Les femmes comoriennes sont compétentes, instruites et créatives
Pour l’honneur du pays, protéger la dignité des femmes comoriennes
Par Ahmed Ali Amir (AAA)
Source: Vertiges https://whatsapp.com/channel/0029VbCHBG3LikgIcUAqi82r
Article publié en accord avec Ahmed Ali Amir
Être femme aux Comores et exercer une influence ou une responsabilité ne sont pas chose aisée. Les Comoriennes sont compétentes, instruites, créatives. Pourtant, il suffit d’un mot, d’un geste ou d’un soupçon pour qu’une ascension légitime devienne suspecte. Dans ce pays, où la réussite féminine devrait être célébrée comme un signe de vitalité nationale, elle est trop souvent perçue comme une menace. Et le même faux pas qu’on pardonne à un homme devient, pour une femme, une faute impardonnable.
Cette réalité n’est pas anodine. Elle traduit un déséquilibre profond entre les principes que nous proclamons (égalité, justice, mérite) et les pratiques que nous entretenons. Le problème n’est pas que les femmes échouent: c’est qu’on ne leur accorde pas le droit d’échouer sans être détruites. On ne leur pardonne pas l’erreur, alors qu’on en a fait une vertu masculine. Combien de femmes brillantes avons-nous découragées, blessées ou freinées pour laisser la place à des hommes médiocres?
Aux Comores, les femmes ont toujours été des piliers de la société: gardiennes des valeurs, soutiens économiques des foyers, actrices culturelles, médiatrices sociales. Mais, dès qu’elles franchissent le seuil de la sphère publique, politique, institutionnelle, économique, elles se heurtent à un mur invisible, fait de préjugés, de soupçons et d’humiliations.
Leur compétence n’est jamais jugée suffisante. Leur autorité est jugée «trop» ou «mal placée». Si elles réussissent, on leur prête des appuis occultes; si elles échouent, on y voit la preuve de leur incapacité. C’est cette mécanique d’«hystérisation» de la femme publique qu’il faut déconstruire, car elle détruit bien plus que des carrières: elle abîme la confiance collective et ternit l’image du pays.
La dernière affaire, largement médiatisée et politisée à outrance, a manqué l’essentiel: au-delà du procès Bachar, des débats, c’est une femme qu’on a publiquement jetée au pilori, accusée d’infamies pour avoir eu l’audace de briller et d’être femme.
Refuser la dignité des femmes, c’est refuser à la nation la moitié de son intelligence. Aucun projet de développement, aucune émergence, aucune diplomatie ne peut prospérer durablement sur l’exclusion. Les Comores ne seront fortes que si toutes et tous participent pleinement à leur construction.
Je me souviens, lors de la Conférence des Partenaires à Paris, de la fierté ressentie en voyant deux femmes comoriennes (Mme Laïla Saïd Hassane, la directrice de la MECK, et Mme Nadjati Soidiki, la directrice de l’ANPI) rehausser par leur compétence et leur éloquence le prestige de notre pays. C’est cela, la vraie image des Comores: celle d’un peuple qui avance avec ses femmes.
Il ne s’agit pas de réclamer des privilèges, mais de restaurer une justice. Ce pays a besoin de femmes juges, ministres, entrepreneures, diplomates, journalistes. Sans que chacune doive payer de sa réputation ou de sa tranquillité le simple fait d’exister dans l’espace public.
Changer, c’est éduquer à l’égalité dès l’École; protéger les femmes des violences et du dénigrement; garantir leur accès aux postes de décision, par la Loi ou par la volonté politique. C’est aussi encourager les médias, les intellectuels et les leaders religieux à promouvoir le respect plutôt que la suspicion.
Ce combat dépasse la cause des femmes: il touche à la dignité nationale. Une nation qui humilie ses filles ne se relèvera jamais fièrement. L’honneur des Comores ne se mesure pas à la force de ses hommes, mais à la place qu’elle accorde à ses femmes.
La société comorienne doit s’élever à la hauteur de ses valeurs. Redonner toute leur place aux femmes, ce n’est pas renverser l’ordre établi: c’est restaurer l’équilibre du monde.
Par Ahmed Ali Amir (AAA)
Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.
© www.lemohelien.com – Lundi 27 octobre 2025.




