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Mayotte a réussi là où ont échoué la RCI et le Gabon

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Mayotte a réussi là où ont échoué la RCI et le Gabon

Mayotte a été plus habile et plus stratège que ces 2 pays

Par ARM

       La résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 ou Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux est la Charte de la Décolonisation, un texte fondamental en Droit international public. Seulement, elle pèche par manque de réalisme sur l’un des aspects vitaux de la décolonisation. Elle sacralise la décolonisation – c’est de bonne guerre –, mais élude la préparation de celle-ci sur des terres sans tradition et pratique d’État: «Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l’enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l’indépendance» (Article 3). Comme disait l’autre, «puisque vous voulez l’indépendance, prenez-la. Et crevez…».

Or, trois territoires français avaient refusé l’indépendance.

1.- En Côte-d’Ivoire, «Houphouët ne voulait pas de cette indépendance. Il reprocha amèrement à de Gaulle de l’avoir imposée, d’avoir abandonné le projet de Communauté francophone sous hégémonie française officielle. Mais, avait compris le Général, un tel Empire new-look serait intenable, du moins en gestion directe. Houphouët ne s’y est jamais fait: “J’ai attendu en vain sur le parvis de l’église, avec mon bouquet de fleurs fanées à la main”. Faute de mariage, va pour le concubinage! Les accords de coopération signés dès 1961 reprenaient de fait l’essentiel des dispositions financières et militaires prévues par la Communauté»: François-Xavier Verschave: La Françafrique. Le plus long scandale de la République, Stock, Paris, 1999, p. 130.

2.- Le Président Léon M’Ba du Gabon, non plus, ne voulait d’indépendance pour son pays: «Persuadé d’être le dépositaire du dossier “colonisation réussieˮ, il est fort étonné et chagriné quand son ministre, Cornut-Gentile, rejette l’idée de faire du Gabon un département français. “L’indépendance comme tout le mondeˮ, dit Paris. Quand il apprit la nouvelle, Léon M’Ba entre dans une colère noire. Il voit dans ce refus un rejet du Gabon par la France. […]. Trop tard: le Gabon ne sera jamais plus un département comme la Corrèze ou la Sarthe… Le refus de Cornut-Gentile n’entame pourtant pas en profondeur la francophilie de Léon M’Ba, qui sait par cœur les départements français et souhaite garder aux Gabonais leurs “ancêtres gauloisˮ»: Pierre Péan: Affaires africaines, Fayard, Paris, 1983, pp. 41-42.

3.- Et il y a Mayotte. Jacques Foccart, confident du Président Charles de Gaulle, disait en 1994: «Le Général n’attachait pas beaucoup d’importance aux Comores. “S’ils veulent partir, qu’ils partent”, résumait-il. Mais il était sensible aux doléances des habitants de Mayotte. Sans envisager de donner suite aux pétitions pour la transformation de l’île en département français rattaché à la Réunion, il commentait: “Nous ne pouvons pas livrer ces malheureux à Saïd Mohamed Cheikh s’ils ne sont pas d’accord”. Lors de la visite à Paris d’une délégation de Mayotte, il m’a donné pour consigne de ne pas encourager nos visiteurs à se séparer des Comores, mais de leur dire qu’en cas de référendum ils seraient consultés séparément. Michel Debré et Pierre Messmer allaient plus loin que le Général sur ce terrain. Ils voulaient isoler Mayotte pour en faire une entité française et poussaient à cette consultation séparée»: Philippe Gaillard et Jacques Foccart: Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, Tome I, Fayard et Éditions Jeune Afrique, Paris, 1995, pp. 256-257.

Une question se pose alors: sur le plan économique, la future République de Côte-d’Ivoire (RCI) et le Gabon «pèsent plus lourd» que Mayotte. Or, la départementalisation de ces 2 pays a été rejetée par la France, alors que, par la suite, Mayotte allait être transformée en un département français. La démarche de Mayotte était plus subtile et intelligente parce que, d’une part, elle s’appuyait un consensus populaire et, d’autre part, Mayotte est une île où la France n’est jamais vue comme une puissance coloniale, mais comme protection contre un environnement régional violent et hostile. Le traité franco-mahorais du 25 avril 1841 mettait Mayotte à l’abri de la violence haineuse d’Anjouan, et, quand, aux Comores dans les années 1970, on fustigeait la France, les Mahorais disaient vouloir rester Français pour être libres. Autrement dit, la Grande-Comore et Anjouan étaient le vecteur de l’oppression de Mayotte, et seule la France pouvait aider Mayotte contre la haine destructrice de ces 2 îles.

