Ikililou Dhoinine, Assani Bacar et les projets pharaoniques
Comment les deux hommes ont paumé des projets historiques
Par ARM
Pour le Tout-Mohéli, il s’appelle «Danny Wachi Bandar-Es-Salam», «Danny de Bandar-Es-Salam». Pourtant, à l’état civil, il s’appelle bel et bien Assani Bacar. Les plus gentils poussent la ferveur jusqu’à l’appeler Assani Bacar Maécha. Sympa. Effectivement, il est de Bandar-Es-Salam. Il a fait ses études primaires à Djoiezi et ses études secondaires à Fomboni, avant d’aller au Lycée de Mutsamudu. Par la suite, il s’envolera vers l’Algérie pour des études en génie civil. Un bon parcours donc. Seulement, sur le plan professionnel, il y a quelque chose qui ne va pas. Parce que Danny est trop haineux et malfaisant, surtout envers son île natale, et quand il voit qu’un projet sera utile à la pauvre île, il fait ce qu’il sait faire le mieux: il le sabote. Danny donne l’impression qu’il a obtenu un diplôme d’Ingénieur en Sabotages. À peine a-t-il été nommé Directeur des Infrastructures qu’il s’était mis à saboter un à un tous les travaux d’infrastructures devant être réalisés à Mohéli. Son Grand Seigneur, Ikililou Dhoinine, buvait ses paroles et finissait toujours par dire: «Tu as raison, Danny. Danny a raison. Danny a toujours raison». Il suffisait qu’il dise n’importe quelle bêtise pour que le Roi des Mohéliens de Beït-Salam se mette à lui donner raison.
En tout état de cause, il qu’il ne fait pas de doute que le projet sur lequel Danny s’est le plus acharné est celui de la construction de l’Aéroport de Bandar-Es-Salam, son propre village, là où il est né, là où est enterré son placenta, la terre qu’il doit considérer comme la plus sacrée juste après les Lieux Saints de l’Islam. Depuis qu’Ikililou Dhoinine a parlé de ce chantier, Danny a sorti le grand jeu. Il voulait laisser sur les abords de la piste de l’aéroport des habitations illégales et sauvages. Il voulait même mettre côte à côte le bâtiment de l’aérogare et celui de la tour de contrôle, mais les spécialistes que sont l’ancien Premier ministre Bianrifi Tarmindhi (Ingénieur formé au Maroc) et l’ancien Député Ahmed Daroumi (également formé au Maroc) sont allés expliquer la chose à Ikililou Dhoinine, qui a fini par admettre pour une fois que son pote Danny déconnait. En plus, au lieu de procéder par un appel d’offres international, dans la mesure où il s’agit d’un grand projet, Danny a remis le marché de gré à gré à Akmal Lahadji Maka, qui n’a ni personnel qualifié, ni matériel adapté, lui-même n’ayant aucune expertise en bâtiments et travaux publics. D’autres travaux seront tués dans l’œuf de la même manière. Toujours à Mohéli. Résultat: les travaux piétinent parce qu’Akmal Lahadji Maka a bouffé le magot pour d’autres choses, et il n’y a personne pour le surveiller. Ikililou Dhoinine a donc quitté le pouvoir sans être sûr que ce projet revendiqué depuis des siècles par les Mohéliens sera un jour achevé.
En réalité, Danny avait choisi son copain Akmal Lahadji Maka parce qu’il s’était mis d’accord avec lui pour un cadeau de 100 millions de francs comoriens, soit 200.000 euros. Oui, le bon Danny a touché, dans l’attribution de cet important marché, la modique somme de 100 millions de francs comoriens, et se moque comme d’une guigne de ce qui adviendra du projet en cours de réalisation dans son propre village. «Charité bien ordonnée commence par soi», a-t-on l’habitude de dire. Mais, le frère Danny a sa propre conception de la charité…
Il y a peu, le Doyen Mohibaca Baco, emblématique ministre et Gouverneur des années 1970 sous Ahmed Abdallah Abderemane, disait au «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani lors d’une réception publique à Mohéli et en présence d’Ikililou Dhoinine, que l’île attendait toujours son port et son dépôt pour les hydrocarbures. Le Tout-Mohéli a dit qu’il s’agissait d’une injure envers Ikililou Dhoinine, qui avait promis de réaliser les deux projets. Mais, sur le front de mer de Fomboni, là où devait être construit le dépôt des hydrocarbures, on ne voit que la maison bleue de Sa Hautesse Monsieur Daroussi Allaoui, Mohélien de Beït-Salam parmi les Mohéliens de Beït-Salam, Directeur du Cabinet d’Ikililou Dhoinine quand il était Vice-président, son Conseiller privé, le chef de son Protocole et son dernier Directeur du Cabinet chargé de la Défense quand il est devenu Président. De dépôt des hydrocarbures à Mohéli, point. Rien. Rien du tout.
S’agissant du port de Mohéli, nous étions tous contents quand nous en avions vu et admiré la maquette made in China (Photo). Seulement, dès qu’on parla de son coût, il ne fallait pas être sorcier pour comprendre qu’il s’agissait d’une énorme escroquerie: 73 milliards de francs comoriens, dans les 150 millions d’euros. De la folie furieuse donc. Pour rappel, et même si nous devons tenir compte du coût historique, le Port de Mutsamudu, en plus d’être construit sur un site inapproprié, a coûté la bagatelle de 12 milliards de francs comoriens, et il fallait qu’on aille construire un port de 73 milliards de francs à Mohéli? À Mohéli, pardi! Foutaises! À ce jour, personne n’a vu le début de commencement des travaux, et ce port ne verra jamais le jour. Même moi qui suis de Mohéli, je n’aurais jamais permis une telle gabegie mégalomaniaque et fantasmagorique. Les Mohéliens veulent un port et non une pyramide de la Troisième Dynastie en Égypte. Les projets grandioses, tout le monde sait qu’ils se transforment en éléphants blancs, des projets qui coûtent excessivement cher et dont la validité, la viabilité, la rentabilité et le bien-fondé ne sont jamais prouvés. C’est de la même manière qu’Ikililou Dhoinine a raté tous ses achats d’avion: il remettait des valises d’argent à un escroc, et l’affaire se soldait par la disparition de l’argent et l’arrivée aux Comores d’un cimetière, et un cimetière ne vole jamais. Dieu est le plus grand.
À Mohéli, personne n’est fâché de voir Danny devenir l’éternel Directeur. Mais, il est Directeur pour quoi faire? Et puis, l’enfant de Bandar-Es-Salam est très roublard. Cela étant, il doit sa longévité à sa capacité de rouler tout le monde dans la farine. Il est le fidèle de tous les politiciens qui comptent et de leurs adversaires. Doté d’un «arrosoir» à «arrosage massif et multiple», il «arrose» tous ceux qui doivent être «arrosés». Au cours des élections de 2016, il avait fait allégeance à tous les candidats qui comptaient. Il n’a jamais négligé une autorité qui a un pouvoir de décision. Il pourrit tout par l’argent, et dans tous les sens du terme.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 9 septembre 2016.