ARM publie son livre Grandes figures politiques de Mayotte
C’est l’aboutissement d’une enquête de quatre ans sur le terrain
Par Nassur Salim, Doctorant en Science politique
ARM publie son 13ème livre. Ce dernier est intitulé Grandes figures politiques de Mayotte. C’est un gros pavé qui se divise en 2 Tomes, le premier entraînant la lectrice et le lecteur dans l’Histoire, l’identité et la découverte des élites politiques de l’île, afin de mieux comprendre la teneur du Tome 2, qui fait défiler les Pères Fondateurs ou Pionniers, les Mères Fondatrices ou Pionnières (les fameuses Chatouilleuses), les «Serrer-la-main» et les Héritiers. Une fois de plus, ARM est sorti des sentiers battus, en faisant le nécessaire pour que chaque fois que c’est possible, la présentation des acteurs politiques soit faite par l’intéressé (e) ou par un proche. «Je voulais des biographies vivantes et non une simple collecte de CV constipés, inodores et incolores sur Internet», dit-il avec gourmandise. Cela a conduit cet amoureux de l’enquête sur le terrain à sillonner Mayotte en quête de biographies.
Il ironise, comme à son habitude: «Courage aux organisations internationales et aux écrivains de salon qui veulent parler de Mayotte sans écouter, ni laisser parler les Mahorais, les seuls concernés par le sort de leur île, au nom du droit à l’autodétermination. Cette énorme injustice a commencé par une mission inutile que l’OUA avait dépêchée aux Comores, en 1976, même à Anjouan et à Mohéli, mais en ignorant Mayotte! Or, même l’Afrique du Sud de l’apartheid, sur son sol et en Namibie, qu’elle occupait illégalement, recevait des délégations internationales».
L’auteur a défini ses hypothèses de travail, de manière à faire apparaître même des inconnus, mais qui ont joué un rôle important dans l’Histoire contemporaine de Mayotte.
Par ailleurs, une chose est particulièrement visible sur la couverture du livre: le Député Mansour Kamardine apparaît sur la première de couverture des 2 Tomes. Interrogé sur le sujet, ARM lève les mains au ciel, fataliste: «Je ne peux rien contre la volonté de Dieu. J’aime l’harmonie, la logique, la beauté des choses et donc, l’esthétique. Je déteste les mélanges de genres. Sur la couverture du Tome 1, on voit Youssouf Youssouf-Saïd, classé “Serrer-la-main”, ministre sous l’autonomie interne, candidat à la candidature à la mascarade à candidat unique de septembre 1984, contre Ahmed Abdallah Abderemane, et son ancien élève à l’École primaire de Sada, où il était enseignant, Mansour Kamardine, un “Soroda” notoire, de père en fils, englobant toute la famille. C’est comme quand l’ancien Président Félix Houphouët-Boigny de Côte-d’Ivoire disait que les étudiants ivoiriens qu’il faisait former en URSS rentraient en capitalistes dans leur pays, tandis que ceux qu’il faisait former en France devenaient des communistes. Sur la couverture du Tome 2, on retrouve le même Mansour Kamardine, aux côtés de femmes entrées en politique – vive la parité hommes-femmes! – et ces femmes sont très jeunes, mais expérimentées en politique. Mansour Kamardine appartient à une génération intermédiaire, et cela crée une belle symbolique générationnelle. C’est un message en faveur de la tolérance politique, de la symbiose entre les générations d’acteurs politiques et du rôle politique des femmes et des jeunes appelés à de grands desseins politiques».
ARM a un autre message à faire passer, et celui-ci porte sur la relation volcanique entre Mayotte et les Comores. En la matière, l’enfant rebelle de Djoiezi, Mohéli, ne surprendra personne parmi ceux qui le connaissent, lui qui, dès ses premiers écrits, en 1994, affirme que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a permis à Mayotte de choisir son destin au sein du seul pays qui lui convient, la France, en l’occurrence, depuis le 25 avril 1841, que la liberté exige que chaque peuple civilisé et soucieux de Droit et équité respecte les choix de l’autre, que la contiguïté ou voisinage géographique n’est pas recevable en Droit international public pour fonder la souveraineté nationale d’une île sur une île voisine, que la résolution 3385 du 12 novembre 1975 admettant les Comores à l’ONU est illégale car violant l’article 4 § 2 de la Charte de l’ONU, que la nation ne se construit jamais par la force, mais par la volonté de vivre ensemble, qu’il n’y a jamais eu de nation et d’État aux Comores avant la colonisation par la France, et que même en 2024, ceux-ci sont une fiction «pour amuser le tapis et la galerie»…
Il demande à ses pires ses ennemis, sur lesquels il lance ses sarcasmes habituels, de lui citer le nom d’un seul souverain ayant régné sur les quatre îles à la fois (ce souverain est inexistant), et de lui expliquer pourquoi chaque île a conclu séparément avec la France ses accords, quand la Grande-Comore comptait de 7 à 12 sultanats… «Où trouver une unité politique dans cette pagaille insulaire?», demande-t-il, exigeant de ses ennemis des Comores des arguments et non des affirmations hâtives et infondées, des menaces de mort et des injures relevant des enfantillages. Et pourquoi, demande-t-il encore, la terminologie officielle française portait la mention «la colonie de Mayotte et les protectorats de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli», ou encore «la colonie de Mayotte et dépendances, l’archipel des Glorieuses, les protectorats de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli»? C’est pour lui une façon de demander aux profanes de ne pas se mêler de Droit international public, estimant que c’est une affaire de spécialistes et non de «charlatans et de phraseurs sans arguments».
ARM continue à interpeler ses pires ennemis, connus de ses lecteurs: les petits épiciers aigris, les «Comoricains» (ceux qui «savent» ce qu’ils ne savent pas), les écrivains circonstanciels et accidentels de temps, les «intellectuels» autoproclamés d’une inexistante intelligentzia, «les bons et vrais Comoriens», les chantres de l’idéologie historique dominante des Comores, toujours prompts à réécrire pour falsifier l’Histoire, les bien-pensants des Comores, connus pour leur suffisance dans la corruption, l’ignorance et l’incompétence. Il n’a jamais peur des mots pour mieux se faire comprendre.
Pour autant, nonobstant son soulagement d’être arrivé à la fin de cette enquête de quatre ans, l’auteur dit être effrayé par son propre livre: «Je ne décerne pas des titres de grandeur politique aux gens, et le fait de ne pas figurer sur le livre ne signifie pas qu’on est un petit. Certains vont ne pas comprendre leur absence sur le livre, mais moi, je travaille sur la base de critères bien précis. Autant la découverte de Mayotte est passionnante, autant je me dis que la rédaction d’un livre parlant des uns sans les autres constitue le moyen le plus sûr pour me faire détester sur une île que j’aime et respecte beaucoup, et que je ne quitte presque jamais. Je vis avec cette hantise, qui me pousse à des interrogations et inquiétudes sur l’ingratitude du travail effectué par l’écrivain».
Par Nassur Salim, Doctorant en Science politique
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© www.lemohelien.com – Mardi 20 février 2024.