Azali Assoumani et Hamada Madi Boléro: amour ou haine?
L’ancien Président meurt-il d’amour pour le Sphinx de Mohéli?
Par ARM
Un conseil: méfiez-vous des Mohéliens. Méfiez-vous des Mohéliens surtout quand ils se montrent exquisément et exagérément gentils. Non pas parce qu’ils ne sont pas gentils, puisque pour être gentils, les Mohéliens sont gentils. Mais, bon… Le fait est que les gentils Mohéliens ont une technique machiavélique: vivant de suppositions, extrapolations, déductions, inductions, supputations, conjectures et autres affirmations hâtives, les Mohéliens sont connus pour prêcher le faux pour connaître le vrai. Et quand au bout de plusieurs manœuvres machiavéliques, ils ne s’approchent toujours pas de la vérité, ils disent ce qui les arrange, quitte à tordre le cou à la vérité. Donc, Mohéli est l’île où il y a le plus de commérages, de ragots, de bruits de couloirs et de rumeurs de bouchère. Et actuellement, il y a une rumeur qui a cessé d’être une rumeur et qui défraie carrément la chronique: «Hamada Madi Boléro soutient sans réserve la candidature de son ami Azali Assoumani, mais le fait en catimini pour ne pas se faire repérer par un pouvoir politique dont il est l’un des principaux animateurs. Il a appelé tous ses proches et a fait passer la consigne: voter pour Azali Assoumani». Interrogé sur la question, Hamada Madi Boléro se contente de dire de manière lapidaire: «Dans ce pays, qui peut empêcher les gens de dire ce qu’ils ont envie de dire? Pour ne pas sombrer dans la folie, il ne faut jamais prêter attention à des rumeurs fondées sur le néant, et on gagne à faire semblant de ne même pas s’apercevoir que les gens racontent et se racontent des histoires».
En réalité, la relation entre Hamada Madi Boléro et Azali Assoumani est très complexe. À l’heure qu’il est, personne ne peut dire avec exactitude si les deux hommes s’aiment ou se détestent, s’ils se font confiance ou s’ils se méfient l’un de l’autre. Si on veut découvrir les bas-fonds de la médina de la relation entre les deux hommes, il faut être prudent parce que l’ancien Président Azali Assoumani n’est pas très content de son «ami» de Mohéli, devenu un véritable Sphinx: énigmatique et indéchiffrable. Tant qu’il s’agit de sa relation avec Azali Assoumani, Hamada Madi Boléro est énigmatique et indéchiffrable. Et là-dessus, il est très fort parce que personne n’arrive à comprendre son état d’esprit et ce qu’il pense de son «ami» Azali Assoumani. Ceci est d’autant plus vrai que de 2013 à 2015, il se disait sous le manteau, sur les places publiques et les salons cossus de Moroni et ailleurs, se susurrait, se chuchotait et murmurait que Hamada Madi Boléro, bien installé dans sa fonction stratégique de Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, faisait tout pour que le Président Ikililou Dhoinine soit séduit par l’idée de soutenir la candidature présidentielle d’Azali Assoumani en 2016, au détriment du Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Cette rumeur perfide a fait long feu, surtout depuis que l’incollable Azali Assoumani était arrivé à se rapprocher du Président Ikililou Dhoinine, suscitant les rumeurs les plus folles et les plus invraisemblables.
Que s’est-il passé? Une chose très simple. Le Président Ikililou Dhoinine ne pouvait pas se désolidariser du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, à qui il n’avait rien à reprocher, et ne pouvait pas le sacrifier comme un agneau bien gras lors de la fête de la Tabaski et de la Korité pour faire plaisir à Azali Assoumani. Il y a des choses qu’un homme responsable et bien élevé ne fait pas. Sans même se faire des nœuds au cerveau, il a décidé de soutenir entièrement et sincèrement le Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Et, il l’a fait de manière logique et loyale. Or, la chose n’a pas plu à Azali Assoumani, qui rend Hamada Madi Boléro responsable de ses malheurs de dauphin raté. Il est amer, Azali Assoumani. Il est très amer envers Hamada Madi Boléro, qu’il accuse de ne l’avoir pas suffisamment soutenu auprès du Président de la République. Sur le sujet, Azali Assoumani tient un langage très simple: «Hamada Madi Boléro est tellement fort qu’il obtient de tous ses interlocuteurs tout ce qu’il veut d’eux. Quand je suis arrivé au pouvoir en 1999, il était Conseiller juridique à l’Assemblée fédérale. Je l’ai rencontré au cours d’une cérémonie traditionnelle et je lui ai proposé un poste de Conseiller juridique à la Présidence. Il m’a demandé un temps de réflexion, que je lui ai accordé. Quand il a fini de réfléchir, il m’a dit qu’il ne voulait même pas entendre parler de ma proposition, mais qu’il exigeait le poste de Directeur de Cabinet. Je ne sais même pas ce qui s’est passé, mais il se trouve que je lui ai accordé cette fonction, alors qu’il était un parfait inconnu pour moi. On dirait qu’il est un sorcier. Il m’a arraché cette nomination que je n’ai pas pu lui refuser. Quand il travaillait avec moi, il s’imposait de telle manière que quand il n’était pas d’accord avec moi, il me claquait la porte. Quand, en octobre 2012, il a été nommé par le Président Ikililou Dhoinine au poste de Directeur du Cabinet présidentiel chargé de la Défense, il est venu me consulter, je l’ai encouragé et je lui ai demandé d’engager avec le chef de l’État un dialogue en ma faveur. Or, à mon grand étonnement et à ma grande déception, il me dit qu’il ne pouvait pas engager un dialogue avec le Président, alors qu’ils se connaissent depuis la plus tendre enfance et sont toujours ensemble». Très amer, Azali Assoumani. Oui, très amer, cet Azali Assoumani-là.
