Youssouf Boina a rencontré l’Histoire et a pris date
Son nouveau livre, un acte de courage et de patriotisme
Par ARM
«Bon sang ne saurait mentir», et on reconnaît le fruit à son arbre, et l’arbre à son fruit. Youssouf Boina, digne descendant de la glorieuse monarchie du Oichili, de très loin le meilleur locuteur de la langue de Grande-Comore (il ne descend pas de Mbayé Trambwé pour rien), un des meilleurs fils des Comores, à lui seul une encyclopédie de civisme, vient de frapper de nouveau très fort. Après son livre remarquable Gouverner un État vulnérable. Le cas des Comores (L’Harmattan, Paris, 2018, 354 pages, 36,50 euros), il vient de réussir une nouvelle sortie en littérature politique: Comores: Quelle transition entre la voyoucratie et la République? Lettre ouverte au colonel-président des Comores, L’Harmattan, Paris, août 2020, 234 pages, 23,50 euros).
Youssouf Boina a un don très rare: celui de dire les choses de la manière la plus facile et la plus accessible. Il écrit et parle à tous les publics. Les titres de ses ouvrages sont toujours lumineux et se passent de toute interprétation. Quand il voit un chat, il dit: «Ceci est un chat». C’est tout. Il ne coupe jamais les cheveux en quatre. C’est pour cela que les esthéticiens et les amateurs de belles choses l’apprécient.
En quatrième couverture de son nouvel ouvrage, on lit: «Jamais, par le passé, les Comoriens n’ont connu une expérience aussi abracadabrantesque que celle qu’ils sont en train de vivre en ce moment, à leur corps défendant. C’est l’histoire d’un Président élu par la voie des urnes mais qui, aussitôt investi dans ses fonctions, se transforme en tyran et se livre à un démantèlement systématique de l’État de droit et de l’ordre démocratique. Dans cet ouvrage, l’auteur lève le voile sur le naufrage auquel ce gouvernement a conduit les Comores et propose un plan de sauvetage pour les sortir de l’eau».
La seule fausse note de l’auteur qui, en plus, a vécu personnellement et en direct la honteuse bouffonnerie électorale de 2016, est celle de soutenir l’idée absolument fausse et trompeuse «d’un Président élu par la voie des urnes», alors que le dictateur Assoumani Azali Boinaheri, que ce soit en 2002, 2016 ou 2019, n’a jamais été élu. Il n’a eu que trois électeurs: la violence, la fraude électorale et son fugitif international Hamada Madi Boléro, l’exécuteur de ses basses œuvres électorales. J’ai déjà reproché à Ahmed Wadaane Mahamoud et à d’autres la complaisance démagogique consistant à reconnaître au fraudeur Assoumani Azali Boinaheri une légitimité électorale et démocratique, alors qu’il n’a jamais été élu, mais imposé par la violence et la fraude électorale. Tout le monde sait ce qui s’est passé en 2002, 2016 et 2019, et certains sont incapables de dénoncer la fraude électorale de ces années-là.
Au-delà de cette remarque, en août 2020, Youssouf Boina fait preuve d’un courage et d’un patriotisme exceptionnels: il ne prend pas des gants pour gronder le voyou Assoumani Azali Boina. Va-t-il être jeté en prison? L’avenir nous le dira. En tout cas, son courage tranche singulièrement avec la lâcheté de son voisin et ennemi envieux et jaloux de Koimbani-Oichili, le berger Djaé Ahamada Chanfi, «Conseiller diplomatique» (qui ne connaît rien en diplomatie) du dictateur à qui est adressé la lettre ouverte par Youssouf Boina.
Youssouf Boina, emporté par une belle plume, a, une fois de plus pris date, après avoir réussi son rendez-vous avec l’Histoire. Si seulement il n’avait pas commis la grave faute de dire du fraudeur Assoumani Azali Boinaheri qu’il est «un Président élu par la voie des urnes», il aurait fait un sans-faute.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 10 septembre 2020.
