Pour les Comores, Saïd Hilali accuse Ahmed Sambi
Le Comorien le plus «mondialisé» évoque les passeports
Par ARM
Quand les Comoriens voient l’homme d’État Saïd Hilali assis aux côtés de l’ancien chef d’État Ahmed Sambi, ils se disent: «Ces deux-là sont copains». En tout cas, ils se connaissent et se parlent. Pour autant, seul l’avenir nous dira s’ils vont se parler de nouveau parce que la charge que Saïd Hilali vient de lancer contre Ahmed Sambi n’augure pas de bonnes relations à venir entre les deux hommes. Pour tout dire, Saïd Hilali accuse vertement Ahmed Sambi d’avoir profité du trabendo des passeports comoriens au Moyen-Orient pour s’enrichir dans des proportions inégalées et honteuses. En réalité, depuis 2015, le patriote sincère Ahmed Youssouf dit Alley nous parle de la version originale et anglaise du livre d’Atossa Araxia Abrahamian sur l’immonde trabendo des passeports comoriens par Ahmed Sambi, Mohamed Bacar Dossar et consorts. Quand ce livre a été traduit en français en 2016 et vendu en France, c’est bien Mme Thouybat Saïd Omar, épouse Saïd Hilali, qui en fit l’annonce aux autres Comoriens (Photo ci-dessous), et nous l’avons acquis durant les heures qui ont suivi son cri du cœur contre les pratiques mafieuses des autorités comoriennes sur le trabendo lié à la vile et hideuse «citoyenneté économique», de sinistre mémoire.
Aujourd’hui, Saïd Hilali n’en peut plus. En privé, il demanda poliment à Ahmed Sambi de reconnaître en public avoir volé l’argent des Comoriens. Mais, comme le narcissique arrogant Ahmed Sambi, déifié par ses hommes, ne veut pas le faire, il l’interpelle par une lettre ouverte délicieusement intitulée «Sambi devra forcément être mis en accusation». Dans cette grave mise en accusation, nous lisons ce qui suit: «Je me trouve dans l’obligation de vous adresser cette lettre ouverte, suite à nos communications d’hier et votre récusation d’accepter mon invitation à l’organisation d’un débat public portant sur les accusations de détournement de fonds publics, le prosélytisme du Chiisme aux Comores, la mauvaise gouvernance, etc.
Vous avez décidé de priver les Comoriens de leurs droits démocratiques de connaître la vérité. Pourtant, il est clair pour tous les Comoriens et pour le monde entier d’ailleurs que Vous êtes empêtré dans les plus graves affaires de détournement de fonds et de corruption que les Comores n’ont jamais connues. Vous ne pourrez pas vous en sortir par des haussements d’épaule CAR LES FAITS SONT LÀ ET ILS SONT TÊTUS. Permettez-moi de rappeler que Madame Atossa Araxia Abrahamian a écrit un livre (Citoyennetés à vendre, Lux Éditeur, 2016) très documenté qui met Sambi en accusation, il y est décrit par le détail les centaines de millions de dollars volés aux Comoriens dans l’affaire des passeports, aussi bien que dans les mauvais contrats. Ce livre a fait le tour du monde et les faits vous ont frappé d’indignité et d’opprobre.
VOUS DEVEZ VOUS EXPLIQUER MONSIEUR SAMBI
Vous devez rendre cet argent qui n’est pas le vôtre, aux Comoriens. Permettez-moi de vous préciser que les partenaires techniques des Comores et les institutions de Bretton Woods sont disposés à mettre toute leur expertise pour que la lumière soit faite et que les capitaux soient rendus à l’État comorien. Le peuple comorien vous rappelle que le Président Azali Assoumani n’est pas Pontius Pilate. Il ne sert à rien de répondre à ces accusations par des insultes ou des haussements d’épaules qui ne vous grandissent pas. Il ne sert à rien d’envoyer vos soutiens répandre la haine et les insinuations non fondées à la Gôdelienne, sur les réseaux sociaux. Le silence et le mépris ne sont pas acceptables, il s’agit de l’avenir des Comoriens, il est interdit de confisquer par le vol l’éducation, l’emploi et la santé que l’utilisation honnête de ces fonds permettrait de rendre concrets.