Léon M’Ba et Félix Houphouët-Boigny n’avaient pas mobilisé leurs peuples respectifs en faveur de la départementalisation contre l’indépendance, mais agissaient sans un soutien de ces peuples. Or, à Mayotte, la départementalisation n’était pas demandée par un seul homme, mais par une classe politique prématurément mûre, avec un fort soutien populaire.

Les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains», ces Grands-Comoriens et Anjouanais qui connaissent tout, savent tout et manipulent des termes techniques dont ils ne comprendront jamais le sens, confondent «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes» et indépendance. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un choix entre le maintien du statu quo et l’accession à l’indépendance. Le regretté Mario Bettati, l’universitaire qu’on ne présente plus, est l’auteur de ce savoureux jeu de mots qui résume tout: «Nous manifestions […] au nom du “droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, et puis nous avons découvert qu’il s’agissait du “droit des mêmes à disposer de leurs peuples”».

Pour le malheur des «bons et vrais Comoriens» et des «Comoricains», à Mayotte, il n’y a ni Armée d’occupation et d’oppression, ni mouvement de libération nationale (MLN), ni de Mahorais brûlant des drapeaux français. On ne décolonise pas un peuple qui n’est pas colonisé, mais qui a fait un choix libre et conscient.

Les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains», dont ceux du prétendu et haineux Comité Mahorais, vont s’égosiller pendant des siècles à coups de «Mayotte est comorienne et le restera à jamais», mais n’obtiendront même pas l’écho de leur propre voix. C’est un machin entre Grands-Comoriens arrogants, narcissiques, imprudents, suffisants, haineux et vivant en dehors de la réalité, parlant un français de caniveau. Ils divisent, remuent leurs poubelles, vivent dans les illusions et la méchanceté. Ils ne gagnent pas à être connus. Ils ne veulent pas que les Mahorais soient Français alors qu’ils le sont tous, mais se cachent pour aller renouveler leurs papiers français à l’Ambassade de France à Moroni.

William Tubman (1895-1971), ancien Président du Liberia (1944-1971), avait été l’auteur de ce mot savoureux: «Nous, qui n’avons pas eu la chance d’être colonisés…».

Dès lors, qui peut nous expliquer pourquoi les «intelligents» Comoriens, «indépendants» meurent en haute mer pour rejoindre l’île des Mahorais, ces Mahorais qu’ils appelaient jadis «les mangeurs des hérissons»? Alors qu’on nous dit que «Mayotte est comorienne et le restera à jamais», pourquoi on ne retrouve pas le nom «Comores» ou celui d’une autre île sur les accords signés par les différentes îles avec la France? Dans la mesure où les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains» pérorent en disant mensongèrement qu’avant l’arrivée de la France dans l’archipel, il y avait une unité politique pour 4 îles, cela suppose qu’il y a eu des Présidents, des Rois, des Empereurs, des Sultans, des Pharaons, des Khalifes et des Émirs des Comores «comprenant 4 îles». Est-ce que quelqu’un peut citer le nom de l’un de ces dirigeants?

Marandrazi, lecteur des articles de ce site, doit nous expliquer tout cela.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 18 janvier 2021.


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One Comment

  • Mountaquim

    janvier 18, 2021 at 10:57

    Décidément, vous êtes obsédé par la France et Mayotte en particulier.
    Vous savez cher monsieur, nous vous comptons parmi les intellectuels comoriens et donc c’est naturellement votre devoir que de mettre en avant notre pays, le défendre, et chercher les voies et moyens pour sa prospérité.
    Je pense que vos lecteurs comoriens sont plus intéressés par votre regard critique pour les Comores (dans le sens positif du terme) plutôt que de nous vanter Mayotte et la France.
    Nous avons été colonisé, nous sommes neoclonisés, acculturés, alinés, enfin, réveillons nous, j’ai envie dire.
    Un article, deux, trois, d’accord. Par contre plusieurs dans un peu moins d’un mois ça craint.
    Veuillez recevoir mes excuses d’avance.
    ————————-
    Bonjour, mon frère,
    Vous excusez? Mais, pourquoi? Vous n’avez insulté personne. Vous n’avez désobligé personne. Vous avez exprimé votre point de vue. Vous avez le droit de le faire, sans avoir à présenter des excuses. Je me cherche à faire passer un seul message, un message d’amour entre les Comoriens et leur pays et de respect entre les Comoriens des différentes îles. Or, chaque jour, le fossé s’élargit entre Comoriens, entre Mayotte et l’Union des Comores. Moins d’arrogance aurait permis de dépasser les problèmes relationnels. J’appuie où ça fait mal pour que chacun se réveille.
    Fraternellement,
    ARM

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