Saïd-Abasse Dahalani réhabilite Assoumani Azali en bon démocrate
Il transforme une dictature sanglante en démocratie et en État de Droit
Par ARM
J’aime Paris. J’aime me retrouver au Quartier Latin où je peux naviguer entre les grandes librairies des Éditions L’Harmattan, LGDJ, Dalloz et Boulinier, mon bouquiniste préféré. Ces grands temples du Livre sont voisins. J’aime Paris notamment parce qu’on y rencontre toute une faune prétendant faire de la politique pour, dit-elle, libérer des pays, sauver des peuples et des destins collectifs. J’y ai rencontré un Mchangama vivant à Marseille et qui se présente officiellement comme «Le Président de la Fédération des Associations comoriennes de France». Quand je lui demande une seule Association faisant partie de sa «Fédération», il n’en a cité aucune puisque son carcan est une carcasse vide ayant juste un beau nom, en fait une usurpation. Cet homme est Président d’une Fédération d’Associations ne comprenant aucune Association. Il fallait l’imaginer…
En tout état de cause, il a de sérieux soucis à se faire parce que la concurrence en matière d’usurpation associative est rude. Celle-ci vient surtout de Saïd-Abasse Dahalani, qui se définit comme le Président de la Convergence des Mouvements pour la République et l’État de Droit, COMRED, pour les intimes. Et notre homme de citer parmi ses biens personnels au sein de sa COMRED: «M17, PCDC-Djamnazi, Collectif des Notables de Ngazidja (CNN), Espoir des Comores, Front patriotique soilihiste (FPS), Mouroua, Shababi Mkombozi, Daoula Ya Haki, CHUMA, PASOCO, NEM et des personnalités telles que, le Général Salimou Mohamed Amiri, Ibrahim Dufriche-Soilihi ex-Premier-adjoint au Maire Montreuil».
En d’autres termes, Saïd-Abasse Dahalani est le propriétaire de toute la classe politique comorienne, et nous nous empressons de l’en féliciter. Emporté par ses prétentions de règne dans l’exclusivité et dans la possession, il a publié un document d’étalement de sa vantardise «intellectuelle», en faisant semblant de critiquer le décret 24-107/PR du 6 août 2024 portant refonte de l’organisation, du fonctionnement et des attributions du secrétariat général du gouvernement de l’Union des Comores, mais, en réalité, pour réhabiliter son chef, le dictateur Assoumani Azali Boinaheri, qu’il voit en bon démocrate et en chantre promoteur de l’État de Droit. Merci… Les contrats obtenus du dictateur valent une messe.
Sa tâche n’est pas facile parce que certaines de ses expressions sont impossibles à lire et à comprendre, le sommet du non-sens étant atteint par l’expression «Un pouvoir pseudo-légalement usurpé, une démocratie méthodiquement démantelée». Est-ce que dans ce monde et même dans l’au-delà, quelqu’un serait capable d’expliquer aux masses populaires le sens du concept «Un pouvoir pseudo-légalement usurpé»? Pis, en parlant de «démocratie méthodiquement démantelée», il accorde au dictateur Assoumani Azali Boinaheri le statut de démocrate qui a cessé de l’être parce qu’il démantèle la démocratie. Mais, où a-t-il vu un jour les Comores, surtout sous la tyrannie d’Assoumani Azali Boinaheri, en démocratie?
Quand Saïd-Abasse Dahalani déclare que, «face à cette crise, le Colonel Azali Assoumani semble avoir choisi la solution radicale: instaurer une monarchie illibérale et autocratique», il n’admet pas que «la solution radicale» est déjà une réalité, puisque selon lui, le dictateur de Mitsoudjé «semble» seulement l’envisager, quand la «monarchie illibérale et autocratique» est déjà en place. «L’Homme Opposition» considère qu’il s’agit juste d’un projet en devenir.