Permettez-moi de vous dire Monsieur Sambi que l’Histoire est en marche et que vous n’y pourrez rien. Souvenez-vous de ce qu’écrivait Abraham Lincoln: “On peut tromper une partie du peuple tout le temps, on peut tromper tout le peuple une partie du temps MAIS ON NE PEUT PAS TROMPER TOUT LE PEUPLE TOUT LE TEMPS”. VOUS DEVREZ RENDRE CET ARGENT MONSIEUR SAMBI».
Saïd Hilali note dans sa lettre ouverte qu’«Azali Assoumani n’est pas Pontius Pilate», mais celui-ci est empêtré dans ses propres vols comme l’a noté Thierry Vircoulon dans son article publié à la Revue Étude en janvier 2007 et repris sur le site officiel du ministère français des Affaires étrangères. De cet article, on retient en particulier le passage qui parle du vol de 20 milliards de francs comoriens par le «concubinocrate» Azali Assoumani aux Comoriens: «La privatisation de l’État, le “néo-paternalisme” de type sultanique ou la “politique du ventre”, bref les racines de ce que la Banque mondiale appelle la “mauvaise gouvernance” n’ont pas été éradiquées durant la transition. Corruption et mauvaise gouvernance ont continué à prospérer sous les yeux de la “communauté internationale”: aux Comores, comme l’atteste la découverte de 40 millions d’euros dans des comptes à l’étranger, le Colonel Azali a pillé le Trésor public et distribué les contrats publics à la coterie formée par ses proches».
S’agissant du dossier de la «citoyenneté économique», rendons-nous sur les pages du livre d’Atossa Araxia Abrahamian où sont signalés les faits suivants: «L’ancien cadre du holding de Kiwan se souvenait aussi qu’au cours des six derniers mois de la présidence de Sambi, il a négocié lui-même l’échange de 10.000 passeports, et que c’était loin d’être fini: “Quand je suis parti, il y avait encore des valises pleines de passeports, qui allaient et venaient”, a-t-il précisé. Ce sont environ 20.000 passeports qui auraient été délivrés pendant les deux années au cours desquelles la CGH a participé aux négociations. Mohamed Alhadi Abbas, ancien chef du Cabinet du ministre comorien de l’Intérieur, croit quant à lui que près de 60.000 passeports ont été vendus aux Émirats depuis l’inauguration du programme, tandis qu’un diplomate étranger évalue plutôt ce nombre à 100.000. Si un passeport se détaillait effectivement entre 6.000 et 8.000 dollars [2.764.062 à 3.684.402 francs comoriens], le gouvernement comorien devait avoir récolté au moins 360 millions [165.745.080.000 francs comoriens]. Dans ce cas, des centaines de millions de dollars ne seraient jamais parvenus jusqu’aux comptes comoriens, du moins ceux dont le FMI a connaissance.
“Je vous le dis, c’est très simple, m’a expliqué l’ancien cadre de la CGH. Bachar n’a pas donné d’argent aux Comoriens”. Le gouvernement comorien, pour sa part, clame que la CGH ne lui a pas payé 16 millions de dollars [7.365.390.000 francs comoriens] qui devaient lui revenir. […] Mohamed Dossar, qui représentait l’État dans le contrat signé en 2008 entre les Comores, les Émirats et Bachar Kiwan, a été catégorique: “Il est évident que la CGH ne nous a pas donné tout l’argent qu’elle nous doit”. Il a ajouté que le contrat en question avait été révisé à la fin de 2010. […]. Lorsqu’on jette un coup d’œil à la ville de Moroni, c’est que les projets d’infrastructures à grand déploiement qu’on avait annoncés n’ont jamais vu le jour. Quelques routes ont été construites au petit bonheur la chance, et des membres de la communauté diplomatique prétendent qu’une partie de l’argent a servi à payer des arriérés de salaires. Rares sont les Comoriens qui voient, parmi ces quelques progrès anecdotiques, les bénéfices à long terme de la vente en gros de leur nationalité»: Atossa Araxia Abrahamian: Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, Lux Éditeur, Montréal, 2016, pp. 148-149.
Les faits sont très graves. Mais, ce qui est encore plus grave, c’est que rien ne sera fait pour que le peuple comorien puisse reprendre son argent volé par les kleptocrates et alliés «circonstanciels de temps» Ahmed Sambi et Azali Assoumani Baba.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 26 janvier 2017.