Paris en deuil, le monde traumatisé, l’humanité écœurée
Les morts des attentats de Paris sont des morts pour l’humanité entière
Par ARM
Dans la soirée de ce vendredi 13 novembre 2015, la mort a frappé Paris, arrachant la vie à 120 innocents, envoyant dans les hôpitaux plus de 200 autres innocents, dont 80 dans un état critique. Aucune cause aussi noble soit-elle ne saurait justifier une telle folie meurtrière. Une fois de plus, les assassins vont essayer d’entraîner Dieu dans la justification de leur haine destructrice, alors que le Créateur a fait de la vie une valeur sacrée dont il est seul à pouvoir disposer. Une fois de plus, des gens qui n’ont aucune relation sincère avec Dieu vont tenter de justifier leurs actes ignobles par une prétendue volonté de «venger le Prophète» alors que ce dernier, de son vivant, avait supporté toutes sortes d’avanies sans jamais se venger, même quand il était en état de le faire. Quand le climat de haine envers les Musulmans à La Mecque était insupportable, le Prophète avait fait migrer ces derniers vers la très chrétienne Abyssinie, l’actuelle Éthiopie, en 615. Lui-même s’était réfugié à Médine en juin 622, et quand en 629, il rentra à La Mecque en triomphateur, il ne s’était vengé sur personne, et le retour dans cette ville polythéiste et très antimusulmane à l’époque avait le plus pacifique, avec moins deux morts, de personnes mortes sur un simple malentendu. Donc, aucun Musulman connaissant les fondements de sa religion ne saurait accorder le moindre crédit aux cris de haine et aux élucubrations des assassins qui ne savent rien de l’Islam et qui s’en servent pour assouvir des haines personnelles, par simple ignorance.
Pourtant, de nombreuses confusions sont commises par ceux qui commentent l’actualité, ces journalistes et «experts» étant toujours incapables de comprendre que Daesh, les Taliban, les Shabab et Boko Haram ne sauraient se revendiquer de l’Islam puisqu’il s’agit d’organisations criminelles sans relation avec l’Islam. L’incapacité de certains journalistes et «experts» à comprendre que ces organisations criminelles ne sont porteuses d’aucun projet de société, qu’elles tuent indistinctement Musulmans et membres d’autres communautés religieuses, que leurs actes n’existent nulle part dans le Coran et dans la Sounna, voilà qui est de nature à semer le trouble dans les esprits. Un terroriste tuant à Paris ou ailleurs est un terroriste, et il serait honnête de limiter leur terrorisme au terrorisme sans aller plus loin. Ces organisations terroristes prétendent vouloir recréer «l’État islamique», le Khalifat donc, mais un «État» sans population, puisque cette dernière est leur principale cible. Le Prophète avait dit: «Après moi, faites comme moi». La Sounna est née de cette exhortation. Pour autant, le Prophète n’a jamais commis les crimes ignobles que commettent les terroristes qui se réclament de l’Islam aujourd’hui: mariage forcé même de femmes déjà mariées, amputation des membres supérieurs et inférieurs d’innocents, immolation d’innocents par le feu, trafic de drogue, viol individuel et collectif, séparation de membres de la famille, attentats, etc. Donc, non seulement, les terroristes tuent à l’aveuglette, mais en plus, leurs crimes sont incompatibles avec l’Islam et révoltent l’humanité entière parce que les morts de Paris sont les morts de toute l’humanité. Paris est frappée, mais les contrecoups des attentats ont été ressentis dans toutes les régions du monde.
En même temps, interrogeons-nous de nouveau sur la manière de traiter l’information sur les terroristes se revendiquant de l’Islam. Aujourd’hui, il y a trop d’«experts» pour en parler, et certains accusent d’autres d’incompétence. Et, on reste perplexe quand un orientaliste qualifie d’autres d’ignorance et de manipulation. C’est ainsi qu’Olivier Carré qualifie un livre écrit par un journaliste français de «pamphlet sous-informé et pouvant nourrir l’arabicide», avant de fustiger un autre livre, qualifié de «pamphlet écrit avec une ignorance revendiquée en islamologie», et avant de s’en prendre à l’ouvrage d’un célèbre orientaliste, «qui, comme ses autres articles et livres, fourmille d’erreurs graves de compréhension des termes arabes utilisés et cités». Il accusera le même orientaliste de «confusion»: Olivier Carré: L’Islam laïque ou le retour à la Grande Tradition, Armand Colin, Paris, 1993, pp. 154, 155 et 156.
Tendance à l’exagération d’orientaliste? Même s’il vaut mieux éviter de prendre position sur ce genre de polémique, force est quand même de reconnaître que quand il s’agit de l’Islam réel ou supposé, les fameux spécialistes font preuve d’un manque de maîtrise des concepts arabes qu’ils manipulent avec une imprudence confondante. C’est ainsi qu’un terroriste qui tue aveuglement à Paris, Ndjamena, Bamako, Maiduguri, Mogadiscio ou Nairobi sera qualifié d’«islamiste», «djihadiste» ou «salafiste». En tombant dans de tels pièges, les experts se situent dans le travers naguère dénoncé par Edward W. Saïd, celui de «L’Orient inventé par l’Occident», dans la confusion.
Le terroriste qui a endeuillé Paris et l’humanité sera qualifié d’«islamiste». Le terme procède d’une invention artificielle qui concerne le Musulman se caractérisant par son passéisme obscurantiste, son ignorance, son radicalisme et sa prédilection pour les actes terroristes, le recours à la force l’emportant. Or, l’Islam prohibe toute forme de violence au nom de la religion, et on ne peut pas user de la violence au nom et sous couvert de l’Islam:
«Pas de contrainte en religion» (Coran, II, La Vache, 256).
