«Il est beau, le jour où on rentre chez soi»
Le Maroc au sein de l’Union africaine: la fête
Par ARM
Sans interruption, j’ai vécu au Maroc de septembre 1986 à mars 2015. J’y ai fait mes études supérieures. Par la suite, j’ai travaillé dans une entreprise française de communication à Casablanca, la capitale économique. Mes premiers enfants sont nés à Rabat, la capitale politique, et ont pour langue maternelle le darija, l’arabe local. Chaque fois que je suis dans l’avion en direction du Maroc, je suis saisi de nostalgie anticipée parce que je me dis: «Dans une semaine, je dois prendre l’avion pour quitter de nouveau ce merveilleux pays, et faire le chemin inverse». Mais, ai-je vraiment quitté le Maroc, même si physiquement, je n’y vis plus? Non. En tout état de cause, en 2014, j’ai écrit deux ouvrages sur le Maroc:
Sociologie de la diplomatie marocaine, L’Harmattan, Collection «Histoire et Perspectives méditerranéennes», Paris, mai 2014 (592 p.).
Ce que le Maroc doit au Roi Hassan II, L’Harmattan, Collection «Histoire et Perspectives méditerranéennes», Paris, juin 2014 (425 p.).
Naturellement, dans ces deux ouvrages, il avait fallu aborder la question nationale du Sahara marocain et signaler qu’il ne fallait pas que le Maroc quitte l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en 1984, laissant ses adversaires y faire la pluie et le mauvais temps. Or, il faut comprendre la déception du Maroc: contre des pétrodollars, des chefs d’État africains poussèrent la cupidité, l’irresponsabilité et la désinvolture jusqu’à admettre la «République arabe sahraouie démocratique» («RASD») comme État, sans en avoir les trois éléments constitutifs (territoire, population et institutions étatiques) et l’effectivité. Ces mêmes chefs d’État africains admettaient la «RASD» à l’OUA, faisant partir le Maroc, un État fondateur.
Il faut savoir que Mohamed Abdelaziz (1947-2016), Président de la «RASD» de sa proclamation en 1976 à sa mort en 2016 (ce qu’on appelle un «Président à vie, à mort et jusqu’à ce que mort s’ensuive») est un Marocain né à Marrakech, et son père, Khelili Mohamed Salem Rguibi, est un soldat retraité des Forces Armées Marocaines (FAR), un Marocain très fier de sa marocanité, mais dont le fils est devenu la honte. Ce fils est devenu un renégat en prenant les armes contre son propre pays. Un renégat, oui…
Ne perdons pas de vue le fait que la «RASD» est une émanation du POLISARIO, créé en 1973 par des Marocains pour la libération de la colonisation espagnole, pour le restaurer dans sa marocanité historique, et cela, en concertation avec les autres forces politiques marocaines. El-Ouali Mustapha Sayed, fondateur du POLISARIO, est un Marocain qui a milité au sein de l’Union nationale des Étudiants du Maroc (UNÉM) et au sein du Parti communiste marocain avant d’y être chassé par le regretté Ali Yata, qui ne supportait pas ses idées explosives. Par la suite, le POLISARIO fut récupéré, manipulé, instrumentalisé et dévoyé par la Libye de Mouammar Kadhafi et après, par l’Algérie de Houari Boumediene, et a commis une immense erreur juridique: il n’a jamais été un mouvement de libération nationale au sens du Droit international public. L’Algérie, qui veut avoir une façade atlantique à travers le Sahara marocain, plaça tous ses espoirs sur la «RASD», la «République» qui n’a jamais existé.
Dans son avis consultatif du 16 octobre 1976, la Cour internationale de Justice (CIJ) a bien reconnu que «le territoire avait, avec le Royaume du Maroc, des liens juridiques possédant les caractéristiques du paragraphe 162 du présent avis». Ces liens juridiques étaient basés sur l’allégeance des tribus du Sahara marocain aux souverains marocains, et on ne fait allégeance qu’à l’autorité à laquelle on se soumet. L’opinion personnelle du Libanais Fouad Ammoun, juge à la CIJ lors de l’avis consultatif du 16 octobre 1976, est très éclairante sur la notion d’allégeance, en tant que fondement de la souveraineté nationale en Droit public marocain.
