Que les tarlouzes et tantouzes y touchent, et les Comores implosent
Par ARM
Le manichéisme favorise les dichotomies, et aux Comores, les gens adorent les deux, pour le meilleur et pour le pire. Et, aujourd’hui, dans l’ancien «Archipel aux Sultans batailleurs», les dichotomies fleurissent comme jardin au printemps. Au moment où, par manichéisme, certains se décernent le titre de «bons et vrais Comoriens», de «vrais et sincères patriotes», ils accusent les autres d’être de «mauvais et faux Comoriens», des «renégats». Les «bons et vrais Comoriens» ont des droits, dont celui de dire qui doit aller travailler aux Comores, qui ne doit pas travailler à Moroni puisqu’il n’y a pas une maison, qui ne doit pas parler de la situation politique aux Comores, que les cadres comoriens qui ne sont pas fonctionnaires aux Comores n’ont pas le droit d’y occuper un emploi de haut niveau. Les «bons et vrais Comoriens» se recrutent généralement dans les rangs de ceux qui rejettent toute idée de dialogue entre l’Union des Comores et Mayotte, alors que 40 ans de résolutions internationales favorables aux Comores n’ont strictement rien réglé. Ils ont le droit de dire que la présidence tournante, qui les a fait sortir de l’anonymat et leur a permis de se faire une place sous le soleil politique des Comores, doit être supprimée parce que, après avoir favorisé leurs desseins politiques mensongers hier, elle n’est plus de nature à les favoriser aujourd’hui, car ils ont la volonté de faire d’un piètre ancien Président doublé d’un Tartuffe affabulateur à la grande gueule, un chef d’État ad vitam æternam, un chef d’État à mort donc et jusqu’à ce que mort s’ensuive. Qu’ils aient craché sur la médiocrité intellectuelle et présidentielle d’un Ahmed Sambi hier ne les dérange pas pour en faire aujourd’hui un acteur politique «incontournable», alors qu’ils savent que cet homme sans personnalité, ni sens de la valorisation de sa personne, ne sait même pas qu’un Président et un ancien Président doivent être dignes en toutes circonstances.
Les «bons et vrais Comoriens», qui se recrutent surtout dans les rangs du crypto-sambisme, érigé abusivement en «opposition républicaine» et en «Rassemblement des Patriotes», ont ainsi un nouveau sujet de vocifération et d’indignation: la présidence tournante, qu’ils exècrent et veulent abolir parce que, croient-ils, malgré la nullité intellectuelle et politique d’Ahmed Sambi, nonobstant son incapacité à tenir la moindre de ses promesses électorales, et en dépit de son capital culturel inexistant et de sa gouvernance passée catastrophique, il suffirait qu’il se présente à un scrutin présidentiel pour qu’il soit élu à 100% par les Comoriens. Ils ne s’en cachent pas. Or, il faudra qu’un «bon et vrai Comorien» explique de manière scientifique et objective à l’ensemble de la nation comorienne en quoi est-ce que le fait, pour les Comores, d’avoir Ahmed Sambi comme Président tournant autour de lui-même, et en quoi est-ce que le fait d’avoir un Président qui serait toujours originaire de Grande-Comore, et jamais de Mohéli ou Anjouan, en dehors d’Ahmed Sambi, qui dit avoir rendez-vous de son vivant avec Dieu, seraient la panacée universelle pour les Comores.
