«Tata, Tatie, moi aussi je suis candidat pour Beït-Salam»
Mais, pourquoi se croient-ils tous présidentiables et sont candidats?
Par ARM
Quand on demande à Hachim Saïd-Hassan Ben Saïd Hachim Ben Sultan Mouigni Mkou les raisons pour lesquelles on ne l’appelle plus que par le titre de «Sultan Hachim» et pourquoi il y prend plaisir, il sursaute comme piqué par des scorpions du désert du Sahara avant de lancer un tantinet sérieux comme un Pape: «Tu sais, ce titre de “Sultan”, on ne me l’a pas attribué dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016; je suis né avec lui. Je n’y peux rien. Les choses sont ainsi faites. Les Comoriens le savent, et c’est la raison pour laquelle ils vont m’élire en 2016 à la tête des Comores, parce que j’ai des références historiques à faire valoir pour le bien des Comores. Un descendant du Prophète, voilà ce qu’il faut pour les Comores, et j’en suis un. Le pays a besoin de placer à sa tête une valeur sûre comme moi et non des gens sans passé, ni avenir. Notre pays a besoin du dirigeant qui donnera du sens aux choses, à l’État et à ses institutions. Je suis cet homme-là, et l’accueil que je reçois partout où je passe me conforte dans l’idée que je serai le prochain Président des Comores. Je m’y prépare et constitue déjà l’équipe qui travaillera avec moi le moment venu». D’accord, d’accord, tout ça est très bien dit. Seulement, les candidats qui se disent déjà élus à la Présidence des Comores en 2016 sont légion, et chacun étale sans complexe «les raisons objectives» pour lesquelles les Comoriens ne regardent et n’écoutent que lui.
Des candidats à l’élection présidentielle de 2016? On en compte dans chaque coin de rue de la Grande-Comore, et des fois, on est obligé de se demander s’il s’agit vraiment d’une élection présidentielle ou d’autre chose, une mascarade, par exemple. Il ne s’agit pas de sous-estimer les candidats déclarés, mais de se poser de légitimes questions sur la signification que certains donnent à un scrutin d’une telle importance pour le présent et l’avenir des Comores. Il est à se demander si les écailleurs de thons, barracudas, mérous et autres poissons ne vont pas désigner leur candidat et si les vendeurs de tissus achetés à Dubaï et Zanzibar ne vont pas leur emboîter le pas. Chaque fois que le soleil se lève à l’Est, en attendant qu’il se lève au Nord un jour, il y a une nouvelle candidature qui fait son apparition comme par enchantement. Achirafi Saïd-Hachim, Président du CADIM et candidat déclaré à la même élection, tient perfidement et prudemment sa petite comptabilité électorale, et est parvenu au chiffre de 20 candidats, et la liste n’est pas encore close. «Naoimi Adjaou», «Et moi aussi», dit-on aux Comores, avant d’ajouter «Oimi dé Naréndani?», «Et moi, qu’est-ce que j’ai fait pour que ça ne soit pas moi?». Dieu soit loué!
