Ikililou Dhoinine et l’alibi perdu à jamais de Mohéli
Des projets foireux et un aveuglement dicté par l’arrogance
Par ARM
Il est temps pour les Comoriens en général et pour les Mohéliens en particulier de se faire une raison et d’admettre que le pouvoir pour le pouvoir n’est une solution pour personne. En juillet 2016, Mohéli a enterré le doyen de sa classe politique, mais a évité de s’interroger sur le bilan d’un homme qui a eu une activité politique pendant 50 ans. Faisons ce bilan. Le malheur des Comores, c’est qu’on croit qu’un titre de Président, ministre, Député, Directeur et autres flaflas est le signe distinctif de la bénédiction divine, et rares sont les dirigeants comoriens qui se soucient de la raison d’être de leur présence sur la scène publique. Rares et très rares sont les dirigeants comoriens qui se posent des questions sur l’héritage qu’ils vont laisser derrière eux. En la matière, l’île de Mohéli est très bien servie. La plupart des gens qui font de la politique à Mohéli ont un bon profil, mais à ce jour, personne n’a vu ce que ce profil a apporté aux Comores. Le diplôme de ces gens-là n’est pas accompagné de ce plus qui devrait faire la différence avec les éleveurs de cabris et les écailleurs de poisson.
Pour tout dire, lors de l’élection présidentielle de 2010, les Mohéliens avaient présenté les profils les plus pointus au cours d’un scrutin présidentiel aux Comores, mais cela n’a servi à rien: un ancien vice-président de la République, un vice-président de la République en exercice, un ancien président de la République par intérim, un ancien président de l’Assemblée de l’Union des Comores, deux anciens Premiers ministres, quatre anciens ministres, dont le premier ministre de la Défense du pays au lendemain de son accession à l’indépendance, un ancien président de l’île autonome de Mohéli, quatre Docteurs (Médecine dentaire, Pharmacie, Philosophie et Droit public), un Ingénieur civil, un spécialiste des Relations internationales, dans l’ensemble, des cadres de haut niveau. Or, «l’excellence mohélienne» a été un mirage, faisant un mémorable pschitt. Un écailleur de poissons aurait mieux fait car, lui, au contraire, connaît son métier et ses propres limites.
Mohéli a eu sa présidence de 2011 à 2016, et cela s’est soldé par des controverses, des polémiques et des regrets. Les Mohéliens qui ont été associés à ce régime politique ne sont pas les meilleurs fils que Mohéli a eus. En mai 2014, dans le tract historique «Kala Wa Dala», les neveux et cousins d’Ikililou Dhoinine avaient dit tout le mal que le monde entier devait savoir de ce régime politique, en s’adressant directement à Ikililou Dhoinine, en faisant sortir de leur sommeil leurs propres parents, qui se plaignaient auparavant quand on critiquait «le Roi». Les jeunes de Djoiezi avaient écrit ce qui suit: «Vous gouvernez cependant dans l’injustice, la corruption et dans le désordre absolu. Vous pensez qu’en trahissant l’homme qui vous a donné ce pouvoir et qu’en l’écartant catégoriquement de vous, vous alliez changer et devenir un homme brave, sérieux, digne d’un président, eh bien vous vous trompez […]. Ainsi, vous nommez des fraudeurs, des escrocs, des ivrognes, des sadiques, des corrupteurs, des détourneurs de fonds publics et des gens incompétents qui n’aiment pas leur pays. En plus, vos amis et ceux qui vous entourent sont des voleurs, des corrupteurs, des ignorants, des cancres, des illettrés, des minables, des personnes méchantes, malhonnêtes, impolies et maladroites qui ont des mémoires courtes et des esprits enfantins». Et, «nous concluons donc que vous êtes un formidable corrupteur, un excellent voleur et un grand menteur. Vous n’utilisez ni le Droit, ni la justice. Vous gouvernez dans l’injustice, dans la corruption et dans le désordre absolu».
