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Il y a un an, le discours de Djaffar Ahmed Saïd Hassani

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Il y a un an, le discours de Djaffar Ahmed Saïd Hassani

Son discours du 16 juin 2018 l’a fait entrer dans l’Histoire

Par ARM

     Le samedi 16 juin 2018, Djaffar Ahmed Saïd Hassani, alors Vice-président de la République, prononçait ce discours qui allait provoquer sa rupture avec le mort-vivant et «pouvoiriste» polygame fou Assoumani Azali Boinaheri dit Bakapihi, «Le Père qui ne prépare jamais à manger». Voici ce discours qui l’a fait entrer dans l’Histoire.

«Le fait n’est pas habituel, mais je me présente ici, aujourd’hui, pour prendre la parole. Mais, comme cela a été dit, quand le Gouverneur de l’île de la Grande-Comore m’a invité à venir ici, aujourd’hui, j’ai jugé nécessaire d’en répondre favorablement pour exposer mes opinions, celles des Comoriens qui nous ont chargés de diriger ce pays depuis deux ans. Avant tout, j’ai l’heureuse opportunité de vous souhaiter bonne fête de la fin du Ramadan. Je vous présente donc des vœux qui vont nous apporter des bienfaits, s’il plaît à Dieu. C’est la première chose.

     Par la suite, je dois remercier le frère Hassani Hamadi, qui a accepté de m’accorder une telle opportunité, parce qu’il y a des gens qui me voient ici présent. On dit que les descendants de Mbaé sont des gens calmes, pondérés. Mais, s’il n’avait pas accompli son œuvre, pour que nous arrivions ici aujourd’hui, cela aurait signifié que nous ne sommes pas des Musulmans. Nous avons la chance d’avoir cet homme qui nous a apporté cette religion, et donc, je ne vois pas pourquoi nous devons avoir de la peur et de la crainte.

     Je suis donc sans peur, ni crainte. Je ne sens ni peur, ni crainte parce que, à mon arrivée ici, quand je lève le regard et vois toutes les personnes qui sont ici présentes, je sais que ce sont des Musulmans, je sais que ce sont mes honorables aînés, je sais que ce sont des patriotes, je sais que je suis en sécurité. Je sais que suis en sécurité. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver, mais il y a l’appareil d’État qui pourrait m’importuner, mais seul Dieu peut faire ce qui pourra m’atteindre. Mais, l’appareil d’État, dès le moment où je parle, ne pourra rien faire. Ce qui m’arrivera est ce qui viendra de Dieu. Quand je venais ici, j’ai dit à ma mère que venais ici, elle m’a répondu “vas-yˮ, j’ai dit à mes frères et sœurs que je venais ici, ils m’ont répondu “vas-yˮ, j’ai dit aux amis que je venais ici, ils m’ont répondu “vas-yˮ, tous ceux qui sont ici m’ont dit “vas-yˮ. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver ici en dehors de ce que Dieu a décidé. Cher Mbaé, ne sois pas inquiet.

     Honorables personnalités, je voudrais vous rappeler que le 26 mai 2016, vous nous avez élus. Vous nous avez élus, vous nous avez investis. Vous nous avez choisis en disant, “je choisis cette personne parce qu’elle pourra faire quelque chose de positifˮ. Vous nous avez élus, et cela, non pas parce que vous avez vu la photo d’une seule personne; vous avez voté parce que vous avez vu la photo de quatre personnes. Chacun disait: “Je choisis celui-ciˮ. La Constitution des Comores nous oblige à prêter serment collectivement. Un seul élu aurait pu prêter serment et nous représenter tous. Nous avons été alignés, et tous les quatre avons prêté serment. J’ai même demandé à ce que le serment des politiciens soit prêté au nom du peuple comorien, parce que le contenu du Coran est lourd de conséquences.

     Chaque personne d’Itsandra me dit: “Tu ne m’as rendu aucun serviceˮ. Il y a des membres de ma famille, même des frères et des sœurs de même père et de mère, à qui je n’ai rendu aucun service, et qui ne m’adressent plus la parole. Peut-être doit-on commencer par rendre service aux siens, mais il y a le serment prêté sur le Coran. Est-ce qu’on peut présenter ses doléances pendant cinq ans? Mais, quand on agit en respectant Dieu et le serment prêté, là Dieu comprend qu’on ne fait du mal à personne. Vous êtes tous des Comoriens, et nous devons faire ce qu’il faut pour que votre vie soit meilleure. Vous savez que depuis 25 ans, je suis de retour dans ce pays, je travaille dans ce pays. Je ne travaille que dans le domaine du Droit. Dieu soit loué, il n’y a eu personne qui est venu me dire “ce que tu fais n’est pas normalˮ. Je respecte le Droit et me dis que je dois respecter le serment que j’ai prêté et qui m’oblige à faire ce que j’ai juré devant Dieu de faire.

