Soit la recolonisation par la France, soit la tutelle des Nations Unies
Par ARM
Ce lundi 6 juillet 2015, à moins d’un mois de la célébration du 40ème anniversaire de l’inauguration du putschisme aux Comores par Ali Soilihi par tous ceux qui l’ont trahi ignominieusement, les vrais soilihistes ricanant et crachant par terre, les Comores célèbrent le 40ème anniversaire de leur prétendue indépendance, une espèce de chose entrant dans le cadre de ce que Julius K. Nyerere, ancien Président de Tanzanie, appelait moqueusement et méchamment «Ouhourou Oi Bandria», «l’indépendance de drapeau». En réalité, les Comores célèbrent 40 ans d’échecs, de désillusions et de trahisons. Pour commencer, quand on voit dans quelle misère le peuple comorien est plongé depuis le 6 juillet 1975, date de la proclamation unilatérale de cette funeste indépendance, l’homme honnête se dit que les Comores n’étaient pas prêtes à devenir indépendantes, même si on sait que l’article 3 de la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 ou «Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux» ou «Charte de la Décolonisation» dispose que «le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l’enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l’indépendance». Ceci est très bien dit, mais il faudra expliquer au peuple comorien pourquoi une indépendance qui était censée être la panacée universelle est devenue son cimetière.
Pourtant, dans son discours du 27 août 1958 devant le Conseil d’État, Michel Debré avait mis en garde les Comores dans leur propre intérêt, quand il parlait des DOM-TOM: «Il faut dans cet ensemble, faire trois parts: une première comprend la Nouvelle-Calédonie, où la proportion d’habitants d’origine européenne est très forte, également la Côte des Somalis, les îles des Comores, les îles du Pacifique, Saint-Pierre-et-Miquelon, fractions isolées de la France, et qui ne peuvent en aucun cas prétendre vivre seules», ajoutant que «les unes, telles la Calédonie, Tahiti, la Somalie, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Comores, peuvent et doivent sans doute se diriger vers le statut qui les intègre à la République, c’est-à-dire qui maintient leur statut actuel, mais en ce qui concerne Madagascar et l’Afrique noire, l’objectif du Gouvernement est clair: il est de constituer avec eux la Communauté». En d’autres termes, Michel Debré demandait aux Comoriens de faire très attention et de se méfier de toute idée d’évolution vers l’indépendance. D’ailleurs, il faudra un jour expliquer aux gens pourquoi Aimé Césaire, le chantre de la Négritude, n’avait jamais réclamé l’indépendance des Antilles.
Or, le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah Abderemane proclama unilatéralement la prétendue indépendance des Comores, plongeant tout un peuple dans des malheurs sans fin, pendant que les dirigeants s’enrichissent illégalement, grossissent à vue de nez, devenant fessus, lippus, ventrus et adipeux, et poussant la bêtise jusqu’à s’autoproclamer indispensables, dans le cas du plus médiocre d’entre eux: Ahmed Sambi. Pour autant, avec leur «indépendance de drapeau», un drapeau dont on change la présentation au gré des démangeaisons cérébrales des dirigeants qui ne dirigent rien, et avant même que la Somalie ne devienne un pays sans État, les Comores et la Somalie étaient classées dans une catégorie peu glorieuse, celle de pays constituant de «décolonisations manquées» (Pierre-François Gonidec et Tran Van Minh: Politique comparée du Tiers Monde. Visages du Tiers Monde et forces politiques, Éditions Montchrestien, Paris, 1980, p. 122) et de «caricatures d’États souverains» (Monique Chemillier-Gendreau: Humanité et souveraineté. Essai sur la fonction du droit international, La Découverte, Paris, 1995, p. 71.).
Dans les années 1970, les indépendantistes comoriens avaient deux slogans: «Mkolo Na lawé» («Colonisateur, dégage!») et «Ouhourou Na hazi» («Indépendance et travail»), toutes choses qui firent ricaner le Mohélien Hadj Mkandra Ousseini dans les termes suivants, dès 1974, avant même l’accession des Comores à l’indépendance: «Ouhourou na hazi aou Ouhourou na Ou-ouidzi?», «Indépendance et travail ou Indépendance et kleptomanie?». Hadj Mkandra Ousseini, alors officier de police et grand propriétaire terrien, savait de quoi il parlait, et a été d’un réalisme ravageur, puisqu’il a prophétisé le vol organisé comme le corollaire de la prétendue indépendance des Comores.