On nous dit qu’en 5 ans, Ikililou Dhoinine ne pouvait redresser Mohéli. Personne dans ce monde ne le lui demandait. Il y a eu quelques réalisations dans l’ensemble du territoire des Comores. Il faudra que les Anjouanais et les Grands-Comoriens disent s’ils sont satisfaits des projets réalisés sur leurs îles respectives. En tout cas, à Mohéli, en dehors du bâtiment de Comores Télécom, on n’a rien vu venir. À ce jour, personne n’est sûr que les travaux de construction de l’aéroport de Mohéli seront achevés un jour. Le jour où Sa Majesté le Roi est parti construire un dispensaire à Djoiezi, nous étions un certain nombre de Djoieziens à traiter ce projet de pure folie mégalomaniaque puisque Djoiezi est à 5 minutes de Fomboni, dont il aurait fallu renforcer l’hôpital. Résultat, Sa Majesté a construit son dispensaire et l’a même inauguré, mais l’a fermé à vie le jour même de l’inauguration. Quelle intelligence éblouissante! Par la suite, Sa Majesté le Roi a remis entre les mains du kleptomane et kleptocrate Gouverneur Mohamed Ali Saïd des millions de francs de l’État et des millions de francs de la population de Djoiezi prétendument pour construire une digue devant protéger la ville des eaux de l’océan Indien. Et ce fut une escroquerie historique. N’ayant aucun Ingénieur, n’ayant pas de personnel qualifié, n’ayant pas le matériel adéquat, Mohamed Ali Saïd a jeté sur le sable de la plage de Djoiezi des blocs de ciment et un mur en «béton de paille», provoquant la colère de l’océan Indien, qui a tout cassé, obligeant les gens de Djoiezi à circuler en pirogues, vedettes et barques dans leur ville envahie par les eaux fâchées par tant d’hypocrisie. Voilà «l’excellence mohélienne». Regardez cette photo et vous verrez ce qui était advenu de la fameuse «digue présidentielle».
À Djoiezi, face à «Daradja Kayina Madji» («le Pont sans eau dessous»), que voit-on? Le fameux Palais présidentiel. C’était absurde de le construire à Djoiezi parce que la capitale de Mohéli est à Fomboni et non à Djoiezi. En plus, ce Palais présidentiel est construit au beau milieu de la forêt vierge, et il suffirait de partir de cette dernière pour aller renverser le maudit Président qui aurait le malheur d’aller y passer une seule nuit. Résultat: ce château de perdition n’a jamais reçu une visite présidentielle. Par contre, il ferait un très bon bordel. Qu’on y pense. Et si c’était pour ça qu’on l’a construit dans le Mato Grosso de Mohéli?
Allons, allons. Maintenant, prenez une carte de Mohéli et localisez l’emplacement de Fomboni par rapport à Nioumachioi. Les deux villes sont situées face à face, mais sont séparées par la jungle. En partant de Fomboni pour aller à Nioumachioi, on fait la moitié du tour de Mohéli. Construire une route directe aurait permis de diviser le trajet par quatre. Et c’est alors que Sa Majesté le Roi se jeta dans la folie consistant à vouloir construire une route à travers l’Amazonie. Un Ingénieur comorien lui demanda gentiment d’abandonner sa petite folie. Il refusa. Comme il considère qu’un Comorien est un nullard par définition, il fit appel à un Ingénieur français, qui lui déconseilla sa petite folie. Voilà où nous en sommes.
Cet homme a été un Président qui n’a préparé personne pour l’avenir. On peut dire tout ce qu’on voudra de Mohamed Larif Oucacha, mais lui, au moins, avait préparé une relève générationnelle. Ikililou Dhoinine, en s’entourant de ce que Mohéli a produit de pire, a fait perdre à Mohéli toute forme d’alibi. Les Mohéliens de Beït-Salam ont échoué. La présidence mohélienne a été une immense escroquerie qui a fini dans l’échec. Le jour où un Mohélien dira que son île est marginalisée et que les Mohéliens doivent être associés au pouvoir, il sera traité de gâteux et de gaga. Les Mohéliens de Beït-Salam ont échoué. Mohéli a perdu son alibi. Et si la présidence tournante a été instaurée pour ridiculiser cette île, il vaut mieux la supprimer ou ne pas y associer Mohéli. Ce n’est pas que les Grands-Comoriens et les Anjouanais feront mieux, mais que les Mohéliens ne veulent pas être ridiculisés. C’est tout.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 9 septembre 2016.