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Pathétiques élucubrations et foi du charbonnier

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Pathétiques élucubrations et foi du charbonnier

La CÉNI se crashe en plein ciel électoral mais donne de leçons

Par ARM

     Il fallait être à Poteau central, à Djoiezi, ce mercredi 6 janvier 2016 et voir El-Amine Ali Mbaraka dit Aboulkhaïr, ou Embargo ou «le Président de la Rue publique» pour se rendre compte que les autorités sont dans des rêveries d’un bébé qui songe à son biberon. En effet, quand El-Amine Ali Mbaraka, candidat à l’élection gubernatoriale de Mohéli et tombeur du Gouverneur Mohamed Ali Saïd, arriva à Poteau central, il fut salué par une salve de youyous et d’applaudissements, et en deux minutes, le lieu des intrigues politiques et sociales de Djoiezi était noir de monde. C’est humain: est-il possible d’empêcher un candidat à une élection qui a une aubaine de parler politique de faire de la politique, notamment pour exposer le bien-fondé et de la raison d’être de sa candidature à une élection qui va laminer Mohéli et faire jeter l’île dans un trou, tant elle sera disputée et tant elle va diviser les Mohéliens? Ne rêvons pas. Et puis, au même moment, aucun autre candidat n’était chez sa maman ou dans son domicile familial pour faire réviser à ses enfants ses cours de Sciences de la vie et de la terre, mais tout le monde était à tel village pour prêcher «la bonne parole». La preuve en est établie. On ne le dira jamais assez: le pays est entré en campagne électorale avant l’heure, et la population ne s’en plaint pas, y trouvant le moyen de briser la monotonie d’une vie qui manque de sel et de piment. Ici et là, les candidats invitent la population à un pique-nique «républicain», où les gens ne parlent pas de la couleur de l’eau de l’océan Indien et du ciel, mais des élections du Président de la République et des Gouverneurs, chacun se présentant comme le Zorro qui va chasser les méchants et le Mal, faire triompher le Bien et protéger la veuve et l’orpheline.

     Il a donc fallu que les pouvoirs publics interpellent les candidats aux deux élections, en leur demandant d’être sages. Aux uns et aux autres, a été remis un document qu’on pourrait qualifier de «Charte de Bonne Conduite qui ne dictera une bonne conduite à personne».

     Alors, quand les pouvoirs publics se mettent dans un coin de la rue pour inviter les candidats à respecter la Loi en matière électorale, les Comoriens relèvent la tête et manifestent leur étonnement et leur surprise. Les Comoriens sont d’autant plus médusés qu’ils apprennent que trois entités diaboliques, à savoir, la Commission nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC), la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI), et le prétendu Observatoire des Élections des Comores (OBSÉLEC), ont publié un pathétique communiqué commun appelant les candidats au respect de la Loi en matière électorale. Rien que ça! Les sataniques organismes, aussi contestables que contestés, disent avoir tenu une réunion le mercredi 2 décembre 2015 et avoir pris la grandiose et historique décision «d’évaluer le respect des dispositions contenues dans les textes régissant l’élection du Président de l’Union et celles des Gouverneurs autonomes du 21 février et 10 avril 2016, et prévenir tout acte de corruption tout au long du processus électoral». Que c’est beau. Même très beau. Ces gens-là devraient mourir de honte.

     Et là, la larme à l’œil, on apprend, que les trois organismes honnis «exhortent tout un chacun, acteurs politiques, candidats, citoyens et électeurs à se conformer strictement aux textes régissant le processus électoral 2016, dont le Code électoral […]». Mêmes bons Princes, les Comoriens sont pliés de rire, constatant amèrement qu’on se moque d’eux. Et il ne faut pas regarder uniquement du côté des pouvoirs publics parce que même aux Comores, on assiste à l’application du méchant mot du regretté Mohamed Guessous, le sociologue marocain, mot qui nous apprend joyeusement qu’après la privatisation des entreprises publiques, on assiste à celle de la fraude électorale.

     Alors que la campagne électorale s’achève avant même d’avoir été lancée officiellement et alors que les candidats ont sillonné tout le pays, les trois organismes scélérats ont poussé l’amabilité jusqu’à rappeler que «la campagne électorale est déclarée ouverte dans les délais présentés par l’acte de convocation du corps électoral». Là, on se moque carrément des Comoriens car tous les candidats aux deux élections sont entrés en campagne électorale. Tous. Aucun d’entre eux n’est resté sagement chez lui en train de montrer à sa femme ou à sa dernière petite copine sa collection de bouteilles d’eau minérale, dans l’attente du lancement officiel d’une risible campagne électorale.

