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La fabrique approximative du faux «Sultan des Comores»

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La fabrique approximative du faux «Sultan des Comores»

Créer un «Sultan» pour tenter de créer une inexistante unité

Par ARM

     Une fois de plus, il est nécessaire de convoquer le regretté Pierre Péan, auteur du petit mot suivant: «Au-delà de certaines bornes, le ridicule ne tue plus… il conserve»: Pierre Péan: L’argent noir. Corruption et sous-développement, Fayard, Paris, 1988, p. 203.

Certains Comoriens sont plongés dans une quête effrénée d’un être inexistant: «Le Sultan des Comores». Théodore Monod avait ironisé: «Il ne faut pas confondre l’Histoire avec les histoires». Quand on présente un chef d’État, on prouve quand il avait régné, le territoire où il a régné, et on ne dit jamais qu’il a régné parce qu’il s’est désigné comme tel dans un document à l’utilité juridique douteuse. Ces derniers temps, les «États» de «Liberland» et d’«Enclava» se revendiquent entre la Croatie et la Serbie? La liste des pays et souverains fictifs est longue.

J’ai été témoin oculaire de la fabrication du «Sultan des Comores», par la manipulation et les mensonges éhontés. En effet, toute honte bue, les chantres de l’idéologie historique mensongère dominante des Comores agitent la «Protestation du Sultan des Isles Comores contre l’occupation de l’Isle de Mayotte par la France. En date du 9 Mars 1843». Le papier est signé «Seyd, fils de Seyd Abd Allah, Sultan des Iles Comores». On rit aux éclats.

1.- On rit aux éclats parce que, dans le français ancien, le mot «île» s’écrivait «Isle». En haut du document salvateur car prouvant «l’unité politique plusieurs fois séculaire des Comores», on retrouve «Isle» et «Isles», mais en bas, en face du nom du prétendu «Sultan des Comores», on retrouve «Ile», comme dans le français moderne. C’est confondant!

2.- Comment, par Dieu, alors que le traité entre Mayotte et la France a été signé le 25 avril 1841, il a fallu attendre le 9 mars 1843, soit 2 ans plus tard, pour que «le Sultan des Comores» se réveille et proteste «contre l’occupation de l’Isle de Mayotte par la France». Où a-t-on vu un dirigeant attendre 2 ans pour protester contre «l’occupation de ses terres»? L’idéologie historique mensongère dominante des Comores agite devant les gens un document «historique» sans la moindre valeur juridique et diplomatique, et veut en faire l’acte de naissance et la preuve de l’existence d’une unité politique aux Comores. C’est criminel.

3.- Comparons. Suite à l’adoption du traité de Fez du 30 mars 1912 sur le protectorat français au Maroc, «quand elle [la nouvelle de la signature du traité] fut connue à Fez, ce fut une consternation générale. Le traité de protectorat était considéré comme un acte de vente, et toute la ville depuis les chorfas [Chorfa: Pluriel de Chérif, descendant du Prophète Mohammed] et les Oulamas [Théologiens de l’Islam sunnite] jusqu’au dernier des bakkal [Épicier] réprouvait la transaction par laquelle l’imam, le Commandeur des Croyants, élevé sur le pavois quatre ans auparavant comme Sultan du djihad avait “venduˮ aux Chrétiens une partie du El-Islam. Un climat lourd de menaces pesait sur la ville, mais les signes précurseurs de l’orage n’étaient encore perceptibles, parmi les Européens, que pour les rares initiés à la vie intime de la capitale. Cependant, dans les rues, plus aucune figure souriante; les indigènes répondaient à peine aux paroles qu’on leur adressait, et les amis de la veille feignaient de ne pas vous reconnaître. Mais pas un geste violent ne trahissait encore les sentiments haineux qui agitaient les esprits»: Frédéric Weisberger: Au seuil du Maroc moderne, Éditions La Porte, Rabat, 1947, pp. 272-279, cité par Jean Brignon, Abdelaziz Amine, Brahim Boutaleb, Guy Martinet et Bernard Rosenberg, en collaboration avec Michel Terrasse: Histoire du Maroc, Hatier, Paris, 1967, pp. 334-335. Les Marocains n’avaient pas attendu 2 ans pour exprimer leur mécontentement, mais le jour même de la signature du Traité. Alors, il faut que l’idéologie historique mensongère dominante des Comores arrête ses mensonges haineux, méprisants et criminels.