     Depuis deux ans, je suis entré en politique. Personne n’est plus chanceux que moi car, dès mon entrée en politique, j’ai été élu. Des gens sont longtemps en politique et cherchent depuis longtemps et vainement à se faire élire, mais moi, dès mon entrée en politique, j’ai été élu. Je loue Dieu pour ça. Mais, j’avais peur en me disant que celui qui m’avait donné pourrait tout reprendre et le donner à autrui. Donc, aujourd’hui, que personne ne soit étonné en apprenant que je suis contre ce qu’on veut faire.

     Je vais exposer ce que je dois dire ici. J’aurais pu rester chez moi et parler. Mais, comme je sais que toute la Grande-Comore est ici présente, je me dis que l’occasion est très belle. Je veux dire que nous avons un pays. Dieu soit loué, ce pays était en paix parce que le vaincu acceptait sa défaite sans remettre en cause la Constitution. Nous avons prêté serment en disant que nous allions rester au pouvoir 5 ans en vertu de la Constitution élaborée en 2009. Réviser une Constitution n’est pas difficile. On peut réviser la Constitution. Mais, réviser la Constitution est difficile parce qu’elle a été approuvée par tous les Comoriens.

     Nous étions en conflit, et c’est cette Constitution qui nous a réconciliés. Vous connaissez le conflit que nous avions ici. […]. Nous avons commencé à travailler et avons constaté les problèmes qu’il y avait dans ce pays. Aujourd’hui, tous les Comoriens disent “nous nous aimons grâce à cette Constitutionˮ. Grâce à cette Constitution, notre pays a une meilleure réputation dans le monde. Nous avons commencé à travailler même si Azali dit qu’on ne lui a pas tout donné. Nous avons commencé à travailler. Nous avons dit qu’il valait mieux construire notre pays. Tout le monde est d’accord avec cette Constitution. Vous avez vu: même l’OUA, qui était présente ici, y a fermé son bureau, après avoir constaté que ce qu’elle voulait faire en matière de paix et de stabilité est accompli, en disant qu’elle n’avait pas à s’éterniser dans un pays ayant retrouvé la paix et la stabilité.

     Alors, il faudra qu’on nous dise si depuis que le projet de révision constitutionnelle est lancé, il y a la paix et la stabilité? Depuis le lancement de ce projet, les réseaux sociaux – il y a des moments, ils mentent – nous apprennent qu’avant, il n’y avait pas des manifestations, et personne ne s’était levé. Le Commandant de la Gendarmerie dit qu’il a déployé 250 de ses hommes. C’est lui qui l’a dit, et cela, dans le but de persécuter les manifestants sortant des mosquées du vendredi et se rendant à l’esplanade des ministères.

     Alors, je vous dis et je ne vais proférer aucun mensonge. Le projet de Constitution qui sera soumis au peuple est anticonstitutionnel. Notre Constitution a créé une Cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle, comme vous le savez, est chargée de veiller au fonctionnement régulier de l’État et à la régularité des élections. Il n’y a pas beaucoup de choses en dehors de cela: le fonctionnement régulier de l’État, et la régularité des élections. Si on supprime la Cour constitutionnelle, comment va fonctionner l’État? Comment va fonctionner l’État si on élabore la loi des finances et des lois qui doivent passer par la Cour constitutionnelle, comment va fonctionner l’État?

     Donc, nous devons restaurer la Cour constitutionnelle. Si nous devons organiser des élections, en amont et en aval, nous devons retrouver la Cour constitutionnelle. Mais, voilà, on nous dit que la Cour constitutionnelle n’existe plus.