Dans le flot de candidatures, on décèle celles de jeunes loups aux ambitions fiévreuses et celles des «has been». Parmi les «has been» qui font le plus parler d’eux d’une manière ou d’une autre, il y a l’ancien ministre Ibrahima Hissani Mfoihaya, l’homme d’Ouzioini, dans le Mbadjini. Rencontré dans un cybercafé de Moroni le dimanche 18 octobre 2015, l’homme d’Ouzioini ne passe pas par quatre chemins pour dire que son avenir politique n’est pas derrière lui mais devant lui, et qu’il a des propositions à faire pour faire sortir les Comores des ornières du sous-développement social et économique. Pour lui, les Comoriens ne vont pas définir les positionnements politiques et les candidatures en fonction de l’âge des uns et des autres, mais en fonction de la crédibilité et de la personnalité des prétendants au Trône du centre de l’Univers. Il est donc tout à fait normal pour cet homme qui ne se dit ni rouillé, ni vermoulu, ni sclérosé de se poser en «candidat idéal pour une gouvernance responsable». La formule est belle, mais ne constitue-t-elle pas le credo de tous les candidats au scrutin présidentiel de 2016? Et, ce ne sont pas les Ali Nassor et Saïd-Ahmed Saïd-Ali, deux anciens ministres (de l’Économie et des Finances) d’Ahmed Abdallah comme lui, qui vont le traiter de «mammouth» et de «dinosaure». Seulement, il y a une étrange similitude dans le discours de ces «has been» sur le retour: ils parlent plus de passé que d’avenir. Pis, se croyant obligés de ne parler que du passé, ils n’évoquent jamais le présent et l’avenir: «Quand j’étais ministre, j’ai fait ceci, j’ai réalisé ce projet…», «Avant, quand nous étions aux affaires, c’était mieux». On aurait pourtant voulu qu’ils parlent un peu de présent et d’avenir parce que, être Président de la République, ce n’est pas seulement faire dans la nostalgie larmoyante sur un passé idéalisé au point de devenir le seul point d’ancrage pour tout un peuple en quête d’espérance; c’est également et surtout dire ce qu’on veut faire immédiatement et dans l’avenir pour ce même peuple. Et, sur ce chapitre, les Comoriens sont restés sur leur faim.
En même temps, quand on connaît la fourberie de certains acteurs politiques comoriens, on se demande s’il est encore utile d’élaborer des programmes électoraux et des projets de société, et les présenter aux Comoriens en 2016. Les candidats s’échinent à trouver des projets de société, mais pour quoi faire? Les Comoriens ricanent sur 99% des candidats qui fourbissent leurs armes et dont chacun se dit être déjà élu à la magistrature suprême: «Celui-là? C’est un rigolo, un petit profiteur», «Pourquoi perdre du temps en parlant de ce charlatan?», «Ce frimeur n’a même pas été élu Député, mais le gouvernement l’a fait passer pour éviter un drame dans sa région parce qu’il y avait une menace de guerre civile. Et le voilà en train de se prendre pour celui qu’il ne sera jamais», «Pour être candidat à une élection présidentielle, il faut commencer par avoir un travail régulier et prouver qu’on est capable de se lever le matin pour aller au travail, ce qui n’est pas le cas de ce gigolo», «Je ne perds pas mon temps pour parler de quelqu’un qui n’aura pas même pas l’argent de la caution», «Ce type se prend trop au sérieux, mais ne sait pas à quel point les Comoriens le méprisent», «Les habitants de ma région et ceux de la région de ma femme vont se mobiliser pour mon élection, sans oublier que mon père avait des relations dans le Mbadjini, et ce n’est pas le cas de tel farceur», etc.
Les candidats eux-mêmes ne se font pas de cadeaux, et on a entendu Hachim Saïd-Hassan Ben Saïd Hachim Ben Sultan Mouigni Mkou dire d’Azali Assoumani Baba: «Même sa mère, qui l’a porté 9 mois dans son ventre, ne voterait pas pour lui». Le thermonucléaire et tonitruant Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président de Comores Alternatives, lui aussi candidat au scrutin présidentiel de 2016, n’est pas tendre envers ses concurrents, lui qui traite certains d’entre eux de «petits cailloux», et se voit déjà Président des Comores de 2016 à 2021: «Pour cette élection, je jure que je ne vois que moi». Un autre candidat dit d’un concurrent: «Ce petit godelureau prétentieux ne fait pas parvenir des mandats par Western Union ou Money Gram à sa sœur, qui a décidé de voter pour moi, et a déjà commencé à mobiliser les siens pour moi», «Sa propre famille lui a fait part de sa volonté de placer ses voix sur tel candidat et non sur lui, et depuis, il pleurniche». Il va y avoir du sport…
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 18 novembre 2015.