La leçon de politique et diplomatie de Mohamed Ali Dia
La dictature actuelle aurait gagné à la prendre au sérieux
Par ARM
Pour se faire nommer à la tête de l’Office de Radio et Télévision des Comores (ORTC), Msa Ali Djamal avait déployé la panoplie du parfait mendiant de poste, écrivant sur lui-même des textes panégyriques qu’il attribuait à autrui dans l’unique but de claironner sur les toits sa capacité à «faire révolutionner l’ORTC». À force de piteuses courbettes, de génuflexions larmoyantes et d’obséquiosité servile, il finit par obtenir le poste de Directeur de l’ORTC sans lequel on l’aurait enterré à Mitsoudjé puisque, depuis sa nomination, il est devenu un renégat, après avoir renié ses origines, qui se situent à Chezani-Mboinkou. Pourtant, la «révolution» médiatique qu’il annonçait à l’ORTC à coups de péroraisons et d’ergotages n’a pas eu lieu et n’aura jamais un début de commencement, dans la mesure où il ne connaît rien sur la façon de diriger un média. Le niveau lamentable des interviewés de l’ORTC en dit long sur le niveau lamentable du Directeur de la chaîne lui-même. Et ce n’est pas fini. En effet, pas plus tard que dans la soirée du mercredi 23 novembre 2016, sa boîte à images qui bougent et dansent osait afficher le message selon lequel, faute d’électricité, elle n’était pas capable de transmettre le journal télévisé. Va donc pour la chansonnette. C’est toujours ça de pris.
Au cours de cette même soirée musicale, on assista à la retransmission de l’interview que l’Ambassadeur Mohamed Ali Dia avait accordée à «Félix» pour parler de l’ancien Président Mohamed Taki Abdoulkarim, décédé le 6 novembre 1996. Bizarre. Très bizarre. Lors de cette interview, l’Ambassadeur Mohamed Ali Dia avait sorti le grand jeu et avait dit des choses très intéressantes pour le passé, le présent et l’avenir des Comores, contrairement aux hurluberlus autoproclamés «gens d’un grand intérêt politique», allant de la bande à Tocha Djohar à d’autres spécimens insipides et spécialisés dans le radotage et cancans de bas étage, que la chaîne fait intervenir.
Naturellement, même quand on n’est pas abonné à l’ORTC, on a entendu parler de cette interview, mais uniquement sur la partie qui concerne cette mystérieuse femme étrangère qui, dans un hôtel à l’étranger, s’approcha de Mohamed Ali Dia lui demanda «êtes-vous Mohamed Ali Dia?», avant de lui asséner «alors, faites attention à vous!». C’était en novembre 1998, quelques jours avant la mort inexpliquée du Président Mohamed Taki Abdoulkarim. Mohamed Ali Dia était alors en mission à l’étranger avec le Président Mohamed Taki Abdoulkarim, dont il était le Directeur du Protocole. Comme cet avertissement a été fait par une étrangère portant «un petit sac sous forme de pistolet», la chose fait parler beaucoup de monde, alors que d’autres choses éminemment et également intéressantes ont été dites. Et, il s’agit de véritables leçons de politique interne et de politique extérieure.
S’agissant de la leçon de politique interne, Mohamed Ali Dia a expliqué le ralliement de nombreux anciens candidats à Mohamed Taki Abdoulkarim lors de l’élection présidentielle de 1996, et surtout la volonté affichée par l’ancien Président d’associer toutes les sensibilités politiques du pays à la gestion des Comores. Il a expliqué comment le Président Mohamed Taki Abdoulkarim avait compris avant tous les autres chefs d’État comoriens – avant et après lui – que la sphère publique du pays ne saurait être réduite à un petit clan, mais doit être ouverte à tous les enfants de la nation. Il cita l’exemple de Mohamed Ali Soilihi, qui n’avait pas soutenu Mohamed Taki Abdoulkarim, de Mbéni comme lui, lors du scrutin présidentiel de 1990 et au premier tour de l’élection du chef de l’État en 1996, alors que l’élu allait faire appel à son petit frère et à le mettre à contribution. De cette leçon de maturité politique et de tolérance, Mohamed Ali Dia tira une conclusion sans appel et qui doit faire sortir le «saigneur» Azali Assoumani et ses roquets de l’ignorance, de la bêtise et de l’arrogance narcissique: «Aucun parti politique ne peut diriger seul les Comores, et nous le constatons en voyant ce qui se passe aujourd’hui».
Dans un pays qui a sombré dans la terreur et dans l’élimination de toute forme de liberté, y compris la liberté d’expression et la liberté de presse, aller sur le ronronnant et soporifique machin de Msa Ali Djamal et compagnie pour dire de telles choses demande du courage, et ce courage-là, Mohamed Ali Dia l’a eu. C’est à son honneur. Fort malheureusement, l’ORTC ne va pas faire appel à d’autres personnalités ayant le courage de dire au «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani et sa bande qu’ils sont dans l’erreur et que, à force de diviser les Comores en factions pour ne faire travailler que les spécialistes de la mendicité politique, ils ont déjà conduit tout un pays dans les abysses de la médiocrité et du sous-développement. Point n’est besoin d’être divin et polytechnicien pour savoir que l’ostracisme du putschiste multirécidiviste Azali Assoumani est un grave échec dont les Comores payeront le prix pendant des décennies.
S’agissant de sa belle leçon de politique extérieure, tel un Professeur émérite devant des étudiants boutonneux et gommeux, Mohamed Ali Dia a dit ce que les «bons et vrais Comoriens» ne veulent pas entendre, à savoir: le Président Mohamed Taki Abdoulkarim avait compris et admis la nécessité de dialoguer avec les Mahorais, puisque le vrai problème n’est pas à Paris, mais à Mayotte, avec les Mahorais. Pour lui, il ne fait pas de doute que les Comores pourraient faire voter une flopée de résolutions à l’ONU pour constater le statut comorien de Mayotte, mais tant que les trois îles indépendantes seront dans le dénuement total que tout le monde constate actuellement, les Mahorais ne voudront jamais que leur île soit rattachée aux Comores. Il défonce une porte ouverte en disant que si les Comores restent dans l’état actuel de médiocrité, et même si la France se retirait de Mayotte, cette île, plutôt que de retourner aux Comores, demanderait un rattachement à Madagascar ou le statut d’île indépendante constituant à elle seule un État souverain. Cela s’appelle parler vrai. Cela relève d’un réalisme qu’il serait fastidieux de contester quand on est de bonne foi.
Naturellement, les «bons et vrais Comoriens» peuvent toujours ressortir la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 intitulée «Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux» ou «Charte de la Décolonisation», et citer son article 3: «Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l’enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l’indépendance». Les «vrais et bons Comoriens» pourront citer également l’article 6 de la résolution: «Toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies». Mais, que feront-ils des Mahorais? Croient-ils réellement que les Mahorais vont lâcher ce qu’ils ont en restant Français pour aller se suicider au sein d’un État comorien dont tous les voyants sont au rouge foncé, à un moment où les Comoriens des îles indépendantes ayant la nationalité français sont plus nombreux que les Mahorais?
Félicitations donc à l’Ambassadeur Mohamed Ali Dia, qui a eu le courage de dire aux Comoriens ce qu’ils doivent entendre en termes de tolérance et de realpolitik. Si d’autres veulent rester dans le ramage et bavardage de Maître Corbeau, on ne peut que leur souhaiter bon courage.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 25 novembre 2016.