Les fidèles de Maman veulent «sa victoire au premier tour»
Les partisans de la Première Dame ne veulent pas de second tour
Par ARM
Le samedi 19 décembre 2015, à Moroni, il n’y a pas eu que la grande cérémonie par laquelle le Vice-président Mohamed Ali Soilihi a été officialisé comme candidat du pouvoir politique en place dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016. En effet, il y a eu également le meeting organisé dans la cour du domicile privé du Président Ikililou Dhoinine, toujours dans la capitale des Comores. Cette grande rencontre politique avait été organisée par l’Association des Étudiants mohéliens et avait pour but de parler de la candidature de la Première Dame au Gouvernorat de Mohéli pour mieux la soutenir. Différents orateurs se succédèrent à la tribune pour exprimer leur gratitude à Maman, en lui disant: «Maman, tu peux toujours compter sur nous, et quand tu seras élue, ne nous oublie pas». De fait, différents messages de soutien ont été adressés à Maman par les intervenants, qui avaient tenu à rassurer leur championne sur leur engagement à ses côtés, en rappelant les services qu’elle leur rend pour leur permettre de mener à bien leurs études à Moroni. Avant de finir son discours fleuve, le Président de l’Association des Étudiants mohéliens, qui s’est qualifié lui-même de «bavard intarissable», a créé la stupéfaction et la joie en présentant à la Première Dame un tee-shirt blanc sur lequel il est inscrit que cette dernière n’a pas besoin d’aller au second tour et qu’elle devra être élue dès «la première vague»: «Une seule vague» pour Maman, donc. Cette démonstration a été suivie d’un tonnerre d’applaudissements et d’acclamations qu’il n’a pas été possible d’interrompre avant de longues minutes.
Soit dit en passant, dans la foule, il y avait plus de personnalités politiques et de cadres que d’étudiants. On pouvait y voir la ministre Sitti Kassim, Abiamri Mahmoud, colistier du Vice-président Mohamed Ali Soilihi pour Mohéli, des Conseillers du Président de la République, des responsables de l’appareil diplomatique, de Comores Télécom et de l’Aéroport de Hahaya…
On apprendra par la suite que 12 candidats ont présenté leurs dossiers. Outre celui de la Première Dame, déposé tambour battant après des discours flamboyants et enthousiastes, en présence de l’ancien Député djoiezien Soilihi Mohamed Soilihi, on compte notamment ceux de Mme Mariama Haïdar dite Assianfa, de Mohamed Saïd Fazul, ancien Président de l’île autonome de Mohéli, de Mohamed Larif Oucacha, ancien ministre, ancien Député et Directeur du Cabinet du Président Saïd Mohamed Djohar, de Mourdi Madihaly dit Sow, d’Achiraf Ben Cheikh, ministre d’État chargé des Élections (juin 2010-juin 2011), de Saïd-Ali Hilali, et de Mohamed Ali Saïd, le Gouverneur sortant, etc.
Quand la Première Dame prit la parole, elle commença par remercier toutes les personnes présentes et les organisateurs de la cérémonie, avant d’enchaîner: «Le Président Ikililou Dhoinine a regroupé autour de lui plusieurs personnes, et a fédéré les Comoriens pour le bien des Comores. Parmi ces personnes, les jeunes occupent une place à part. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour les jeunes du pays. Il a favorisé la nomination de nombreux Mohéliens à des postes qu’ils n’avaient pas l’habitude d’occuper, là où on n’avait pas l’habitude de les voir. Par ailleurs, la Fondation Haoulatété a beaucoup œuvré en matière d’Éducation, de santé, de promotion du statut de la femme et en faveur des personnes handicapées. Pour favoriser la promotion du statut de la femme et des jeunes, il faut de l’entente, une parfaite cohésion au sein de la population et l’adhésion à des principes devant permettre à la population de se retrouver autour d’idéaux communs et des valeurs d’unité».
