«Émergence», confondue avec artifice et feux d’artifice
Confusion entre «émergence» et pays en voie de destruction
Par ARM
Président de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Thomas Sankara avait demandé à René Dumont de lui préparer un rapport sur la situation économique de son pays. Sachant que René Dumont détestait la complaisance démagogique, le chef d’État intègre du Pays des Hommes Intègres (traduction de Burkina Faso en français) avait dit au trublion français qu’il s’attendait à recevoir de lui «des coups de pieds», mais qu’il fallait le faire. Les fameux «coups de pieds» prirent les allures d’un rapport accablant intitulé «La Haute-Volta n’est pas un pays en voie de développement, mais un pays en voie de destruction». Thomas Sankara n’avait pas commandé ce rapport pour amuser le tapis, mais pour tirer son pays vers le haut. Il y mit toute son honnêteté, son volontarisme et sa compétence, avant d’être lâchement tué le 15 octobre 1987 par son «frère» Blaise Compaoré. Ce lâche assassinat avait fait dire au journaliste malgache Sennen Andriamirado, amis des deux «frères»: «Les Nègres, nous sommes foutus». C’est vrai.
Thomas Sankara a été froidement et lâchement assassiné, mais il est resté un modèle pour l’Afrique entière, même pour des générations qui ne l’ont pas connu de son vivant. Il a été formé notamment à l’Académie royale militaire de Meknès, et est rentré chez lui avec l’idée de développer son pays. Le «ventriote» Azali Assoumani a été formé dans la même Académie et rentra chez lui avec l’idée de détruire son pays. Il y arriva. Il est aidé en cela par l’idée mégalomaniaque et narcissique qu’il se fait de lui-même, une idée renforcée par la bassesse des courtisans et d’un entourage intime gagnés par la kleptocratie la plus malsaine, la plus indécente et la plus abjecte. Amers, les Comoriens se souviennent de l’époque où seuls les téléphones portables vendus par Ambari, sa première épouse, fonctionnaient aux Comores.
Les Comoriens se souviennent également du rapport ravageur que Thierry Vircoulon a publié en janvier 2007 à la Revue Étude et repris par le site du Quai d’Orsay, et sur lequel on lit: «La privatisation de l’État, le “néo-paternalisme” de type sultanique ou la “politique du ventre”, bref les racines de ce que la Banque mondiale appelle la “mauvaise gouvernance” n’ont pas été éradiquées durant la transition. Corruption et mauvaise gouvernance ont continué à prospérer sous les yeux de la “communauté internationale”: aux Comores, comme l’atteste la découverte de 40 millions d’euros dans des comptes à l’étranger, le Colonel Azali a pillé le Trésor public et distribué les contrats publics à la coterie formée par ses proches». Cet homme refuse d’évoluer. Il reconduit les voleurs d’hier et reprend les méthodes mafieuses et crapuleuses qui ont déjà fait les malheurs du pays. Spécialisé en bouffonneries et singeries, il croit qu’il suffit de parler d’«émergence» et de «pays émergent», tout en employant des méthodes crapuleuses et de voyou, pour que les Comores deviennent le Dubaï de l’océan Indien occidental. Dans la tête de cet homme détruit par la maladie et incapable d’avoir une pensée cohérente, la fameuse «émergence» est confondue avec l’artifice et les feux d’artifice.
Selon le Directeur du cabinet du Grand Vizir de droit divin et de «mission divine», qui a précédemment détruit la Chambre de Commerce dans la cacophonie et sans qu’on ne lui connaisse une entreprise, «l’émergence» serait tout de même une affaire sérieuse, du travail acharné sur la durée, avec des règles et surtout un leadership doté d’une vision partagée et exigeant qu’on s’applique la rigueur à soi-même, avec honnêteté et sérieux. Or, que constate-t-on? Des choses qui donnent froid au dos. Parmi ces choses, il faudra citer les suivantes:
- Le Maire de Moroni et ses sbires mis à disposition par Kiki s’en prennent régulièrement au petit commerce, sans aucun plan de reclassement. Comme par hasard, nombre des acteurs de ce petit commerce, qui nourrit de nombreuses familles, sont des Anjouanais. Donc, le dictateur a repris sa vieille haine envers les Anjouanais, comme en 1999, avant de casser l’État et la République par son coup d’État du 30 avril 1999.
- Pendant ce temps, la fiscalité a pris une telle pente ascendante qu’à Anjouan, le patronat hausse à son tour le ton contre les autorités nationales et insulaires, et voit les demandes d’adhésion diminuer. Comment imaginer une «émergence» sans commerce à Anjouan?