Ce mardi 31 janvier 2017, le Maroc a fait un retour triomphal au sein de la grande famille panafricaine. En elle-même, l’entrée du Roi Mohammed VI dans la salle de conférence a été un événement spectaculaire, dignement célébrée. Le Roi Mohammed VI a prononcé par la suite un discours très émouvant, dont la communauté internationale dans son ensemble a retenu la partie la plus sentimentale dans un discours sentimental: «Il est beau le jour où l’on rentre chez soi après une trop longue absence. Il est beau le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé. L’Afrique est mon continent et ma maison. Je rentre enfin chez moi et vous retrouve avec bonheur. Vous m’avez tous manqué. Le soutien franc et massif que le Maroc a recueilli, témoin de la vigueur des liens qui nous unissent, le retrait de l’OUA était nécessaire. Il a permis de recentrer l’action du Maroc dans le continent, de mettre aussi en évidence combien l’Afrique est indispensable au Maroc et combien le Maroc est indispensable à l’Afrique. Il est l’heure de rentrer à la maison, nous avons choisi de retrouver la famille».
Il faut y ajouter le passage suivant: «Nous avons choisi de retrouver la famille, une famille que nous n’avions pas véritablement quittée. En effet, malgré les années où nous étions absents des instances de l’Union africaine, nos liens jamais rompues, sont restées puissantes. Les pays africains frères ont toujours pu compter sur nous. Des relations bilatérales fortes ont ainsi été développées de manière significative. Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu dans différents domaines de coopération près d’un millier d’accords avec les pays africains. À titre de comparaison, savez-vous qu’entre 1956 et 1999, 515 accords avaient été signés, alors que depuis 2000, il y en a eu 949, c’est-à-dire, près du double? Pendant ces années, j’ai moi-même souhaité donner une impulsion concrète à ces actions, en multipliant les visites dans les différentes sous-régions du continent».
Tout ça est vrai.
www.lerelais.ma, un journal marocain en ligne, publie un article intitulé «UA: Un retour qui n’est pas du goût des voisins», et nous apprend: «C’est la conjonction de plusieurs éléments qui ont fait qu’Alger n’admet, toujours pas, le retour magistral et royal du Maroc à l’organisation panafricaine. La presse algérienne a fait, aujourd’hui profil bas, après avoir constaté l’échec des efforts de lobbying fournis par les autorités algériennes, en parfaite collaboration avec les Sud-Africains. Certes, le voisin a voulu user de la carte de l’avis juridique pour retarder le processus d’admission dans l’UA, en avançant l’argument de la contrainte juridique qui “pourrait” découler de l’intégration d’un pays qui occupe les territoires d’un autre État membre, il n’en demeure pas moins vrai que les efforts diplomatiques fournis par le roi Mohammed VI, le poids stratégique du Maroc tant sur un point de vue socio-économique que religieux, a fait que le royaume chérifien a pu relever le défi, et revenir à la maison. Une belle victoire pour le souverain, et une magnifique victoire pour le pays».
Ce qui est énervant, c’est que l’Afrique africaine est restée l’Afrique africaine. Autrement, elle aurait dû chasser de ses rangs la fantomatique «RASD» et admettre sans le moindre chichi le Maroc, un vrai État, situé en Afrique. Mais, l’Algérie est là. Elle a fait de la Commission Paix et Sécurité sa chose, toujours dirigée par un de ses ressortissants. En plus, elle vient de placer à la présidence de la Commission de l’Union africaine le Tchadien Moussa Faki Mahamat, alors que la candidature de la Kenyane Amina Mohamed était plus sérieuse et plus respectable.
Pour le reste, nous ne boudons pas notre plaisir d’assister au grand retour du Maroc dans la grande famille panafricaine, où il ne manquera pas d’apporter toute son expérience d’État plusieurs fois séculaire, un État créé en 789, l’un des premiers États créés au monde.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 1er février 2017.