«Faire une distinction entre l’Islam et les Musulmans»
La terre d’Islam doit retrouver sa tolérance et son éthique
Par ARM
Alors Président de la République algérienne, Houari Boumediene avait eu ce mot dont la pertinence a été renouvelée et amplifiée par les perturbations malheureuses dans lesquelles des criminels obscurantistes s’arrogeant le droit de s’approprier de l’Islam l’ont plongé: «Il convient de faire une distinction entre l’Islam et les Musulmans. Le défaut n’est pas dans l’Islam mais dans ceux qui se disent Musulmans». La formule «ceux qui se disent Musulmans» est très heureuse et séduisante. Elle nous apprend une chose fondamentale: ceux qui prétendent être des «Musulmans» ne le sont pas nécessairement. Ceux qui s’agitent le plus et agitent l’Islam se situent souvent à ses antipodes. Ils parlent de l’Islam, s’en servent sans vergogne, mais n’en savent strictement rien. Pour les besoins de leur cause, ils disent même qu’ils sont les «bons et vrais Musulmans» comme existent les «bons et vrais Comoriens».
En son temps, le vrai orientaliste Maxime Rodinson avait parfaitement saisi les données du problème, notant que «gouvernement islamique en soi ne veut rien dire. On peut déclarer islamique l’État qu’on dirige moyennant quelques conditions minimales aisées à remplir: proclamer la fidélité à l’Islam dans les textes constitutionnels, mettre ou remettre en vigueur légalement quelques mesures archaïques spectaculaires, se concilier – facilement (chez les Sunnites) ou avec plus de difficultés éventuellement (en pays chiite) – le corps des Uléma. Mais en dehors de ce minimum, le champ est vaste. On peut avoir affaire à des régimes différents et même diamétralement opposés. Ils peuvent s’accuser mutuellement de trahir le “vrai” Islam. Rien n’est plus facile ni plus dangereux que de manier l’accusation ancestrale: l’adversaire est un “ennemi de Dieu” (adou Allah). Ces anathèmes mutuels, incorporés souvent dans les fatwa (consultations) contradictoires des autorités complaisantes, ne sont pas non plus de nature à renforcer la confiance en la vertu de l’islamité proclamée d’un État»: Maxime Rodinson: Réveil de l’intégrisme musulman? in Paul Balta: L’Islam dans le monde, Le Monde Éditions, Paris, 1991, pp. 49-50.
Aujourd’hui, ceux qui disent avoir recréé le «Khalifat» et donc «l’État islamique» n’ont proposé que la mort et la destruction. Ils ne savent que tuer et détruire dans la haine. Leur connaissance de l’Islam est nulle. Tout en eux se limite à la mort. Ils parlent de «guerre sainte», mais tuent au nom de leur haine et non de Dieu. Dieu n’a demandé à personne de tuer d’innocents en Son nom sacré. Les faux Musulmans tuent les Musulmans et d’autres peuples.
Et, il y a le problème des minorités en terre d’Islam. L’orientaliste Louis Milliot présente l’Asie occidentale, berceau de l’Islam, en «terre fertile en croyances»: Louis Milliot: La conception de l’État et de l’ordre légal dans l’Islam, RCADI, 1949, Tome II, volume 75 de la collection, Recueil Sirey, Paris, 1949, p. 597. Cette «fertilité en croyances» est d’autant plus édifiante que, s’agissant de la mission du Prophète Mohammed, «pour un peuple qui a eu cent vingt-quatre mille prophètes, qu’un homme de plus parle du Ciel et de Dieu, au coin de la rue, ce n’est pas un fait qui mérite que l’on s’y arrête»; logiquement donc, au départ, en 609 de l’ère chrétienne, «les gens de La Mecque ne sont pas hostiles à l’Islam. Ils l’ignorent. Les Qoraïchites voient prêcher Mahomet; ils passent près de lui sans prendre une attitude quelconque. Ils sont indifférents»: Virgil Gheorghiu: La vie de Mahomet, Librairie Plon, Presses Pocket, Paris, 1962, p. 101. Par la suite, l’Islam devint majoritaire dans ces régions, et les communautés millénaires locales devinrent minoritaires. Ce qui peut créer des situations de tensions entre communautés religieuses.
Le Proche-Orient en est un exemple dramatique, avec ses guerres qu’on attribue à Dieu. Dans cette région, le problème kafkaïen. Paul Balta (né en Égypte, grand et vrai spécialiste du monde arabe) en témoigne: «En 1962, une délégation d’intellectuels syriens et libanais allait apporter le salut du Machrek (Orient arabe) à l’Algérie indépendante. Un de ses membres était chrétien. Les Algériens qu’il rencontrait ne comprenaient pas qu’il pût aussi être “arabe”. Et il y eut maintes fois cet échange avec ses interlocuteurs:
– Je vous l’assure, je ne suis pas un Arabe arabisé, un Arabe de culture comme les Égyptiens et les Berbères du Maghreb, je suis arabe, ethniquement, racialement. Par le sang, si vous préférez.