Ce souhait de connaître les «lacunes et dangers» de la présidence tournante est celui de nombreux Comoriens, qui ne comprennent pas pourquoi celle-ci est rendue responsable de tous les maux dont souffrent les Comores, alors que la Rapport Vinay, rédigé en 1982 par Bernard Vinay et Chantal Vie, place les Comores «dans le gouffre et non au bord du gouffre». 1982, c’est 20 ans avant la Constitution du 23 décembre 2001. D’où la question suivante: est-ce que pour aller dans la bonne direction, il faudrait que les Comores soient présidées toujours, uniquement et seulement par un Grand-Comorien, à l’exclusion des Anjouanais et des Mohéliens? Est-ce que pour aller dans la bonne direction, il faudra que les Comores soient toujours présidées par Ahmed Sambi, à l’exclusion de tout autre Comorien? Si c’est ça le fond du problème, qu’on le dise clairement aux Comoriens et à la communauté internationale…
Car, c’est ce que laissent entendre les «bons et vrais Comoriens» des deux bords, ceux d’Ahmed Sambi et ceux de Grande-Comore qui voudraient que les Comores soient présidées à vie par un Grand-Comorien ou par Ahmed Sambi. Seulement, ces gens-là ont la mémoire courte. Pour rappel, les seules élections présidentielles pluralistes au regard des sensibilités politiques et de l’ensemble des îles sont celles de 1990 et de 1996. Or, à cette époque, les 5 premiers candidats en termes de suffrages étaient tous originaires de Grande-Comore. Point de Mohéliens et d’Anjouanais! En 1990, Mohamed Hassanaly, premier Mohélien à se présenter à une élection présidentielle, avait obtenu presque 100% des suffrages de Mohéli, mais les quelques voix mohéliennes ne pèsent rien à l’échelle des Comores. Dictature de la majorité? Ne le dites pas, parce que les «vrais et bons Comoriens» préfèrent parler de la «dictature de la minorité» car Mohéli a désigné les trois candidats devant s’affronter au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2010. Or, ce qui est écrit dans la Constitution est écrit dans la Constitution et, disait Mathieu Kérékou, ancien Président du Bénin, «ce qui est dit est dit».
«Et l’Anjouanais Ahmed Abdallah dans tout ça?», seraient tentés de demander certains. Parlons-en justement. Le Président Ahmed Abdallah Abderemane se faisait «élire» à 100% lors de scrutins dont il était toujours candidat unique d’un parti unique vivant de la pensée unique. Il a été Président de la République de 1978 à 1989 et voulait instaurer une présidence à mort naturelle. Ce n’est donc pas une référence très démocratique.
La présidence tournante est conspuée et vouée aux gémonies par les «bons et vrais Comoriens». Cependant, ces derniers font l’impasse sur une réalité fondamentale: si les dirigeants comoriens étaient sincères, ce mode de désignation du chef de l’État et de ses trois Vice-présidents jouerait un rôle de réconciliation et de stabilisation puisque la magistrature suprême du pays ne serait pas l’apanage d’une seule île, mais un bien commun, pour l’unité et l’intérêt du pays. Et, en politique, il faut de méfier des frustrations populaires. Ce n’est donc pas la présidence tournante qui pose problème, mais son instrumentalisation et son «insularisation» par les Présidents comoriens. Azali Assoumani Baba a gouverné avec les siens, et son successeur, Ahmed Sambi, a enfoncé le clou, innovant en matière de népotisme, de sorte que la «gendrocratie» sous Saïd Mohamed Djohar en pâlit d’envie et de jalousie.
À l’inverse, la présidence du Docteur Ikililou Dhoinine est la plus ouverte. Les principaux postes sous «la présidence mohélienne» sont entre les mains de Grands-Comoriens: ministère de l’Économie et des Finances, ministère des Relations extérieures, ministère de l’Intérieur, ministère de la Justice, Banque centrale, MAMWÉ, Direction générale des Douanes, Direction générale de la Société nationale des Hydrocarbures, Direction générale de l’Aéroport de Hahaya, Conseillers du Président de la République, État-major général de l’Armée nationale de Développement (AND), Contrôleur général de Comores Télécom, considéré comme un «bastion des Mohéliens», le Grand Mufti, etc. Cela étant et pour paraphraser Patrick Devedjian parlant de l’ouverture du régime politique de Nicolas Sarkozy au profit de personnalités étrangères au parti au pouvoir, les Mohéliens aimeraient que l’ouverture aille jusqu’aux Mohéliens. Car, ce que les Mohéliens reprochent au Président Ikililou Dhoinine, c’est qu’il recrute sur les autres îles des collaborateurs qui n’ont ni la compétence, ni la volonté de l’aider, alors qu’à Mohéli, on retrouve des cadres compétents, expérimentés et de bonne volonté, qui ne demandent qu’une seule chose: que le Président originaire de Mohéli fasse du bon travail. En tout état de cause, la présidence du Docteur Ikililou Dhoinine, nonobstant les critiques légitimes des Mohéliens, véhicule un message d’espoir: un Président comorien peut aller au-delà de son village et de son île d’origine, loin du triste et déplorable spectacle auquel les Comores étaient habituées sous les régimes politiques d’Azali Assoumani Baba et de son digne successeur, le vagabond planétaire Ahmed Sambi.
