• Home
  • /
  • actualite
  • /
  • «Je vais installer mon fils, ma fille à l’Université à Dakar»

«Je vais installer mon fils, ma fille à l’Université à Dakar»

Partagez sur

«Je vais installer mon fils, ma fille à l’Université à Dakar»

Des étudiants vont à l’Université accompagnés de Papa et Maman

Par ARM

       Le phénomène est à la mode chez les m’as-tu-vu: des étudiants comoriens ne se rendent à l’Université qu’en compagnie de Papa et Maman. «Je vais installer ma fille à l’Université de Dakar, et c’est à mon retour que je vais parler du dossier avec toi». Il n’est pas reproché aux «nouveaux riches» qui gagnent honnêtement leur vie d’exagérer, mais il y a également ceux qui font le voyage «universitaire» en compagnie de leurs rejetons aux frais de la Princesse, l’argent du peuple comorien, eux dont les enfants n’arrivent jamais en deuxième année, nonobstant la débauche de l’argent volé au peuple. Sous le régime politique des Mohéliens de Bête-Salam, l’accompagnement par Maman était suivi de l’installation de l’enfant dans un quartier résidentiel, et ce, pour faire la bringue et non pour étudier. Au Maroc, par exemple, où la bourse d’un étudiant était de 75 euros par mois, la fille de… et le fils de… reçoivent par mois de Papa et Maman, qui jouent les accompagnateurs, plus de 500 euros volés au peuple, une fortune, dans un pays dont le SMIC officiel est de 200 à 250 euros. Mais, celui qui reçoit cette manne ne fout rien. Il «mange» l’argent du peuple comorien, pour échouer année après année. Les 500 euros viennent en supplément à la bourse du Maroc, pendant qu’aux Comores, des enfants brillants issus des milieux sociaux précaires ont du mal à trouver de quoi payer leurs frais de scolarité dans une Université médiocre en tout. Misère! Malheur!

       J’ai passé ma vie à étudier. Ma Mère ne m’avait pas accompagné à l’Université au Maroc, mais à «l’Aéroport» de Mohéli. Six ans plus tard, elle est morte, et je ne l’ai jamais revue. Je n’ai jamais échoué à l’Université. Je me distinguais par mon implication dans mes études, comme cela avait été le cas au Lycée. Il m’est arrivé de passer plus de 2 ans de suite sans bourse, ni aide familiale régulière. Avec mon ami Chafii du Maroc, nous faisions tellement réparer nos chaussures chez le cordonnier que les clous qu’il y plaçait nous torturaient les pieds. Pour aller soutenir ma Thèse de Doctorat à Rabat, Maroc, je portais de belles chaussures à 12 euros, pendant que des jeunes Comoriens recevant de l’argent de Papa et Maman paradaient avec des chaussures à 80 euros. Il me manquait souvent 20 euros pour payer mon loyer, et 50 centimes d’euro pour manger. Un jour, en deuxième année de Troisième Cycle à la Faculté de Droit de Rabat, une camarade de classe de la très haute bourgeoisie et aristocratie du Maroc avait la couleur de la craie: «A., qu’est-ce qui t’arrive?». Elle répond: «J’ai trop mangé». Or, moi, depuis 24 heures, je n’avais rien mangé. Je n’avais pas de bourse. À la fin de cette année scolaire, j’étais Major de la promotion, moi, le seul Noir et étranger de la classe. Je totalise plus de 5 ans sans bourses, ni aide familiale régulière.

       Les Mohéliens, toujours cruels envers ce qu’ils accusent de «vantardise noire», forcément négative, ont un mot pour l’enfant qui refuse de grandir, et qui se complaît dans la paresse, l’oisiveté et l’assistanat: Droro. Mon ami le grand musicien Boinariziki a une chanson qui parle de Droro: «Ma Mère m’a nommé Droro». C’est très sympathique de voir les parvenus et les «nouveaux riches» faire le m’as-tu-vu en accompagnant leurs marmailles à l’étranger pour aller les «installer à l’Université», mais souvent, ils oublient une chose fondamentale: le meilleur service à leur rendre est dans la culture de l’autonomie et le goût du travail. Ils évitent cela et pourrissent leurs enfants, qui n’ont d’autre souci que l’enfoncement dans le rôle de parasite. Soucieux de ma scolarité, mon père m’avait désigné un maître d’école primaire à domicile. L’expérience n’a duré que deux jours. En classe de 4ème, le fugitif international Hamada Madi Boléro s’était mis en tête la folle idée qu’il pouvait me transformer en mathématicien. Au bout de 3 séances, l’affaire tourna court. En 3ème, mon cousin Mohamed Rachad Salim, actuellement Professeur de Mathématiques à la Réunion, avait tout fait aussi. Je suis trop nul pour les mathématiques.

       Au moment où les «nouveaux riches» et les parvenus se pavanent aux quatre coins du monde pour leurs cancres de rejetons, des milliers d’enfants comoriens issus des couches sociales précaires pataugent dans la médiocrité de la prétendue «Université des Comores», «l’Université des notes sexuellement transmissibles», le plus centre sexuel au monde, où les dirigeants volent l’argent, avant de tuer pour la deuxième fois Salim Hatubou (écrivain, 1972-2015) en fermant la Bibliothèque qui porte son nom, la seule bibliothèque publique des Comores. Cela s’appelle «l’émergence à l’horizon 2020 dans l’inculture, l’analphabétisme, l’obscurantisme, l’ignorance, la misère de la réflexion et l’escalade du ridicule, du pathétique, du vulgaire et du subalterne». Rira bien qui rira le dernier…

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com– Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Lundi 9 janvier 2023.


Partagez sur

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.