussi dans ceux qui, aux Comores, sont pris en tenailles entre la dictature du tyran Assoumani Azali Boinaheri dit Bakapihi, «Le Père qui ne prépare jamais à manger», et des pillards et terroristes venus de leur île pour empêcher les voisins de mener une vie normale.

Je vis en exil à 35 minutes d’avion de mon île de Mohéli que, de notoriété publique, j’adore. Je vis à l’étranger depuis le samedi 27 septembre 1986. Le jeudi 25 septembre 1986, je voyais pour la dernière fois ma mère. Elle m’avait accompagné à «l’aéroport» de Mohéli. Ce jour-là, nous ne savions pas que nous n’allions plus jamais nous revoir sur cette Terre.

J’étais en vacances à Mohéli en août-septembre 1992. Depuis, mon retour chez moi avait joué les arlésiennes, et il n’avait eu lieu que le samedi 18 octobre 2015, soit 23 ans et 1 mois plus tard. Par la suite, je me suis rendu chez moi en décembre 2015 et en avril 2016. La fraude électorale innommable de 2016 des Mohéliens de Bête-Salam en faveur de leur dictateur Assoumani Azali Boinaheri m’a fermé les portes des Comores, à telle enseigne que je me demande si à la chute du chien enragé de Mitsoudjé, j’aurais envie de me rendre chez moi.

Alors que je suis à 35 minutes d’avion de Mohéli, je n’ai pas pu me rendre sur mon île quand ma dernière tante paternelle, de surcroît ma meilleure amie (elle m’a légué sa qualité emblématique), a fini son existence terrestre, quand ma seule tante maternelle est partie, quand mon frère Mohamed Nassur est parti, quand bien d’autres sont partis.

Je n’ai pas pu me rendre à Iconi quand mon ami fraternel Saïd Omar Saïd Bacar et son épouse ont célébré dans la dignité et le faste de bon aloi, digne de leur grand-père le Sultan Saïd Ali El Macelie, leur grand mariage. Lors de nos échanges dans leur demeure, à Stains, nous parlions beaucoup de ce mariage, et avions porté nos questions sur ma présence, puisque, si les autres opposants seraient embarqués de l’aéroport à la prison, moi, je serais fusillé à l’aéroport devant tout le monde. À l’été 2017, le frère Saïd Omar Saïd Bacar et son épouse avaient souhaité que la plus jeune de mes filles, alors âgée de 6 ans, aille passer ses vacances chez eux. Ils l’avaient traitée comme leur propre fille. Ils m’avaient dit: «Ta fille est notre fille. Alors, tu n’as pas à remercier un père et une mère d’avoir pris soin de leur fille». Ce sont des paroles qui laissent des traces dans la chair, dans le cœur et dans l’âme.

J’étais étranglé d’émotion quand le frère Saïd Omar Saïd Bacar m’avait envoyé les photos du mariage, à Iconi. Pleurer de joie? Rire de tristesse? Rire alors que je ne peux pas assister au grand mariage de mon frère? Pleurer alors que mon frère célèbre son grand mariage, en plus, avec une femme qui est une sœur pour moi?

     J’ai eu les mêmes sentiments lors du grand mariage de mon amie sororale Maliza Saïd Youssouf avec mon ami fraternel Saïd Assoumani, toujours à Iconi, décidément. Oui, décidément.

Je me console en pensant à cette sagesse qui nous vient du Prophète Mohammed: «Le voyage est une partie du châtiment; il vous empêche de manger, de boire et de dormir. Aussi, quand vous avez atteint le but de votre voyage, dépêchez-vous de retourner auprès des vôtres»: Cité par Abou Mouhiedine Al-Nawawy: Les Jardins de la Piété. Les Sources de la Tradition islamique (Recueil de hadith), Éditions Alif, Lyon, 1991, p. 277. Mais, comment faire quand «on ne peut pas se dépêcher de retourner auprès des siens»? Le Prophète Mohammed, lui aussi, avait été chassé de La Mecque, son foyer natal. Les polythéistes, dont certains étaient membres de sa propre famille, ne voulaient pas de son discours eux qui, exactement comme le font certains Comoriens aujourd’hui, ont pour credo de travailler à la disparition physique de ceux qui pensent, s’expriment et agissent autrement.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 22 avril 2023.


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