- Oumara Mgomri, Directeur général de Comores Télécom, prend exemple sur son chef et «ami de 20 ans» (polygamie, gabegie et non-respect des règles de passation des marchés publics) et veut que la Justice le conforte dans sa guéguerre salace, scélérate et d’arrière-garde contre Telma, son concurrent, tout en mobilisant 300.000 euros (150 millions de francs comoriens) pour aller s’acheter cash des véhicules à l’étranger, après avoir fait racheter à près de 40.000 euros (20 millions de francs comoriens) le véhicule qu’un businessman de la place avait offert à sa deuxième «Première Dame» de grand mariage.
- Hassani Hamadi, l’inutile Gouverneur de la Grande-Comore, connu pour s’être bien servi du ministère des Finances du temps de l’«apatrîle» français Ahmed Sambi afin de créer sa propre école de douaniers et de transitaires, ainsi que sa société d’assurances, veut se lancer dans une nouvelle «trouvaille» «géniale»: après avoir prétendu lancer un lycée d’excellence sans savoir comment assurer un minimum à moins de 100 élèves, le voilà qui crée une société financière d’investissement (fort bien!), en prélevant (de 10 à 30%) sur les maigres salaires des agents de l’administration, sans les consulter et sans soumettre le texte au législateur insulaire. Du coup, un fonctionnaire, dont la vocation est précisément d’être hors du circuit des affaires, pour ne pas se retrouver dans une double situation de juge et partie, devrait se retrouver actionnaire d’une société financière, de surcroît illégale. Ollé, ollé! Y en a bon, banana. Y en a bon, bamboula. Y en a bon, le boula matari. Oui, feu Sennen Andriamirado, «les Nègres, nous sommes foutus», surtout aux Comores.
Évidemment, dans tous ces artifices que les gens Beït-Salam ont pompeusement et avec arrogance baptisés «émergence», ils ignorent les simples adages économiques de base qui veulent que «trop d’impôts tuent l’impôt» et que «lorsque le bâtiment va, tout va». On comprend pourquoi le Représentant du PNUD à Moroni a suggéré à Beït-Salam que l’État comorien doit assister au moins à une rencontre de haut niveau sur le thème de «l’émergence» par des gens qui savent de quoi ils parlent, ayant de l’expérience de gouvernance et des projets bancables en cours d’exécution, sans tambours, ni trompettes. Il s’agit, en l’occurrence d’Alassane Dramane Ouattara de la Côte-d’Ivoire et de Macky Sall du Sénégal. Merci…
Du coup, la meute de courtisans et courtisanes s’agite, surtout dans sa quête frénétique de missions-plaisirs, de «missions mon bon plaisir» et d’indemnités de déplacement ou per diem. Au moins, si ces touristes étatiques prenaient la peine de s’informer ce que fait par exemple le Roi Mohammed VI du Maroc, qui n’effectue des voyages à l’étranger que pour le bien de son pays! À défaut d’avoir appris quelque chose lors de la COP 22 dans la belle ville Marrakech, transformée en capitale mondiale de la nouvelle économie, les touristes comoriens auraient pu chercher à connaître les accords que Sa Majesté le Roi a conclus chez nos voisins de Tanzanie et de Madagascar, notamment lors du sommet de la Francophonie, quand le Roi Mohammed VI s’était mis en marge des cérémonies et autres flaflas pour poser des actes économiques, alors que le «concubinocrate» Azali Assoumani n’était intéressé que par ses photos. Que nenni! Imbus d’eux-mêmes et bêlant comme des moutons, les conseillers (mon ami Ibrahim Barwane, célèbre anthropologue et dramaturge, n’a pas forgé l’expression «con à essayer» à la place de «conseiller» pour les chiens) et «communicants» en tous genres de Beït-Salam ne se donnent même pas la peine de s’interroger sur le fait que la dynamique diplomatie économique marocaine s’est arrêtée à nos portes, sans daigner y jeter un coup d’œil, alors que leur chefaillon a séjourné au Maroc, où il a appris le métier de pâtissier.
Mais, dans tout ça, ou est passé le semblant de Gouverneur de Mohéli qui, aux dernières nouvelles, devait s’appeler Mohamed Saïd Fazul? Il paraît qu’il n’a plus de bureau à Mohéli, qu’en tant que sous-préfet travaillant dans la médiocrité d’une sous-préfecture, il est affecté à Moroni, sans même se poser des questions sur la dernière facétie ayant conduit au placement des aéroports de Mohéli et Anjouan sous les fourches caudines de celui de Hahaya.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mardi 14 février 2017.