     Et comme si les trois organismes sataniques n’avaient pas débité assez d’insanités, les voilà en train de se ridiculiser en prêchant de nouveau dans les déserts du Sahara et de Gobi et dans la forêt du Mato Grosso, en rappelant: «L’utilisation des attributs, biens et moyens de l’État, d’une personne morale publique, des institutions ou des organismes publics, notamment ceux des sociétés, offices, projets d’État et d’installations internationales à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote est interdite pendant les six (6) mois avant tout scrutin et jusqu’à son terme». Est-ce que les rédacteurs de cette norme riaient quand ils écrivaient leur belle prose? La question se pose parce que le Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi ne s’est jamais gêné pour employer les moyens du Gouvernorat de la Grande-Comore et de l’AGID pour les besoins de sa campagne électorale. Ses escapades à Ifoundihé et ailleurs à la Grande-Comore sont de notoriété publique et sont tombées dans le lieu commun. Il ne cherche même pas à s’en cacher. Il ne s’en cache pas. D’ailleurs, pourquoi s’en cacherait-il?

     Dans le document remis aux candidats, il y a un autre morceau d’anthologie: «Il est interdit à tout agent public pendant ses heures de service, sous peine de sanctions prévues par le présent Code, de distribuer des bulletins, circulaires ou des signes distinctifs de candidats et, plus généralement, de participer à une campagne électorale de façon partisane. Il est également interdit d’utiliser les biens d’État, tels que des véhicules, téléphones et bâtiments publics à des fins de campagne électorale. La CÉNI et ses démembrements saisissent immédiatement les biens publics utilisés à des fins de campagne électorale à travers la Gendarmerie et la Police nationale. Il est interdit à toute autorité publique, sous peine de sanctions, de suspendre, licencier ou affecter un agent pour des fins électoralistes. Ces dispositions sont sanctionnées par les articles 84, 152 et 155 du Code électoral sous forme de saisie, emprisonnement ou d’amende». Blablas, nouveaux blablas et reblablas. Taratata. Des blablas, rien que des blablas.

     Ce qui est triste dans l’affaire, c’est que la CÉNI prêche pour les autres une morale électorale qu’elle est incapable de s’appliquer elle-même, alors que la CNPLC est devenue la risée et l’objet de la haine des Comoriens. Ce samedi 9 janvier 2016, la rédaction du journal Al-Watwan était en éruption volcanique. La raison? Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou et porte-parole de la CÉNI, venait de se faire arrêter par les forces de l’ordre. Et pourquoi donc? Parce qu’il voulait empêcher le Docteur Ahmed Djaza Mohamed, Président de la Commission vilipendée, d’accéder à celle-ci. Ah! Il doit bien y avoir une raison à son geste, non? Une raison, il y en a: un trou de 153 millions de francs comoriens a été constaté à la CÉNI, où la double signature sur les chèques ne permet pas une gestion bon père de famille, et les regards accusateurs se braquent sur le bon Docteur Ahmed Djaza Mohamed. Là où les choses se compliquent singulièrement, c’est que l’ancien ministre des Finanes, Ahmed Elarif Hamid, Président de la Cour des Comptes, rencontré à l’Aéroport de Hahaya alors qu’il se rendait à une conférence de la COMESA à Lusaka, Zambie, est très diplomate et prudent sur l’affaire: «Le Procureur Soilihi Mahmoud m’accuse d’accuser le Docteur Ahmed Djaza Mohamed d’une gabegie ayant conduit à la disparition de 153 millions de francs comoriens. Moi, je n’accuse personne d’être à l’origine de cette disparition. Je me borne à constater que 153 millions de francs comoriens ont disparu des caisses de la CÉNI. C’est tout. Et, je n’accuse personne en particulier». Mais, qui les a fait disparaître? Pour sa part, ce journaliste enfonce le clou: «La communauté internationale finance le processus électoral et se serait montrée plus conséquente avec elle-même si elle se montrait soucieuse de savoir ce qu’il est advenu de cet argent disparu dans la nature et qui provient de ses poches».

     Dès lors, les Comoriens sont légitimement fondés à se demander qui doit donner des leçons de bonne conduite électorale aux autres aux Comores. La CÉNI est dévoyée. La CNPLC a toujours été dévoyée. L’OBSÉLEC, c’est du gnangnan. Il faudra donc expliquer aux Comoriens comment faire quand les organismes prêchant la vertu électorale sont eux-mêmes les premiers à devoir suivre des cours de vertu électorale. En attendant, la campagne électorale bat son plein avant d’avoir été lancée officiellement, et les Comoriens s’en moquent.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 11 janvier 2016.

 


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