4.- Dans les Comores précoloniales, chaque roitelet se disait maître de toutes les terres qu’il voulait, y compris sur les îles voisines, et cela, sans le moindre titre de souveraineté sur ces territoires: «Les structures sociales de l’archipel remontent à l’installation définitive des Chiraziens aux Comores, c’est-à-dire au début du XVIème siècle. Il s’agit d’un système clanique, doublé d’une division géographique en sultanats, qui fait que chaque clan, ou plutôt chaque chef de clan, peut revendiquer le leadership de tel ou tel sultanat. On retrouve d’ailleurs aujourd’hui cette opposition géographique et sociale qui oblige chaque homme politique comorien, et plus largement chaque parti politique, à s’enraciner dans un certain terroir»: Jean Charpantier: Le régime d’Ali Soilihi, Moroni, 1975-1978: analyse structurelle, (Deuxième partie), Le Mois en Afrique, n°221-222, juin-juillet 1984, Paris, pp. 12-13.

5.- La revendication usurpatrice de certains Sultans était tellement la règle, avant l’installation de la France sur chaque île, que «l’histoire de la chacune des îles présente bien sûr ses modalités propres, mais il est possible de dégager de ces différents cas les éléments d’un scénario commun: 1.- Un sultan en difficultés demande l’aide d’une puissance étrangère. 2.- Il en vient à concéder (aux pouvoirs réguliers ou à des aventuriers) des terres qui ne lui appartiennent pas. 3.- Les habitants de l’île se soulèvent contre cette évolution. 4.- Les autorités françaises interviennent directement pour rétablir l’ordre, de crainte que d’autres puissances ne s’installent dans l’archipel. 5.- De soulèvements en répression, l’autorité coloniale en vient à assumer l’essentiel des pouvoirs. 6.- […]»: Hervé Chagnoux et Ali Haribou: Comores, PUF, Collection «Que sais-je?», 2ème édition, Paris, 1991, p. 22.

6.- Alors, pourquoi les Mahorais n’ont jamais contesté la présence française sur leur île, et pourquoi cette protestation est-elle venue du «Sultan des Comores», à Anjouan? C’est très grave.

7.- Le Docteur Martial Henry résume la situation de façon à rejeter les mensonges sur une unité politique aux Comores: «Pour saisir la signification et la portée de la demande – fort ancienne – d’intégration de Mayotte à la France, il faut interroger l’Histoire. Française depuis 1841, Mayotte n’a pas été conquise… Pour échapper aux pillages et aux exactions d’un environnement oppressif (“les sultans batailleurs”), Mayotte s’est placée volontairement dans la souveraineté de française, par acte de cession proposé par Andriantsoly, sultan de Mayotte et accepté par Louis-Philippe, roi des Français. Les autres îles de l’archipel comorien (Anjouan, Mohéli et Grande-Comore) ne deviendront françaises que près d’un demi-siècle après, avec un statut de protectorat»: Martial Henry: Mon devoir de mémoire, Les Éditions Eastambul, Mzioisia, Mayotte, 2020, p. 41.

