Plusieurs bureaux ignorés: «Tout peut encore changer»
RFI rétablit la vérité et douche la joie d’Azali Assoumani
Par ARM
En dépêchant aux Comores une envoyée spéciale, Radio France Internationale (RFI) se donna les moyens d’éviter aux auditeurs et auditrices la légèreté habituelle et les sempiternelles élucubrations pathétiques qui viennent souvent de Moroni. En effet, l’envoyée spéciale de RFI a une réelle visibilité sur les «résultats provisoires» et éclaire le monde entier sur une immense bouffonnerie préparée à la Présidence de la République (Photo). Prenons d’abord connaissance de l’analyse de RFI.
L’analyse de Radio France Internationale (RFI)
«Les résultats du second tour de la présidentielle aux Comores ont été annoncés ce vendredi 15 avril. Azali Assoumani, âgé de 57 ans, recueille près de 41% des suffrages, 2% de plus que le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, alias Mamadou, qui obtient 39,87% des voix. À peine annoncés, les résultats sont déjà contestés.
Avec notre envoyée spéciale à Moroni,
Il était arrivé au pouvoir en 1999 à la faveur d’un putsch, avant d’être élu président trois ans plus tard. Le colonel Azali Assoumani est le nouvel homme fort des Comores, selon les résultats provisoires prononcés ce vendredi 15 avril. La Commission électorale a annoncé sa victoire en prenant beaucoup de précaution, car les résultats sont extrêmement serrés: 2.000 voix d’écart seulement entre les deux. Et comme de nombreux bureaux n’ont pas encore été comptabilisés, tout peut encore changer.
La CÉNI estime que plus de 6.600 personnes ont été privées de leurs droits civiques parce que leurs bureaux ont été saccagés et fermés ou bien parce que les procès-verbaux ne sont pas conformes. Une dizaine de bureaux seraient concernés. La Commission a tout de même décidé d’annoncer les chiffres, mais seulement après des heures d’hésitation et l’arrivée au Palais du Peuple du chef d’état-major de l’armée. Il tenait manifestement à ce que la CÉNI respecte les délais de publication, c’est-à-dire cinq jours maximum après le scrutin.
Mais deux heures après leur publication, le candidat du gouvernement a annoncé qu’il ne reconnaissait pas ces résultats provisoires. Mohamed Ali Soilih estime que les irrégularités observées le jour du scrutin ont empêché trop d’électeurs de s’exprimer. Selon lui, 11.000 personnes seraient concernées, soit presque deux fois plus que le chiffre avancé par la Commission électorale.
Des élections partielles réclamées
Personne ne conteste que le vote a été perturbé dimanche, notamment sur l’île d’Anjouan. La différence entre les différents clans politiques réside dans la réponse à apporter. Le candidat du gouvernement réclame une élection partielle pour les bureaux qui n’ont pas pu être pris en compte et estime qu’il ne fallait pas publier de chiffres tant que ce nouveau scrutin n’avait pas eu lieu. “Les élections ne sont pas terminées, donc il n’y a pas de résultats provisoires”, clame Mohamed Ali Soilihi. “La question est: est-ce que l’on va faire ces élections partielles? Il aurait fallu attendre. Sinon, cela ne sert à rien de faire des élections partielles parce que les résultats sont ceux déjà donnés. Cela signifie que c’est un coup d’État institutionnel. L’État de Droit et la démocratie sont un trésor pour notre pays, nous devons les préserver. Aujourd’hui, on est revenu à quinze ans en arrière, dans l’arbitraire”.
Le ministre de l’Intérieur avait lui aussi demandé à la Commission électorale d’attendre avant de donner les chiffres. L’enjeu est de taille, car l’écart entre Mohamed Ali Soilihi et Azali Assoumani est tellement serré qu’une élection partielle ou même des recours peuvent faire basculer le résultat».
De cette analyse, nous retenons surtout ce qui suit: «À peine annoncés, les résultats sont déjà contestés», «la Commission électorale a annoncé sa victoire en prenant beaucoup de précaution», «et comme de nombreux bureaux n’ont pas encore été comptabilisés, tout peut encore changer», «la CÉNI estime que plus de 6.600 personnes ont été privées de leurs droits civiques parce que leurs bureaux ont été saccagés et fermés ou bien parce que les procès-verbaux ne sont pas conformes», «l’écart entre Mohamed Ali Soilihi et Azali Assoumani est tellement serré qu’une élection partielle ou même des recours peuvent faire basculer le résultat».
Et il faudra qu’on explique aux Comoriens ce que faisait le Colonel Youssouf Idjihadi, chef d’État-major de l’Armée nationale de Développement (AND), auprès de la CÉNI. Il n’est inscrit nulle part qu’il pouvait intervenir dans la proclamation des résultats d’un scrutin, mais on sait qui l’y a dépêché pour sauver l’ami Azali Assoumani, en attendant que l’élection partielle rétablisse la vérité.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 16 avril 2016.