     On m’a appelé et on m’a dit que la Cour constitutionnelle allait être supprimée. J’ai rétorqué en disant: “Ce n’est pas normalˮ. Je le dis ici. “Ce n’est pas normalˮ. Depuis que le projet d’assises a été lancé, il m’a dit, “nous allons supprimer telle institution et telle autre institutionˮ, et j’ai rétorqué: “Ce n’est pas normalˮ. Et quand nous sommes allés aux séances plénières des assises, j’ai dit: “Ce n’est pas normalˮ.

Les Grands-Comoriens disaient: “Celui-là ne dit rienˮ. Mais, aujourd’hui, je suis venu parler devant tout le monde. Je suis venu ici poser une question: comment sera organisé le référendum envisagé, quand ce qui doit commencer par la Cour constitutionnelle n’existe plus? Les prérogatives de la Cour constitutionnelle ont été transférées à la Cour suprême. Or, la Cour suprême n’a pas été instituée pour ça. En plus de la Constitution, il y a une loi organique portant organisation et compétences de la Cour constitutionnelle: “Comment sont organisées leurs séances? Quand se voient les membres de la Cour? Combien doivent-ils être? Qui doit-être présent? Quand doivent commencer les travaux? Comment doivent être clos les travaux? Après la prise des décisions, comment procéder?ˮ.

Les trois personnes nommées, qui sont mes amis, comment vont-elles faire ces travaux? Comment vont-elles agir? […]. On peut mettre à mal la Constitution. […]. On ne pervertit pas la Constitution d’un pays. S’il y a quelqu’un parmi ceux qui ne sont pas ici présents qui veut contester ce que je dis – parce que je sais que ceux qui sont ici diront que j’ai dit ce que je devais dire – qu’il vienne dire que la Constitution n’est pas violée. Au vu de ce qui est envisagé, la Constitution est violée. Si la Constitution est violée, comment allons-nous travailler? Comment allons-nous organiser des élections? Il ne suffit pas de dire que la Constitution n’est pas violée. La Constitution est violée.

     La Cour suprême n’a aucun droit pour accomplir les missions de la Cour constitutionnelle. Ses missions sont définies par la Constitution pour chaque jour, pour les hommes. C’est tout. Ce qui est envisagé n’a jamais été fait dans un autre pays. Je ne sais donc pas pourquoi on veut le faire ici. Personne n’a déjà fait de telles choses, et même mon Président n’a jamais fait ça auparavant. Je ne sais même pas qui lui a dit d’agir ainsi. Il n’a jamais accompli de tels actes par le passé, et je ne sais pas qui lui a dit d’agir ainsi.

     Honorables personnalités, je souhaite vous dire que ce qui se passe est anticonstitutionnel. Aujourd’hui, 16 juin, je vous prie de nous unir, et pas seulement les personnes ici présentes, mais aussi, les Anjouanais, les Mohéliens, les Grands-Comoriens et les Mahorais, et disons-nous que nous ne devons pas entrer dans l’inconstitutionnalité, mais faire en sorte que la Constitution soit appliquée de manière appropriée. C’est ce que je dis ici. Moi, je suggère que le peuple s’unisse et applique la Constitution. Ce qui se passe actuellement ne respecte pas la Constitution.

     Nous nous targuions d’être dans un État de Droit, dans le respect de la tradition, les gens pouvant s’occuper de leurs affaires sans problèmes. […]. Il n’est pas normal d’empêcher les gens de voyager. Cela doit s’arrêter. Ne répétons plus ces erreurs. Ne le répétons plus, et je le dis pour que les gens puissent m’entendre. C’est notre pays. Nous nous rencontrons. Je suis venu et j’ai vu toute la Grande-Comore ici. Je suis agréablement surpris, et je me dis que tout le monde est présent. Il est illégal de persécuter les gens. Il est illégal d’emprisonner les gens qui font des manifestations. Il n’est pas normal de violer le Droit que nous avons appris. Les sophistes disent: “Il fut un temps, on nous impressionnait, on nous demandait de faire ceci ou celaˮ, mais quels que soient nos actes, ils doivent être conformes à la Constitution, même si d’autres personnes diront que cela n’est pas conforme à la Constitution. Les choses sont ainsi faites. Nous devons respecter la Constitution.