– Alors, tu es musulman…
– Mais non! À l’exception des coptes d’Égypte, la plupart des chrétiens du Proche-Orient sont d’authentiques Arabes.
– Ce n’est pas possible. Les chrétiens sont des roumi [les Byzantins et, par extension, les Européens], et les Arabes sont musulmans.
– Pour me faire mieux comprendre, disons que je suis un “chrétien musulman”.
– Alors tout s’éclaire. Que ne l’as-tu pas dit plus tôt»: Paul Balta: Les chrétiens arabes – Des frères mal aimés, in Paul Balta: L’Islam dans le monde, op. cit., p. 70.
En Égypte, pays dont la communauté chrétienne est actuellement endeuillée du fait des agissements haineux des faux Musulmans, la situation est très dramatique. Pour tout dire, l’Égypte a été chrétienne des siècles avant l’arrivée de l’Islam. Les Chrétiens du pays (Coptes) «affirment avoir été convertis en l’an 42 par Saint Marc, qui aurait construit la première église à Alexandrie. Leur nom même dérive du grec aegyptos, qui signifie égyptien. Ils appartiennent à la minorité des habitants qui ne se sont pas convertis à l’Islam lors de la conquête de l’Égypte en 640. Ils représenteraient presque 10% des soixante-quatre millions d’habitants». Or, «selon les estimations les plus courantes, les coptes représentent 10% de la population, environ 20% de l’économie, mais seulement 1,5% des fonctionnaires. C’est leur principale doléance. Ils sont exclus des hauts échelons de l’armée, de la police, des services de renseignement, de la magistrature, des postes de gouverneur, etc. À Assiout, un professeur de mathématiques gagne 200 livres égyptiennes par mois (50 euros); un officier de la sécurité, moins formé, reçoit 850 livres (212 euros). Parfois, les barrières sont moins visibles, mais elles existent, comme dans certaines universités. Bien sûr, on peut aller devant la justice pour redresser telle décision, mais il est presque impossible d’obtenir que le jugement soit appliqué. […]. Mais, bien que l’on compte deux ministres coptes, ils n’atteignent jamais le sommet de la hiérarchie (l’ancien secrétaire général de l’ONU, M. Boutros Boutros-Ghali, par exemple, ne fut jamais plus que ministre d’État des Affaires étrangères, ce qui équivaut au poste d’adjoint)»: Wendy Kristianasen: Enquête sur des chrétiens d’Orient. «Question» copte, questions à l’Égypte, Le Monde diplomatique, Paris, mai 2001, p. 18.
Les Musulmans se disent Musulmans, et la plupart se disent Sunnites, mais violent la Sounna du Prophète Mohammed. Justement, le Prophète Mohammed est à l’origine de la Constitution de Médine («la première Constitution écrite du monde», selon le regretté Muhammad Hamidullah), un texte fondamental de Droit international public et privé rédigé en l’an I de l’Hégire (622). On y trouve les dispositions qui suivent: «Aux Juifs leur religion et aux Musulmans leur religion, qu’il s’agisse de leurs maula [clients], ou protégés, ou d’eux-mêmes» (article 25). «Aux Juifs leurs dépenses et aux Musulmans leurs dépenses. Qu’il ait entre eux entraide contre quiconque combattra ceux que vise cet écrit. Qu’il y ait entre les Juifs et les Musulmans bienveillance et bonne disposition, observance, non-violence» (article 27). «La vallée de Yathrib est sacrée pour le peuple de ce document» (article 39). «Le voisin protégé tient la place de protecteur lui-même, à condition qu’il ne fasse aucun mal et qu’il n’agisse pas traîtreusement» (article 40).
L’Islam se caractérise donc par l’éthique et l’esthétique, des vertus qu’on ne retrouve pas dans les agissements criminels des terroristes qui ensanglantent et endeuillent la Planète par haine et détestation de l’autre. Pourquoi ne propager que la mort? Pourquoi tous ces morts? Pourquoi et comment la terre d’Islam a-t-elle engendré des monstres, même à distance, parfois? Comment ceux qui se disent Musulmans au XXIème siècle sont-ils incapables de suivre l’exemple de tolérance montré par le Prophète Mohammed au VIème siècle?
Par ARM
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One Comment
Abdou Youssouf
avril 16, 2017 at 4:48Je pense que Boutros-Boutros Ghali l a dit aussi lorsqu il a visite les Comores aux annees 80.. Il a ete recu avec Kassuda, koran et tout un discours sur l islam et la fraternite basee sur l islam.. Or il n etait qu un copte qui n avait rien avoir avec l islam, mais beaucoups croient que arabe egale muslim.. Quant aux comportements des muslims tueurs haineux d aujourd’hui, je pense qu il n y a que les extremisttes dans les pays Occidentaux qui peuvent encore se faire croire que entrer dans une eglise tuer des gens gratutement est un acte de religion..