Énigmatique et indéchiffrable Sphinx de Mohéli, Hamada Madi Boléro n’est pas homme à se répandre en salamalecs et en déclarations intempestives sur l’espace public. Voilà l’homme qui, au moment de sa nomination à la Direction du Cabinet présidentiel le 12 octobre 2012, était l’une des têtes pensantes et le soldat-laboureur de la CRC historique avant son implosion. Il disait à l’époque qu’il était «en congé» de son parti politique. Quand arriva le moment de la rupture entre Azali Assoumani et Houmed Msaïdié, personne n’a su pour qui roulait l’homme «en congé de son parti politique». Avec une discrétion qui n’a rien de comorien, le Sphinx de Mohéli s’est tenu loin de ces bisbilles d’adultes, a laissé faire, et n’a soutenu personne de manière ouverte, le reste n’étant que conjectures et supputations. Du grand art. Les Comoriens ont beaucoup daubé quand l’homme Azali Assoumani s’était rapproché du Président Ikililou Dhoinine, et y avaient vu la main invisible de l’homme de Mohéli, mais de preuves point. C’est du Hamada Madi Boléro tout craché, l’homme qui a bien retenu les leçons et méthodes que lui ont enseignées ses professeurs soviétiques quand il usait les fonds de ses pantalons achetés en France sur les bancs de l’Université de Kiev, en Ukraine, en compagnie du futur Procureur Soilihi Mahmoud, dont il est proche. Tout en finesse, donc…
Cet homme du sérail politico-politicien et qui maîtrise les subtilités politico-politiciennes de Moroni a son mot à dire sur le sujet: «Il faut comprendre le désarroi de ce pauvre Azali Assoumani. Quand il était Président de la République, il ne supportait pas le fait que certains attribuaient hâtivement et abusivement toutes les décisions d’envergure à Hamada Madi Boléro. Il l’avait même spécialement convoqué pour le lui dire, comme s’il s’agissait d’une nécessité vitale. En 2004, Hamada Madi Boléro avait bel et bien été élu Député dès le premier tour. Un deuxième tour avait été organisé frauduleusement uniquement pour faire perdre à Hamada Madi Boléro une élection qu’il avait remportée haut la main. Le Colonel Azali Assoumani, Président de la République, et Mohamed Saïd Fazul, Président de l’île autonome de Mohéli, avaient oublié leurs vieilles querelles et avaient tout fait pour que Hamada Madi Boléro perde l’élection. Tout. Absolument tout. Ils arrivèrent à leurs fins. Le Président Azali Assoumani ne voulait pas que deux de ses collaborateurs, en l’occurrence, Hamada Madi Boléro et Fakri Mahmoud Mradabi, déjà très puissants, ne soient auréolés d’une élection parce qu’ils allaient lui tenir la dragée haute et finir par lui pourrir davantage et définitivement la vie. Donc, ceux qui disent que Hamada Madi Boléro n’a jamais été élu ne savent même pas de quoi ils parlent. Il avait été élu, mais Azali Assoumani avait jugé qu’un statut d’élu allait le rendre franchement insupportable et plus offensif. Il l’égorgea, donc».
Aujourd’hui, Azali Assoumani rend Hamada Madi Boléro responsable de ses malheurs, au regard de ses mordantes ambitions présidentielles. Mais, est-ce que l’homme énigmatique et indéchiffrable de Mohéli pouvait obliger le Président de la République à se désolidariser d’un Vice-président qui n’a pas démérité au profit d’un ancien Président qui a une revanche à prendre sur un destin qu’il croyait définitivement perdu? En réalité, on ne récolte que ce qu’on sème, on ne dort que sur le lit qu’on prépare, et on ne préparera jamais un repas au poisson pour manger un plat avec de la viande. Azali Assoumani continue d’afficher son comportement d’Ali Baba, qui avait volé les 40 voleurs qui avaient volé et caché le fruit de leurs vols dans la caverne, et veut continuer à tirer les marrons du feu qui a brûlé les doigts des autres pendant que lui-même se tient bien éloigné du feu brûlant.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mardi 9 février 2016.