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«Grand Notable» par location de garçonnière à Moroni

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«Grand Notable» par location de garçonnière à Moroni

Le campagnard renégat qui se disait «notable» de Moroni

Par ARM

     Il n’y a aucune honte à être un campagnard. Les origines rurales ont leur part de noblesse, et à Mohéli, il faut avoir des ramifications familiales dans au moins trois villages ruraux pour être Mohélien. Quand on a sa famille uniquement à Fomboni et Mohéli, on n’est pas Mohélien. Près de l’Union des Comores, plus précisément à Mayotte, hors de Mamoudzou, le chef-lieu de l’île, il existe des Grands Notables et des quartiers très huppés, comme c’est le cas à Tsingoni et ailleurs. À Mayotte, comme à Mohéli, les citadins ne méprisent pas les ruraux comme cela se fait en Grande-Comore et à Anjouan. Aux Comores, la quête effrénée du statut de Grand Notable conduit à des aberrations pathétiques et infantiles. Sinon, comment comprendre que les fameux Grands Notables croient que les premiers rangs à la mosquée, Maison de Dieu, leur sont réservés? Je n’ai vu cela ni au Maroc, ni en Libye, ni au Ghana.

En Grande-Comore, certains ruraux font tout pour se dire Grands Notables de Moroni. Or, les familles de la Grande Notabilité de Moroni sont connues. Leurs quartiers sont connus. Alors, pourquoi tricher en reniant toute origine rurale et en se déclarant mensongèrement de Moroni alors qu’on est un blédard? Prenons un cas précis. Voici un campagnard qui venait d’un village du Bambao, en Grande-Comore. Le personnage a réellement existé. Pour être un «Grand Notable» «de Moroni», il avait loué une garçonnière dans un quartier «noble» de la capitale. Oui, loué. Oui, une garçonnière, la bien-nommée garçonnière parce que c’est dans ce lieu qu’il trompait sa femme, et pas avec des femmes, mais avec des garçons dans la garçonnière. Garçonnière, garçons. Le Tout-Moroni ricanait et crachait par terre. Pourquoi ce campagnard se réclamait de Moroni? En quoi est-il honteux de venir de la campagne?

Fomboni est la capitale de Mohéli. Tous les Djoieziens naissent à la Maternité de Fomboni. Or, pendant des décennies, le seul Djoiezien dont l’acte de naissance porte la mention «né à Fomboni» est le Grand Docteur Mohamed Mourchidi. Oui, il est né à Fomboni, comme tous les autres Djoieziens, mais il est le seul à avoir un acte de naissance qui fait référence à Fomboni. Djoiezi et Fomboni, situées à 5 minutes en voiture l’une de l’autre, sont «liées» par une vieille rivalité stupide et surannée. Alors, que fait-on de nous qui avons les deux parents ayant un des deux parents originaires de Fomboni, mais qui sommes «nés à Djoiezi», avant d’avoir nos propres enfants de mères exclusivement de Fomboni? On va nous chasser à la fois de Djoiezi et de Fomboni, en y ajoutant les enfants? Allons bon!

Les notions de «bourgeoisie», «aristocratie», «noblesse» et «notabilité» ont leur sens en termes sociologiques en fonction du terroir, du pays. Je vous propose deux ouvrages que j’ai lus avec un grand intérêt et qui prouvent que le monde rural fait partie de la communauté nationale et qu’il y joue un rôle social et politique de premier plan au Maroc, notamment face au Maghzen ou Makhzen, l’appareil d’État: Rémy Leveau: Le Fellah marocain défenseur du trône, Presses de la FNSP, Paris, 2ème édition, 1985 (318 p.). Mohamed Salahdine: Maroc: Tribus, Makhzen et colons. Essai d’histoire économique et sociale, Éditions L’Harmattan, Collection « Bibliothèque du Développement », Paris, 1986 (341 p.). Au Maroc, j’avais eu le grand honneur d’assister à une belle conférence animée par le regretté Rémy Leveau, et ce jour-là, je me suis bien interrogé sur les Grands Notables des Comores.

In fine, «le Grand Notable de la garçonnière» a assuré sa succession, mais celle-ci n’ira pas loin de ce côté-là. Une batterie de voiture a besoin d’un pôle positif et d’un pôle négatif.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 5 avril 2022.


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One Comment

  • Ali Madi

    avril 5, 2022 at 4:44

    Je pensais qu être comorien voudrait, aussi, dire que demeurer dans une ou village des Comores suffisaient de se considérer citoyen de la cité. Le comorien doit se sentir chez lui partout où il se trouve dans l’ensemble du territoire. Le contraire serait se considérer étranger dans son propre pays. Faisons evoluer les choses.

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