Condoléances du CNT comorien au peuple de Guinée
Les peuples de Guinée et des Comores, mêmes malheurs
Par ARM
À Dakar, capitale du Sénégal, des Sénégalais et des Guinéens ont défilé avec leurs frères Comoriens par solidarité, au regard des malheurs qui ensanglantent et endeuillent les Comores depuis le jeudi 26 mai 2016. Il fut un temps les Africains de différents pays pouvaient s’unir pour la cause de l’indépendance, de la lutte contre le racisme en Afrique australe et d’autres causes. Cette solidarité n’est pas morte. En effet, le frère Maître Saïd Larifou, Vice-président du Comité national de Transition (CNT) des Comores, adresse les condoléances du peuple comorien au peuple de Guinée Conakry, victime de la même folie que celle qui terrasse les Comores: la tentation de la présidence à mort de la part d’Alpha Condé, élu en 2010, Docteur d’État en Droit public de l’Université de la Sorbonne, où il deviendra Professeur par la suite.
Au lendemain du 15 novembre 2010, date de son élection, je rencontrais à Paris le journaliste Claudy Siar, qui me disait, alors que la Côte-d’Ivoire était en pleine tempête post-électorale: «Tous nos espoirs reposent maintenant sur Alpha Condé. Si lui aussi nous trahit, nous sommes morts». Maître Saïd Larifou adresse les condoléances du CNT au peuple de Guinée parce qu’Alpha Condé, «lui aussi nous a trahis». Voici son message de condoléances.
«Le Conseil national de Transition aux Comores présente ses condoléances
Le Conseil National de Transition aux Comores s’associe aux forces vives de la Guinée pour présenter ses condoléances aux familles endeuillées par la répression meurtrière employée par le pouvoir en place à Conakry contre l’expression politique portée par la jeunesse et l’opposition guinéennes. Le CNT exprime sa solidarité au peuple guinéen dans son légitime combat pour plus de démocratie et pour une alternance apaisée dans le respect de la Constitution. Ce peuple qui subit les affres de l’autoritarisme ne peut qu’obtenir le soutien des Comoriens qui, aujourd’hui, vivent les mêmes conditions de tortures à Moroni. Conformément à l’esprit et à la volonté exprimés par les forces vives panafricaines réunies à Dakar dans le cadre de la Marche de Dakar en soutien au peuple guinéen et comorien, à laquelle le CNT Comores et l’Union de l’opposition comorienne avaient pris part, le Conseil National de Transition aux Comores réitère sa disponibilité à s’engager dans une démarche panafricaine de lutte contre la dictature dans les pays africains , le troisième mandat et pour un boycott économique et culturel des régimes dirigés par des dictateurs.
Pour rappel, 17 personnes furent assassinées par le régime au motif qu’elles luttaient contre la volonté du président guinéen de briguer un troisième mandat, lequel mandat n’est pas autorisé par la Constitution guinéenne.
Maître Saïd LARIFOU, Vice-président du CNT Comores
Quelques noms des victimes de la répression en Guinée:
1.- Mamadou Lamarana BAH
2.- Thierno Sadou BAH
3.- Mamadou Karifa DIALLO
4.- Ousmane DIALLO
5.- Abdoul Wahid DIALLO
6.- Mamadou Kalirou DIALLO
7.- Amadou Oury Barry
8.- Thierno Aliou DIALLO
9.- Abdoulaye Timbo SOW
10.- Thierno Mamadou Diallo
11.- Boubacar DIALLO
12.- Mohamed Sylla
13.- Abdoul Rahim Diallo».
Alpha Condé, né le 4 mars 1938, est Malinké. Or, la liste de ses victimes n’est constituée que de Peuhls. Diallo Telli (1925-1977), lui aussi, était Peuhl. Il a été le premier ministre des Affaires étrangères de la Guinée, celui qui a fait entrer son pays à l’ONU dans un contexte diplomatique très compliqué, et le premier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Le dictateur Ahmed Sékou Touré, obsédé par ce qu’il appelait «Le complot peuhl», l’a tué de faim au sinistre Camp Boiro le 1er mars 1977. Sur la photo accompagnant cet article, on le voit en lunettes, un dossier à la main, lors de l’admission de la Guinée à l’ONU. Le jeune homme supportant le dossier à ses côtés est le regretté Mahdi Elmandjra (1933-2014), son ami personnel, mon futur Professeur de Relations économiques internationales à l’Université de Rabat, au Maroc.
Non seulement le dictateur des Comores et son frère en dictature de Guinée veulent le pouvoir à mort, mais en plus, après avoir détruit la communauté nationale dans son ensemble, orientent leur haine contre les autres ethnies ou communautés insulaires.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 7 novembre 2019.