Comme la contrainte est interdite, une laïcité qui ne porte pas son nom est décrétée pour que chacun puisse vivre sa religion ou son irréligion sans pression, dans une liberté totale, y compris sur le même espace, comme cela se faisait sur les territoires musulmans de la période classique, où les chefs musulmans laissaient les non-musulmans diriger les territoires conquis, avant de se convertir eux-mêmes à l’Islam:
«À vous votre religion et à moi ma religion» (Coran, 108, Les Infidèles, 6).
Donc, le terroriste ne peut se réclamer de l’Islam, et l’«isme» qui provoque le glissement sémantique conduisant l’Islam à l’«islamisme» n’a aucun sens, et les deux versets coraniques précités sont là pour le prouver.
Mais, voilà qu’un autre raccourci fait d’un terroriste ayant ensanglanté Paris et l’humanité un «djihadiste», un adepte du «Djihad», qu’on s’acharne obstinément à définir comme une «guerre sainte», dans le cadre d’une religion qui proclame l’interdiction de la contrainte en religion. En réalité, «Djihad» signifie l’effort intellectuel que l’homme déploie pour lutter contre ses propres excès. La guerre sur la voie de Dieu est appelée «Petit Djihad», puisque le «Grand Djihad» est intellectuel, par excellence. Et ce petit «Djihad» ne peut avoir lieu que pour faire face à l’impératif de légitime défense:
«Toute autorisation de se défendre est donnée à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont été injustement opprimés. – Dieu est puissant pour les secourir – et à ceux qui sont chassés injustement de leurs maisons pour avoir dit seulement “Notre Seigneur est Dieu!” […]» (Coran, XXII, Le Pèlerinage, 40).
«[…] Soyez hostiles envers quiconque vous est hostile, dans la mesure où il vous est hostile» (Coran, II, La Vache, 194).
Or, quelle serait la justification d’une légitime défense dans le monde d’aujourd’hui, un monde sans guerres de religions mais pris en otage par des terroristes sans foi, ni Loi? L’Islam n’étant attaqué par personne, on ne voit pas pourquoi il devrait y avoir de «guerres saintes» au nom de l’Islam dans le monde actuel.
Comme «Ijtihad», effort intellectuel et recours à la raison notamment pour mieux comprendre le Message de Dieu, «Djihad» vient de l’arabe «Jahd», l’effort, et ce dernier n’a aucune connotation physique et coercitive, et se veut avant tout intellectuel. Pourtant, cela n’empêchera pas le spécialiste qu’on appelle chaque fois à la télévision ou à la radio de parler de «djihadiste» pour désigner celui qui se revendique de l’Islam et qui commet un acte terroriste contre l’humanité entière à Paris, un acte terroriste incompatible avec la lettre et l’esprit de l’Islam. Cet acte criminel est commis contre de vrais Musulmans et contre d’innocents adeptes d’autres religions, contre des athées et des agnostiques, et tout cela, en violation totale des règles de l’Islam et contre cette religion. Naturellement, l’image de l’Islam en prend un coup, et les Musulmans se sentent mal à l’aise et ont honte.
Pourquoi ne pas qualifier le terroriste ayant ensanglanté Paris et endeuillé l’humanité entière de «salafiste» alors? Voilà encore un concept à la mode, de préférence, dans la bouche des spécialistes institutionnels et médiatiques, ceux qui expliquent toujours tout sur les médias, mais sans parler un mot arabe, ou parlant arabe mais endormi par une paresse intellectuelle qui les empêche d’aller au-delà des schémas réducteurs.
En réalité, quand les vrais orientalistes avaient encore le droit de s’exprimer sur les sujets touchant le domaine de leur compétence, le «salafisme» venait de «Salaf», «prédécesseurs» ou «ancêtres», étant entendu que les premières générations musulmanes constituaient la source la plus autorisée en ce qui concerne la direction spirituelle de l’Islam. Ces ancêtres étaient les puristes de l’Islam, et aucun parmi eux n’a un passé de terroriste. Les vrais islamologues se posent alors la question de savoir comment la manipulation des concepts a-t-elle conduit à des monstruosités terminologiques qui ne suscitent que des sentiments de peur, de méfiance et de rejet? La réponse est simple: les concepts ont cessé d’être innocents pour devenir explosifs, à force d’instrumentalisation et de manipulation par les terroristes eux-mêmes et par les «experts médiatiques».
Or, les glissements sémantiques signalés n’aident pas l’humanité à vivre en paix, chacun devant supporter l’adepte de l’autre religion, l’athée ou l’agnostique. Les glissements sémantiques donnent mauvaise presse à l’Islam, religion de tolérance, et au Musulman, pendant que le faux Musulman devenu terroriste accentue la confusion, par son ignorance, son obscurantisme, sa violence physique et verbale et son enfermement dans un ghetto mental devenu mortel.
En tout état de cause, au-delà des manipulations des concepts, force est de constater que les attentats perpétrés à Paris le vendredi 13 novembre 2015 n’ont pas frappé que la capitale française, mais l’humanité entière. En aucune manière, une religion ne doit être regardée comme ayant produit les criminels qui ont semé la mort d’innocents. Les morts de Paris sont des morts universels, les morts de l’humanité entière. La mort aveugle qui a frappé Paris a frappé l’humanité dans son ensemble, comme en témoignent les condamnations indignées et unanimes qui ont suivi les attentats, des attentats commis de façon à faire un maximum de victimes innocentes.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 14 novembre 2015.