Plus vil encore, Saïd-Abasse Dahalani écrit que pour le moment, le dictateur Assoumani Azali Boinaheri est juste un innocent qui n’a fait aucun mal, qui n’a rien fait en faveur de sa famille, et qui règne sur un État de Droit. Exagération de notre part? Que nenni. Que nenni. En voici la preuve: «Azali profite de ce moment où les Comoriens sont distraits par ces festivités pour promulguer des décrets scélérats qui finalisent la concentration des pouvoirs aux mains de son clan familial et pour mettre en phase opérationnelle son régime héréditaire et autoritaire, tout en discréditant l’État de droit». Quel État de Droit? Peut-on discréditer l’État de Droit là où n’existe pas l’État de Droit? Voire… Pour Saïd-Abasse Dahalani, c’est juste maintenant que la dictature clanique est «en phase opérationnelle». Bel optimisme.
En réalité, Saïd-Abasse Dahalani n’a qu’un seul problème: la mégalomanie narcissique et arrogante. Il est mégalomane, prétentieux, possessif, accapareur d’hommes et de coquilles politiques vides, lui qui n’a jamais été capable de se faire élire ne serait-ce que chef des balayeurs de son quartier, chez lui, à Mitsamiouli. Ses prétentions «intellectuelles» sont source de confusions monumentales et de graves fautes d’Histoire.
Nous voici devant le livre posthume de l’ancien Président Saïd Mohamed Djohar dit «Papadjoe», le pionnier mondial de la «gendrocratie». En Préface, Saïd-Abbase Dahalani dit doctement que Saïd Mohamed Djohar l’avait chargé de faire publier ce livre sous forme de Mémoires. À la page 246, Saïd Mohamed Djohar – si tant est que c’est lui qui l’a écrit – parle de l’arrivée aux Comores d’Ahmed Abdallah Abderemane et de ses hommes après leur coup d’État du 13 mai 1978 contre Ali Soilihi, vivant en ce moment et qui ne sera assassiné que le 29 mai 1978. J’insiste: Ali Soilihi n’a pas été assassiné le 13 mai 1978, lors de son renversement, mais 16 jours plus tard, soit le 29 mai 1978. C’est le 23 mai 1978 qu’Ahmed Abdallah Abderemane et ses hommes sont arrivés aux Comores. Au moment de cette arrivée, Ali Soilihi était encore vivant, pour encore 6 jours.
Pourtant, le livre de Saïd Mohamed Djohar (demi-frère d’Ali Soilihi) et Saïd-Abasse Dahalani l’a «tué» avant le 23 mai 1978. En voici l’imposture: «Le lendemain matin, la ville grouillait de monde. L’accès à l’aéroport était strictement contrôlé. De nombreux amis d’Ahmed Abdallah, comme moi-même, étions bloqués à l’entrée. À leur descente d’avion, Ahmed Abdallah et ses compagnons furent accueillis par des cris de joie assourdissants et des tonnerres d’applaudissements. Ahmed Abdallah avançait dans la foule d’un pas alerte lorsque, entre deux rangées, il m’aperçut. Il s’approcha de moi et dit à voix basse:
– J’ai appris ce qui est arrivé à ton frère [Ali Soilihi]. Je ne suis pour rien dans cet assassinat, crois-moi. C’est lui qui m’a sauvé la vie, et je ne suis pas un ingrat. J’avais pourtant recommandé à ces “affreuxˮ de ne lui faire aucun mal. Que s’est-il passé exactement pour qu’ils perdent leur contrôle et agissent stupidement comme ils l’ont fait? De toute façon, je le saurai, et je ne pardonnerai jamais cet acte barbare.
– Tu es mieux placé que personne pour savoir le complot qui a abouti à cette fin horrible d’Ali» Soilihi: Saïd Mohamed Djohar: Mémoires du président des Comores. Quelques vérités qui ne sauraient mourir, Les Éditions L’Harmattan, Paris, 2012, p. 246.
Voilà où conduisent la vantardise et les prétentions intellectuelles d’un… prétentieux.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Lundi 19 août 2024.