     Je le dis ici: il y a des gens qui disent: l’ancien Président Ikililou Dhoinine – et on ne parle même pas de Sambi – est empêché de voyager, et cela sur la base d’un papier qui ne respecte aucune loi. Cela est illégal. […]. Je prie Dieu pour que nous retournions dans une ère de paix et de stabilité. Ce 16 juin, nous qui sommes au pouvoir et ceux qui sont dans la société civile devons-nous nous unir, parce que les membres de la société civile disent que ce qui se fait actuellement viole le Droit. Nous devons nous unir aussi avec les opposants en nous disant que nous devons faire marche arrière, car on peut faire marche arrière pour faire les choses normalement, pour aller vers des bases réelles. […].

Faisons marche arrière. Asseyons-nous, restaurons la Cour constitutionnelle, respectons la Constitution, et après, nous pourrions faire ce qui doit être fait.

     Maintenant, je dis deux choses qui me concernent. La première chose, c’est que, en 1987, celui qui était au pouvoir s’appelait Ahmed Abdallah Abderemane. Vous savez que, parmi les choses de cette époque, il y avait une Armée de Blancs. […]. Tous mes honorables aînés de cette époque – et Mohamed Ali Soilihi peut le dire ici – avaient dit à Ahmed Abdallah qu’il agissait mal. Ce sont des gens comme Saïd Hassan Saïd Hachim, qui, en 1985, lui avaient dit qu’il faisait fausse route. Moustoifa faisait partie des premiers à le lui avoir dit. Mouzaoir a été parmi les premiers à le lui avoir dit. Mais, il y a même ceux qu’il prenait pour ses propres enfants spirituels et qui le lui ont dit. C’est pour cela que je dis cela. Il ne pensait pas que ces gens-là allaient lui dire qu’il faisait fausse route, or, ces gens lui ont dit qu’il faisait fausse route.

     Mohamed Ali Soilihi était là et sait. Celui qui a organisé la fraude électorale, c’est notre respectable aîné Ali Bazi. Mais, tous les autres, dont Saïd Hassan Saïd Hachim – il est ici présent; tu t’en souviens, cher père, n’est-ce pas? – n’avaient pas peur. Alors, pourquoi aujourd’hui devons-nous avoir peur? Nous devons dire: “Ce n’est pas normalˮ. C’est tout. Il n’y a rien d’autre à ajouter.

     Deuxième chose. J’avais 9 ans à cette époque. C’était en 1975. Feu Ahmed Saïd Hassan, mon père, était parmi les Députés qui allaient proclamer l’indépendance des Comores. Il était parmi ceux qui ont proclamé l’indépendance des Comores. Nous étions nés à cette époque. Nous étions au nombre de 8. Mon frère Bahassane, ici présent, n’était pas encore né. Mon père a appelé mon oncle Saïd Abdou Nour. Il a appelé mon oncle Abdou Hamadi, qui est toujours vivant. […]. Il leur a dit: “Nous y allons, mais nous ne savons pas si nous allons retourner vivants dans nos maisons. Nous allons proclamer l’indépendance des Comores, et nous ne savons pas si nous allons revenir vivants dans nos maisonsˮ. J’étais présent et j’écoutais. Il ajouta: “Je te confie ces 8 enfants, parce que je ne sais pas si je vais revenir vivant chez moiˮ.

     Il est parti, et nous savons ce qui s’est passé après. Il a dit qu’il était pour l’indépendance des Comores. C’était mon père. Cette indépendance m’a conduit jusqu’ici aujourd’hui, je suis Vice-président, et je suis fier de mon père, là où il est. Alors pourquoi avoir peur aujourd’hui alors que je sais que l’indépendance est acquise. Je sais que l’indépendance a suivi sa route jusqu’à la Chambre des Députés.

     Nous sommes dans cette indépendance, nous devons valoriser cette indépendance et nous ne devons pas lâcher cette indépendance, pour que notre pays ne soit pas opprimé. Valorisons l’héritage de nos aînés, parmi lesquels Mohamed Taki Abdoulkarim, Ahmed Abdallah Abderemane. Moustoifa Saïd Cheikh est ici avec nous, et il est porteur d’idées. Il n’a pas eu peur d’Ahmed Abdallah. Cela étant, aujourd’hui, nous devons dire que la Constitution doit être respectée, et ceux qui nous écoutent doivent comprendre que nous sommes des patriotes courageux, nous n’accepterons pas d’être empêchés de parler». Hymne national dans une grande ferveur patriotique.

Aujourd’hui, les Comoriens sont tristes quand ils apprennent que celui qui a ainsi dénoncé le dictateur fou de Mitsoudjé veut se réconcilier avec lui.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 16 juin 2019.


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