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La Princesse Ursule Salima Machamba a été scolarisée dès 1889

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La Princesse Ursule Salima Machamba a été scolarisée dès 1889

Ce fut bien avant la naissance de Hadjira, la veuve d’Ali Bazi Selim

Par ARM

       Le regretté Pierre Péan a été l’auteur d’un beau petit mot: «Au-delà de certaines bornes, le ridicule ne tue plus… il conserve»: Pierre Péan: L’argent noir. Corruption et sous-développement, Fayard, Paris, 1988, p. 203.

       Pour sa part, l’explorateur Theodore Monod avait fait une belle tartine en suggérant doctement et utilement: «Il ne faut pas confondre l’Histoire avec les histoires».

       Il y a 23 ans, je publiais mon premier livre: Comores. Les institutions d’un État mort-né, les Éditions L’Harmattan, Paris, 2001 (375 p.). Un cri de haine mortelle fut lancé contre moi, notamment parce que je venais de signaler le mensonge ridicule et grotesque qu’il y a dans la fantaisie selon laquelle Saïd Mohamed Cheikh, qui n’a jamais obtenu un Baccalauréat et un Doctorat en Médecine serait «le premier Docteur et Docteur en Médecine des Comores». Les gens sérieux et crédibles savent que le regretté Ahamada Wafakana Mohamed Souef, né à Miringoni, Mohéli, en 1935, et mort le dimanche 13 mars 2022 à l’Hôpital de Saint-Pons-de-Thomières, dans le département de l’Hérault, en France, a été le premier Comorien à avoir obtenu un Baccalauréat, un Doctorat, un Doctorat en Médecine. À sa mort, la dictature de Mitsoudjé l’a ignoré par mépris, jalousie, et haine, mais, un jour, Mohéli parlera des siens. Attendez, et vous verrez.

       Nous voici en 2000, à Rabat, au Maroc. Une étudiante originaire de Mitsoudjé, le village natal du putschiste et dictateur Assoumani Azali Boinaheri, osa dire devant moi que sa tante Hadjira, épouse Ali Bazi Selim, est la première Comorienne scolarisée à l’École française. Je lui dis: «Ça se voit que tu ne connais pas la Princesse Ursule Salima Machamba de Mohéli, la fille de la Reine Djoumbé Fatima». En juillet 2019, chez moi, à Mayotte, un enseignant encore originaire de Mitsoudjé reparle de Mme Hadjira, veuve Ali Bazi Selim et de son titre national de gloire nationale. J’ai pour habitude de me taire quand je constate qu’il y a de l’acharnement dans les affirmations faites sans la moindre preuve, ni argumentation. Il ne faut jamais perdre son temps avec des gens qui s’obstinent à vouloir avoir raison nolens volens.

       Que Dieu accorde santé et longévité à Mme Hadjira, veuve Ali Bazi Selim. Mais, elle n’est pas la première Comorienne à avoir fait des études à l’École français. Ce n’est pas elle.

       Feuilletons quelques livres.

      Laurent Marie Émile Beauchamp, Gouverneur de l’île de la Réunion, dans sa lettre du 30 septembre 1896 qu’il adresse au Résident français à Anjouan et au Gouverneur français à Mayotte écrit: «Vous savez sans doute que le Gouverneur de Mayotte, Protecteur des Comores, a envoyé à la Réunion, en novembre 1889, la jeune princesse Ursule Salima Moichindra [sic], reine de Mohéli, par raison de santé et pour parfaire son instruction. Cet avis était donné par la lettre n°165 du 1er novembre 1889, et la jeune personne arrivée ici le 10 ou le 11 du même mois a été placée au pensionnat de l’Immaculée Conception, où elle est encore. Jusqu’ici sa pension a été régulièrement payée, sauf depuis quelques mois, par les soins de l’administration de Mayotte. Elle a aujourd’hui vingt ans, et son éducation est à peu près terminée; il y a donc lieu de songer à la rapatrier prochainement»: Cité par Urbain Faurec: L’archipel aux sultans batailleurs, Imprimerie officielle, Tananarive, 1941, réimpression, PAC, Moroni, 1971, pp. 69-70.

      La Princesse Ursule Salima Machamba (Photo), fille de la Reine Djoumbé Fatima Bint Abderemane et de Saïd Hamadi Mkadara, est née à Fomboni, Mohéli, le 1er novembre 1874, et morte le 7 août 1964, à Pesmes. Pierre Vérin a écrit sur elle: «La fille, Salima Machamba, baptisée sous le prénom d’Ursule, fit ses études à la Réunion et ne parut guère désireuse de reprendre son trône. Elle épousa le gendarme Paul et vint en France y finir son existence. C’est elle qui sollicita du général de Gaulle, lors d’un voyage du chef de l’État en Bourgogne, un relèvement de sa pension, faveur que les bureaux ministériels n’eurent pas le temps de lui accorder avant sa mort», le 7 août 1964. «Elle repose aujourd’hui dans le cimetière de Pesmes en Haute-Saône»: Pierre Vérin: Les Comores, Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 109.

      Il est vrai que des Grands-Comoriens disent «Comores» pour désigner leur «Grande-Comore», puisque pour eux, la Grande-Comore est les Comores, mais tout de même…

      Le propos développé ici n’est pas de dire que la Princesse Ursule Salima Machamba était la première Comorienne formée à l’École française, mais qu’elle y a été de nombreuses décennies avant la naissance de Mme Hadjira, veuve Ali Bazi Selim.

      La fanfaronnade fantaisiste et mensongère sur Mme Hadjira, veuve Ali Bazi Selim, incite à dire aux uns et aux autres de parler des affaires de leurs îles respectives, sans faire des affirmations méprisantes, haineuses et criminelles et des extrapolations hasardeuses sur les autres îles. Du reste, quand on est un chercheur rigoureux, on effectue des enquêtes sur le terrain pour connaître la réalité. Merci beaucoup, M. GD, de l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, pour tout ce que vous m’avez enseigné en la matière et que j’applique depuis, vous qui exposez votre vie aux pires dangers mortels sur le terrain, en Syrie, Turquie, Pakistan et Afghanistan.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 5 juin 2024.


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