• Home
  • /
  • actualite
  • /
  • Du nationalisme de pacotille au patriotisme à la sauce tomate

Du nationalisme de pacotille au patriotisme à la sauce tomate

Partagez sur

Du nationalisme de pacotille au patriotisme à la sauce tomate

L’indépendance pour mendier le visa et les médailles de la France

Par ARM

       Le chercheur français Pierre Vérin (1934-2010) mérite-il l’insatiable détestation et la haine inextinguible que lui vouent les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains» (ceux qui «savent» ce qu’ils ne savent pas)? En tout état de cause, il a exprimé deux opinions qui ne pouvaient lui attirer ni la sympathie, ni la magnanimité, ni la bienveillance de ses «amis» comoriens. La première part du travail de l’historien Jean Martin et de l’idée qu’ont de lui les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains»: «Mais l’auteur a, aussi, contrairement à certaines assertions de chercheurs qui l’ont beaucoup critiqué mais ont fort peu écrit, fait usage de sources orales dont il a bien perçu l’intérêt, notamment pour la Grande Comore»: Pierre Vérin: Les Comores, Éditions Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 7.

       Avec sadisme, Pierre Vérin verse de l’acide sur les plaies des chantres du nationalisme de pacotille et du patriotisme à la sauce tomate, par le sujet le plus sensible pour le double langage, la duplicité et l’hypocrisie qu’il véhicule: «Ils avaient recours au mkarakara banal, terme introduit par les réfugiés de Madagascar qui désigne les “magouillesˮ de tous ordres, ou bien ils cherchaient à émigrer à Mayotte ou en métropole, car c’était bien le terme que ces candidats au départ employaient encore plusieurs années après l’indépendance. Le consul de France voyait, dès l’aube, affluer dans son jardin ces files de solliciteurs qui refusaient à croire que le OUI à l’indépendance à 97% à la Grande Comore avait eu pour effet de les priver du passeport français»: Pierre Vérin: Les Comores, op. cit., p. 18.

       Horrible. Et honteux… Et, ce n’est pas fini. Hélas!

       En effet, il y a des remarques plus piquantes, faites en parfaite connaissance, de bonne foi, par Alain Deschamps, Ambassadeur de France aux Comores de 1983 à 1987: «Certes la construction du Palais du Peuple avait un temps occupé ses diplomates [chinois]. Bien entendu, elle n’avait pas été confiée aux Comoriens jugés incapables de tout travail un peu sérieux mais en revanche fort habiles à détourner ciment, fer à béton, outils et boulons. On avait donc eu recours à des ouvriers chinois, sans doute triés sur le volet, mais dont il fallait néanmoins chauffer le zèle et vérifier la rectitude idéologique»: Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, Éditions Karthala, Collection «Tropiques», Paris, 2005, p. 35.

       Certes, les Comores sont prétendument indépendantes, mais leurs «dignitaires» mendient excessivement les médailles françaises, et cela n’a pas échappé à Alain Deschamps: «De mon temps encore où, depuis une indépendance tardive, le chef de l’État comorien et ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir avaient leurs dévots, leurs clients et leurs thuriféraires, l’ambassadeur de l’ex-métropole, que l’on imaginait dispensant les aides financières, visas, bourses d’étude, ces décorations dont les insulaires sont si friands et tirant toutes les ficelles locales, était l’objet d’attentions flatteuses, et dont je n’ai vu nulle part l’équivalent. Sans doute poussait-il l’hyperbole jusqu’à la caricature ce notable qui sollicitant en vain le ruban de la Légion d’honneur, prétendait que, si on ouvrait son cœur on y trouverait inscrit mon nom…»: Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, op. cit., p. 50.

       Même le Grand Mufti de la République («Grand» en quoi, s’il-vous-plaît?) rêvait à haute voix de médailles françaises. Alain Deschamps nous en dit un mot émouvant: «Le Grand Mufti fut fait chevalier. Je les décorai. L’un et l’autre étaient des saints hommes de l’Islam, estimés de tous et dont le ruban, auquel les Comoriens attachent tant de prix, rehaussait la dignité. Il établissait aussi avec l’ambassadeur, un lien qui, en cas de vraie crise avec le président aurait pu s’avérer utile. Quand je lui épinglai sa médaille, le Grand Mufti me dit, tout ému: “Mon cœur est françaisˮ»: Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, op. cit., p. 61.

       «Mon cœur est français». Dire ça pour des médailles françaises, c’est honteux! C’est dégradant! Ce n’est pas bien! En tout cas, le Mufti est, après le dictateur du moment, le Comorien le plus détesté, le plus haï et le plus méprisé de ses compatriotes. Il légitime toutes les saletés de son maître le tyran, dont le vol d’argent public et les crimes de sang. Fait absolument insultant pour tout le monde, le Mufti doit être toujours originaire de la région d’Itsandra-Hamamvou, en Grande-Comore, car ailleurs, aux Comores, il n’y a que des mécréants ignorants.

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Dimanche 19 mai 2024.


Partagez sur

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.