Mohéliens, si vous saviez! Certains Conseillers du Président n’ont même pas de bureau, tandis que d’autres en confisquent 4, juste pour chasser et embêter les autres. Dans sa lettre du 29 juillet 2011 adressée au Grand-Comorien Mmadi Ali, alors Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, l’Anjouanais Nassuf Ahmed Abdallah, qui était à l’époque, Conseiller du Président Ikililou Dhoinine, a écrit: «Juste vous rappeler que je n’ai pas encore de bureau alors qu’un certain conseiller en bloque quatre qui peuvent être fonctionnels maintenant même». Deux Mohéliens qui se répandaient en déclarations sur leur titre de «Conseillers du Président» n’ont aucun titre officiel. Dieu, ayez pitié de nous.
Cela étant et n’en déplaise aux «bons et vrais Comoriens», la présidence tournante est une excellente thérapie, mais le médecin reste le Président de la République. À charge donc pour ce dernier de faire son travail de manière honorable et responsable. Et si vraiment les «bons et vrais Comoriens» veulent parachever la destruction du pays, qu’ils suppriment la présidence tournante pour revenir au statu quo ante. Ce jour-là, chaque île constituerait sa «républiquette» bananière de poche de style banabana. Les Comoriens passeraient 10 ans à négocier le retour à l’unité du pays, pendant qu’à Mayotte, on ricanerait et boirait du petit-lait.
Les crypto-sambistes, après avoir essuyé les saletés de leurs pieds et le sang de leurs mains sur la présidence tournante, veulent supprimer celle-ci parce que, croient-ils, il suffirait que leur chef Ahmed Sambi se présente à chaque scrutin présidentiel pour qu’il soit élu. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que leur Dieu Ahmed Sambi s’est lancé dans sa folle équipée parce qu’il a signé des contrats sur «le pétrole et le gaz comoriens» à l’étranger et doit obligatoirement revenir au pouvoir pour honorer ses promesses sinon, il risque sa vie. Cet homme est capable de tout. Pour preuve, les Comores ont acheté un terrain en Tanzanie. Et puis, un beau jour, le Président Ikililou Dhoinine se rendit compte que ledit terrain n’est plus immatriculé au nom de l’État comorien, mais au nom d’Ahmed Sambi. Très énervé, il lui demanda des explications, et le sorcier des promesses non tenues lui répondit: «Oui, j’ai fait immatriculer le terrain en mon nom personnel parce que c’est la seule chose que j’ai obtenue de ma présidence». C’est le jour où le Président Ikililou Dhoinine a perdu tout respect et toute considération pour Ahmed Sambi.
Feu l’oncle Housseine Madi, homme d’État qui vivait à Fomboni (paix à son âme), disait à l’été 2013: «Celui qui ne sait pas que la présidence tournante est le résultat de plusieurs décennies de combat à Mohéli, n’en comprendra jamais le sens. Si le Président Ikililou Dhoinine lui-même ne le sait pas, son mandat présidentiel en pâtira». Les Comoriens ont le droit de supprimer la présidence tournante de la Constitution et faire imploser leur pays, mais jamais il ne sera permis à un obsédé du pouvoir de faire éclater ce pays pour assouvir ses bas instincts de pouvoir politique et économique.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 18 juillet 2015.