Quand rendront-ils au peuple comorien l’argent volé au Trésor public?
Par Charikane Ahmed Houmadi
L’actualité de ces derniers jours dans le pays était émaillée par le scandale soulevé par le gouvernement, sous l’autorité du puissant ministre de l’Intérieur Houmed Msaidié, qui avait exigé la restitution du passeport diplomatique comorien de l’ex-Président Ahmed Sambi. L’idée évoquée par le porte-parole de l’exécutif de l’Union des Comores est celle d’empêcher le Chef du parti Juwa de continuer l’instrumentalisation de ce passeport diplomatique à ses fins personnelles, et ceci, en violation des règles protocolaires diplomatiques et de l’intérêt étatique des Comores. Dans cet esprit, le gouvernement avait raison et aurait agi correctement en retirant ce passeport à Ahmed Sambi, en se conformant au principe selon lequel un passeport diplomatique peut être retiré si l’État estime que son titulaire l’utilise contre l’honorabilité du pays au niveau international. L’intrusion d’Ahmed Sambi dans les obsèques de Nelson Mandela en décembre 2013 en Afrique du Sud et sa réception à la Présidence de Madagascar dans les circonstances les plus noires suffisaient aux yeux du gouvernement pour prendre une telle sanction à l’encontre de l’intéressé. La chose est simple: les clichés d’Ahmed Sambi à but propagandiste ne sont pas plus importants que la respectabilité internationale de l’État comorien. Il fallait que la diplomatie comorienne arrête toute suite cette fraude sambienne. Toutefois, Ahmed Sambi en tant qu’ancien Président de la République des Comores, pouvait honnêtement utiliser son carnet d’adresses pour rencontrer qui il veut, mais cela, sans abuser à chaque fois en fraudant à l’aide du passeport diplomatique de l’État comorien.
Mais, ce qui est très rigolo dans cette affaire dite «Restitution des passeports diplomatiques», c’est la tournure qu’a prise cette affaire après l’annonce de cet avertissement ministériel. Certains dirigeants s’estimant malins comme Fahmi Saïd Ibrahim se sont précipités pour déposer les siens sans attendre la décision du gouvernement. Bravo pour cet héroïsme du «ridicule politique». Si on pouvait parler de «ridiculisme politique»! Cependant, le vrai rebondissement de cette affaire rocambolesque, c’est quand le peuple comorien, appauvri par la corruption de ses dirigeants, a vu l’ancien chef d’État, le Colonel Azali Assoumani, courir pour restituer aussi le sien. On se demande quelle mouche d’honnêteté avait piqué Azali Assoumani à faire aussi ce geste de bon citoyen, ne voulant pas abuser du bien de l’État comorien au profit de ses intérêts. Et, ce qui est encore plus rocambolesque aux yeux du peuple dans cet épisode, c’est l’impossibilité de comprendre la leçon de moralité que l’ancien Président Azali Assoumani voulait montrer au son peuple en rendant son passeport diplomatique. Son héroïsme n’aurait-il pas été de démentir ou de restituer l’argent qu’on l’accuse d’avoir volé aux Comoriens, après avoir pillé le Trésor public de son pays quand il était Président de l’Union des Comores?
Son «silence héroïque» sur cette accusation montre bel et bien qu’il y aurait «anguille sous roche», expression que lui-même utilisait souvent pour dénoncer les situations confuses du pouvoir politique d’Ahmed Sambi. En tout état de cause, si le peuple comorien avait le choix entre la restitution de leurs passeports diplomatiques ou des biens économiques pillés, il aurait souhaité que nos anciens chefs d’État et nos anciens ministres restituent l’argent qu’ils ont volé au Trésor public.
Par Charikane Ahmed Houmadi
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© www.lemohelien.com – Lundi 22 juin 2015.