Dans sa lancée, la Première Dame expliqua: «Une élection n’est jamais une chose facile, surtout dans un pays où il faut régler dans l’urgence les problèmes de la population, notamment ceux de la femme et ceux des enfants. On connaît les difficultés auxquelles sont confrontées les familles dont les enfants scolarisés à l’étranger ne bénéficient pas d’une bourse d’études. Ce manque de bourses occasionne de lourdes charges pour les familles, dans un contexte qui n’est pas toujours facile sur le plan financier. Mais, nous devons trouver des solutions à ces problèmes. La Fonction publique est surchargée, et le Président Ikililou Dhoinine et le gouvernement qu’il dirige ont eu à cœur de devoir l’assainir. La Fonction publique reste tout de même surchargée, ne peut plus supporter la charge créée par la masse salariale et est au bord de la rupture sous le poids du nombre des fonctionnaires et agents de l’État. Moi, je me soucie vraiment de la jeunesse, et je suggère de nous unir pour que nous puissions bâtir notre île et notre pays, notamment en nous investissant sérieusement dans la recherche de solutions contre le chômage. La jeunesse a ses exigences face au gouvernement. La jeunesse participe à la conscientisation du peuple. Pour sa part, la femme comorienne ose faire face aux nouveaux défis auxquels est confronté le pays. Et quand la femme comorienne ose, elle réussit ce qu’elle entreprend. N’oublions pas qu’aujourd’hui comme hier et demain, notre pays a besoin d’unité. Nous devons nous unir. L’union fait apparaître des perles. L’union fait la force. On ne réussit jamais en s’isolant».
Maman finit son discours en signalant avec force: «Je me présente à cette élection avec un programme que je compte réaliser entièrement et sincèrement. Mais, le moment n’est pas encore arrivé pour parler de programme. Cela ne saurait tarder. Je suis consciente des efforts que vous déployez en vue de mon élection, même si vous dites que les étudiants n’ont pas vocation à faire de la politique. Je tiens à dire à tout le monde que nous faisons de la politique pour être récompensés dans ce monde et non dans l’au-delà. Or, je constate qu’à Mohéli, une certaine tendance à l’orgueil conduit certains parmi ceux qui militent en période électorale à rentrer chez eux au lendemain d’une victoire électorale, au lieu de rester sur le terrain politique et bénéficier des dividendes de l’élection à laquelle ils ont contribué. Les Mohéliens dorment après avoir remporté une victoire sur le plan électorale, contrairement à ce qui se passe à Anjouan et à la Grande-Comore, où les artisans de la victoire suivent le mouvement politique même après ladite victoire électorale. Moi, je suis disponible. Je serai toujours disponible pour vous. Je suis à votre écoute. Cessons de nous lamenter en disant continuellement: “J’ai milité et je n’ai rien reçuˮ tout en restant chez nous, en nous retirant de l’activité politique au lendemain de la victoire électorale. […]».
Ce discours est prononcé à un moment où Mohéli est en ébullition. Mohéli présente toutes les apparences d’un volcan sur le point d’entrer en éruption de grande intensité. Il y a une telle agitation sur l’île que quand on discute avec les candidats à l’élection gubernatoriale vers 20 heures, on sent la fatigue qui les terrasse. Certains dorment presque littéralement débout. S’ils doivent maintenir un tel niveau d’activité politique pendant les deux mois que vont durer les deux campagnes électorales, les choses risquent de se compliquer sur le plan physique et même sur le plan psychologique. Pendant que les moins expérimentés peinent à supporter ce rythme infernal, il est un homme qui, aidé par une pratique électorale de plusieurs décennies, supporte tout cela avec stoïcisme et philosophie: Abdallah Saïd Sarouma dit «Baguiri», dit «Gris-gris», dit «Chabouhane». Il en a vu d’autres, Abdallah Saïd Sarouma, et n’est pas homme à se laisser impressionner par une campagne électorale qui commence, lui qui sillonne la zone allant de Djoiezi à Fomboni au point de pouvoir être vu à Djoiezi 6 minutes après avoir animé une discussion très animée à Salamani, sous la véranda politique que le Tout-Mohéli connaît.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 24 décembre 2015.