Déjà sous le régime politique d’Ali Soilihi (1975-1978), les Comoriens fuyaient les trois îles indépendantes pour aller se réfugier à Mayotte, signifiant l’échec de l’indépendance. Sous Ahmed Abdallah, et dès 1982, le naufrage de l’indépendance était noté dans un document de travail (Rapport Vinay) élaboré par Bernard Vinay et Chantal Vie, deux fonctionnaires du Trésor français, document dans lequel on retrouve les titres suivants, des siècles avant «la présidence mohélienne» du Docteur Ikililou Dhoinine: «Il ne faut pas se cacher que les maux étant tellement graves et profonds, ce n’est pas de la médecine traditionnelle que relève le pays, mais de la chirurgie d’urgence», «Le pays n’est pas au bord du gouffre. Il est dedans», «Le pays vit très largement au-dessus de ses moyens», «Une situation financière inquiétante», «Le déficit budgétaire a épuisé la Trésorerie publique», «Des sociétés d’État ou d’économie mixte en état de cessation de paiement ou à la veille de l’être», «Un laxisme généralisé».
Les Comoriens ne comprennent pas pourquoi les acteurs politiques comoriens les plus remuants et les plus bruyants contre la France, en toute inutilité d’ailleurs, sont de nationalité française, pourquoi il y a plus de «Comoro-Comoriens» de nationalité française que de Mahorais, pourquoi Ahmed Abdallah Abderemane, auteur de la déclaration d’indépendance, était resté Français après la «décolonisation» des Comores, et pourquoi les chefs hypocrites du Front démocratique (FD), tout en déconseillant la nationalité française à leurs militants, ont gardé leurs papiers français, et parmi eux, l’hurluberlu le plus verbeux, Mohamed Idriss Chanfi, animateur du Comité prétendument «Maoré», spécialisé dans le verbiage et le gloubi-boulga.
En 1994, avant même d’avoir lu l’analyse de l’universitaire kenyan Ali Mazrui (1933-2014) sur la nécessité de recoloniser certains pays qui ont échoué, je préconisais soit la recolonisation des Comores par la France, soit une tutelle onusienne sur le pays. Ali Mazrui avait provoqué une immense colère chez les bien-pensants pour avoir écrit: «Aujourd’hui une bonne partie du continent africain se délite et est en proie à la désintégration. L’on assiste même à un recul du niveau de modernisation par la dépendance atteinte pendant la période coloniale. Face au grand nombre des États qui se sont effondrés dans les années 1990, une solution qui, à une certaine époque était impensable semble se présenter: la recolonisation»: Ali A. Mazrui: Pour une recolonisation légère des régions d’Afrique en désintégration, International Herald Tribune, édition de Pretoria, 4 août 1994, article repris par Ali A.Mazrui: Auto-colonisation et quête de pax africana : une réplique, Bulletin du CODESRIA, n°2 de 1995, Dakar, p. 26.
En 1994, à la page 179 d’un Mémoire d’Études supérieures en Administration publique, j’avais écrit: «Au risque de paraître contradictoire et de choquer certains esprits, nous prenons la responsabilité de soutenir qu’il serait réaliste de faire sortir le Conseil de Tutelle de l’ONU de la désuétude dans laquelle il est tombé pour lui confier l’administration des Comores, ou de donner à la France le droit de faire ce qu’il accomplit de facto, à savoir la réinsertion des Comores dans un nouvel espace de coopération». «Nouvel espace de coopération» était une expression que j’avais employée en remplacement de «nouveau pacte colonial», qui avait choqué et indigné ma directrice de recherche. Aujourd’hui, je maintiens mes positions parce qu’un pays incapable d’allumer des groupes électrogènes pour éclairer ses villes, de faire fonctionner le moindre service public et qui se livre aux folies d’un Ahmed Sambi n’est pas digne de faire partie des États indépendants.
Au fil des années, les Comores régressent. Les militants ne militent plus. Le militantisme est mort aux Comores, où ne prévalent que les retournements spectaculaires de vestes, la mendicité politique, le déculottage public, le dévoiement, au point que ceux qui tiraient à boulets rouges hier sur «l’apatrîle» français Ahmed Sambi étaient hébergés chez lui et prennent peur dès qu’on leur dit que les images les montrant en pyjamas et en slips dans la Maison de la Guerre à Missiri, Mutsamudu, circulent sous le manteau. Ces gens-là ne perdent rien pour attendre et, comme on dit si bien, «rira bien qui rira le dernier».
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Dimanche 5 juillet 2015.