8.- Mayotte rejetait les prétentions dominatrices d’Anjouan, et avait dépêché à l’île Maurice une délégation pour solliciter la colonisation britannique contre Anjouan: «Il [Andriantsouli] avait refusé de prêter allégeance au sultan Salim [d’Anjouan] qui lui avait envoyé des émissaires, mais il redoutait que tôt ou tard, celui-ci, fort de l’appui zanzibarite, ne recherchât à établir son autorité sur Mayotte. Ses craintes n’étaient d’ailleurs que trop fondées. L’ex-roi du Boina remit à Passot une lettre en arabe dans laquelle il se disait prêt à faire abandon de l’île de Mayotte au roi des Français en échange de toute compensation que ce prince voudrait bien lui donner. Il demandait seulement que des armes et des minutions lui fussent remises en acompte pour faire face à tout assaut des Anjouanais. […]. Les craintes d’Andriantsoli étaient sans doute justifiées et sa situation restait des plus précaires. En 1837 déjà il avait écrit au gouverneur de Maurice pour solliciter l’aide anglaise et offrir son île à la couronne. Mais l’année suivante le commandant Craigie lui avait répondu que les autorités britanniques n’entendaient pas se mêler des affaires locales. En novembre 1840, il eut à faire face à un nouvel assaut des Anjouanais qui se portèrent à la rescousse d’Andriannavi. Bloqués au fond de la baie de Boëni, les partisans de ce chef étaient d’ailleurs sur le point de succomber à la famine. Les assaillants s’emparèrent de deux des quatre boutres qui barraient l’accès à la baie mais sur terre, le chef Fiunzana, à la tête de ses contingents sakalava, parvint à repousser les hommes de Salim»: Jean Martin: Comores: quatre îles entre pirates et planteurs. Tome 1. Razzias malgaches et rivalités internationales (fin XVIIIème-1875), L’Harmattan, Paris, 1983, pp. 154-155. C’est ça, «l’unité politique»?

9.- À la page 19 du livre écrit par Hervé Chagnoux et Ali Haribou, on retrouve un tableau présentant les 12 Sultanats de la Grande-Comore. Quel était alors le rôle du «Sultan des Comores» dans ces 12 Sultanats, en plus des 2 qu’on retrouvait sur chacune des 3 autres îles?

12 Sultanats sur une seule île dans un “Etat” de 4 îles? Impossible!

10.- Pourquoi ne retrouve-t-on nulle part la signature du «Sultan des Comores» sur les traités que chaque île de l’archipel des Comores a signé avec la France?

11.- Pourquoi ce n’est pas «le Sultan des Comores», «Sultan unique des Comores», qui a signé un seul traité pour les quatre îles avec la France, mais le Sultan de chaque île?

12.- Pourquoi le mot «Comores» n’est sur aucun des 4 traités de chaque île avec la France?

13.- Pourquoi a-t-il fallu que Mayotte signe son accord avec la France en 1841, mais que la Grande-Comore, Anjouan et Mohéli le fassent 45 ans plus tard, en 1886?

14.- Pourquoi les Mohéliens ont accepté d’introniser Ramanetaka, futur Abderemane, un Malgache, en lui demandant de chasser de l’île les Anjouanais, alors qu’au XIXème siècle, les Malgaches étaient des pirates razziant les Comores? Qu’on l’explique aux masses populaires.

Une fois de plus, je rejette les mensonges haineux et méprisants de l’idéologie historique mensongère et haineuse dominante des Comores. Elle ne sortira pas victorieuse du débat lancé actuellement sur l’unité politique des Comores parce que cette unité n’a jamais existé avant l’installation aux Comores de la France, île par île. Et quand elle a été créée, elle était un facteur d’écrasement vexant de Mayotte et Mohéli par la Grande-Comore et Anjouan.

Comme personne ne peut dater le règne du «Sultan des Comores» sur les 4 îles, un papier douteux ne fera jamais d’un usurpateur, souverain d’une seule île, celui des 4 îles. L’idéologie historique mensongère et haineuse dominante des Comores doit tirer la conséquence de ses échecs. Elle n’est arrivée qu’à une chose: ne pas pouvoir se convaincre elle-même de ses propres mensonges.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 26 avril 2023.


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