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Le vrai bilan de la présidence tournante aux Comores

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Le vrai bilan de la présidence tournante aux Comores depuis 2002

Par Nassuf Ahmed Abdou

   Le vrai bilan de la présidence tournante aux Comores n’est ni un échec, ni une réussite. L’unité et la paix sont importantes pour le développement d’un pays. Secoué par une crise séparatiste en 2001, l’Union des Comores a opté pour une Constitution qui place en son centre le système d’une présidence tournante entre les îles afin de garantir la paix et la stabilité entre les îles des parfums. Un grand merci doit être adressé à notre ex-Président, le Colonel Azali Assoumani, qui a eu l’idée de faire un coup d’État non seulement pour sauver le pays qui était au bout du gouffre, mais aussi pour sauver l’unité du pays. Aujourd’hui, la paix et la stabilité que le pays a connues depuis 2001 est le fruit de la présidence tournante prônée par le Président Azali Assoumani. En 2008, l’ex-Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a instauré l’autorité de l’État sur l’île d’Anjouan, qui était aux mains du rebelle notoire le Colonel Mohamed Bacar. Nous remercions aussi l’ex-Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi pour les efforts qu’il a fournis, par lui et son gouvernement, en 2008 non seulement pour libérer l’île d’Anjouan, mais également pour renforcer l’unité nationale des Comores.

Mais, que peut-t-on dire de la présidence tournante à part la paix et stabilité retrouvées?

   Du côté socio-économique et politique le bilan est catastrophique. Les problèmes des Comoriens sont resté les mêmes: chômage galopant, infrastructures embryonnaires, vie quotidienne désastreuse; d’où un pays encore malade, très malade qu’avant la mise en place de la présidence tournante. L’administration est saccagé et régionalisée: «Yinou ndé yatrou», «C’est le nôtre», «C’est notre règne». Le détournement des fonds publics est devenu le sport national, et à chaque île qui échoit la présidence tournante, le Président reste toujours aveugle face aux détournements des deniers publics et aux nominations de complaisance par copinage. Au cours de cette période, on a tous vu. Un instituteur devenu Ambassadeur, un jardinier devenu Directeur d’une société d’État, c’est toujours le même slogan: «Yinou ndé Yatrouuuuuuu». Face à tous ces problèmes, les Comores sont aujourd’hui à l’agonie, et l’avenir s’annonce incertain.

Que faire, alors?

   Il nous faut un bilan avant le 26 mai 2016. Ceux qui ont déjà troussé les manches pour mener des campagnes présidentielles et des Gouverneurs avant l’heure doivent se ressaisir car si les possibilités de donner le tour aux Mahorais ne sont pas réunies, on ne doit pour ni avancer, ni reculer: le bilan est important. Le Président Ikililou Dhoinine doit mettre en place un gouvernement de transition dès le 26 mai 2016, un gouvernement qui aura pour missions:

  • L’organisation d’une table ronde entre les ex-Présidents (Azali Assoumani, Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine) pour que chacun apporte son point de vue sur la présidence tournante aux Comores.
  • L’organisation d’une conférence nationale qui regroupera tous les forces vives de la nation (partis politiques, société civile, les jeunes, etc.) pour faire une évaluation de la présidence tournante, de la présidence d’Azali Assoumani à nos jours. Cette conférence doit se dérouler sous l’égide du Président de l’Assemblée de l’Union des Comores.
  • La mise en place d’une Instance Justice, Vérité et Réconciliation entre les hommes et femmes politiques face à la société comorienne.
  • La réconciliation entre les hommes et femmes politiques et les citoyens comoriens.
  • La réflexion sur une Constitution qui nous garantira de prime abord la paix et la stabilité. Ensuite une Constitution qui permettra un décollage socio-économique rapide de notre pays. Enfin, cette Constitution doit avoir une garantie de ne pas être changée tout le temps par et pour ceux qui seront à la tête du pays.

   Si les Comoriens veulent le changement, ils doivent se préparer à lutter contre l’organisation des élections présidentielles et des Gouverneurs avant d’évaluer les atouts et les contraintes de la présidence tournante. Si nous acceptons de tomber dans le piège des prétendus hommes et femmes politiques, nous risquons de vivre dans la pauvreté à vie. Après le 26 mai 2016, nous devons bâtir une nation nouvelle. Nous devons y avoir un pays juste, qui garantira une justice impartiale, une éducation saine, une santé efficace qui mettra fin aux déplacements massifs vers l’étranger pour des soins, et un taux de chômage qui sera réduit et à la baisse et enfin une autonomie financière et économique. Pour atteindre à ces objectifs probants, chacun doit contribuer par sa part de connaissance et de savoir-faire. N’attendons pas la charité venue de l’extérieur. Nous avons tous les moyens pour amorcer un vrai décollage pour les Comores unies et soudées.

Nassuf Ahmed Abdou

Étudiant comorien en Formation doctorale dans le Département de Géographie

Université d’Antananarivo, Madagascar

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© www.lemohelien.com – Dimanche 6 septembre 2015.


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