«Nous sommes Fahmi» ou «Nous sommes Sambi»?
La candidature-biberon veut «réformer l’administration publique»
Par ARM
Zzzz… Zzzz… Les Comoriens dorment. Certains politiciens endorment les Comoriens à coups de slogans creux et haineux, et de mots d’ordre pour le moins puérils, vaniteux et ridicules. On raconte n’importe quoi aux Comoriens, histoire de leur arracher leurs précieux suffrages par le mensonge, la mystification, la fumée et l’affabulation. Les crypto-sambistes ne reculent devant aucune promesse électorale fantaisiste, irréaliste et irréalisable pour essayer d’enfumer les Comoriens, et cette tentative de duperie énerve ces derniers. Et quand Fahmi Saïd Ibrahim lance un nouveau slogan, «Ngasi Fahmi», «Nous sommes Fahmi», à l’occasion de l’inauguration de son quartier général de campagne électorale, les Comoriens sont obligés de se demander qui il faut mettre dans ce «Nous». C’est qui, «Nous»? De toute manière, point n’est besoin d’être diplômé en Science politique pour comprendre que le pionnier de la candidature-biberon, le candidat «indépendant» du Parti Bidoche d’Ahmed Sambi et du Parti de l’Entente comorienne (PEC) s’inspire maladroitement et de manière irresponsable de «Nous sommes Charlie», mot d’ordre lancé dans la foulée des odieux attentats perpétrés à Paris le 7 janvier 2015. Pourtant, Fahmi Saïd Ibrahim feint d’oublier que le slogan «Nous sommes Charlie» reposait sur une unanimité nationale, alors que lui-même s’emploie à faire l’unanimité nationale contre lui, du fait d’une campagne électorale basée sur la calomnie, l’injure et le mépris envers les autres. On peut faire de la politique dans le respect des gens, sans narcissisme arrogant, ni morgue.
Et puis, ça aurait pu être bien sympathique de dire «Nous sommes Fahmi», mais la réalité se situe ailleurs puisque dans les meetings de Fahmi Saïd Ibrahim, il est plus question de la nounou Ahmed Sambi de la candidature-biberon que de son candidat lui-même. La confusion est d’autant plus grande à ce sujet que les Comoriens ne savent même pas qui est le candidat des crypto-sambistes. Il faut bien comprendre l’origine de la confusion ambiante dans la mesure où dans les meetings de la candidature-biberon, les Comoriens entendent plus le nom d’Ahmed Sambi que celui de Fahmi Saïd Ibrahim. Cela étant, à l’heure qu’il est, les crypto-sambistes présentent un candidat légal et réel et un candidat putatif. La chose n’aide pas les Comoriens à comprendre ce qui se passe dans les rangs de la candidature-biberon. C’est le flou total. Alors, on imagine que si on ne connaît pas l’identité réelle du candidat de ces gens-là, si jamais par malheur, ledit candidat était élu Président de la République, les Comoriens seraient incapables de connaître le nom de leur chef d’État: Ahmed Sambi ou Fahmi Saïd Ibrahim? Ensuite, tant qu’à faire, si Ahmed Sambi avait laissé un bilan défendable derrière lui, les Comoriens auraient compris la révérencieuse invocation de son nom jusqu’à la limite de la déification et de l’idolâtrie. Or, quand on se penche sur le bilan en question, on ne voit rien de sérieux. Naturellement, cela soulève moult questions et suscite la colère.
Pour autant, les motifs d’interrogation et de scepticisme ne sont pas finis. En effet, après avoir ergoté sur ce qu’il appelle pompeusement «la réforme de la Justice», suscitant les rires gras des Comoriens, voilà Fahmi Saïd Ibrahim lancé dans la «réforme de l’administration publique». D’accord, d’accord. Mais, il va réformer l’administration comorienne avec qui? La question se pose légitimement parce que les crypto-sambistes, champions toutes catégories de la génuflexion, du cirage des pompes sambiennes et de l’obséquiosité servile, ont choisi de privilégier la servilité et la courtisanerie, oubliant le capital culturel. Cela étant, quand le champion de la candidature-biberon parle de «la réforme de l’administration publique», il aurait fallu que, dans un geste de grand Seigneur, il dise qui il va placer à la tête du projet de cette «réforme», pourtant nécessaire. Au Maroc, par exemple, il y avait le ministère des Affaires administratives, doté de deux Directions, celle de la Fonction publique, et celle de la Réforme administrative. Par la suite, on parlera de la Modernisation des Secteurs publics, et dans tous les cas, les missions y afférentes sont confiées à des vrais spécialistes de l’Administration et du Droit public. Or, quand on regarde dans les rangs des crypto-sambistes, de spécialiste de l’Administration et du Droit, public ou privé, point. On ne voit que des discoureurs qui n’ont jamais pu prouver la moindre expertise juridique en général, et administrative en particulier. Sincèrement, on ne voit pas un Ibrahima Mhoumadi Sidi réformer l’administration comorienne, mais produire des tonnes et des kilomètres de discours indigestes et à l’utilité douteuse. Dès lors, il faudra que Fahmi Saïd Ibrahim dise clairement aux Comoriens à qui il va confier cette mission salutaire.
Le même Fahmi Saïd Ibrahim dit doctement aux Comoriens que s’il est élu Président de la République – il n’est nullement interdit de rêver –, il va faire en sorte que le Directeur du Cabinet du chef de l’État ne s’occupe plus de Défense, mais de Justice, arguant du fait que «c’est un message pour vous dire que la Justice du pays sera entre les mains du Président. Cela montre notre souhait pour une Justice équitable et impartiale» et qu’«il faudra que celui qui sera appelé à occuper une fonction de l’État sache qu’il est là pour l’intérêt du citoyen et non pour ses intérêts personnels». Gnangnan, et de nouveau gnangnan! Blablas et de nouveau blablas! Taratata! Quelle grandeur d’âme et quelle générosité de la part de quelqu’un qui a tout faux! Comment peut-il penser un seul instant que la Justice sera «équitable et impartiale» «entre les mains du Président», à un moment où la tendance générale est à la coupure du cordon ombilical reliant l’appareil judiciaire au pouvoir exécutif? Que fait-il de la séparation des pouvoirs? De qui se moque-t-on? Le chef de l’État peut être le Président du Conseil supérieur de la Magistrature, mais en aucun cas, il ne peut pas diriger la Justice via le Directeur de son Cabinet…
Par ailleurs, il est vrai que les Comores ont mis en place un monstre institutionnel, celui du Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. Cette aberration remonte à la présidence d’Ahmed Abdallah (1978-1989), et les autres chefs d’État comoriens, emportés par la paresse intellectuelle et professionnelle, n’ont pas voulu mettre fin à la monstruosité en question. Rares sont les fois où le Directeur du Cabinet du Président ne s’occupe pas de Défense, et très rares sont les ministres de la Défense qui ne sont pas Directeurs du Cabinet du Président de la République. Il faut en finir, et demander au Directeur du Cabinet du chef de l’État de ne s’occuper que de l’agenda du Président. Là-dessus, il y a déjà à boire et à manger. Dans un pays normal, on ne voit pas comment le Directeur du Cabinet du Président peut s’occuper également de la Défense sans le pousser au surmenage et à un dédoublement fonctionnel pas toujours heureux. Pour autant, s’il faut mettre fin à cette aberration pour en créer une autre, non, merci, les Comoriens n’en veulent pas. D’ailleurs, un vrai juriste n’aurait jamais préconisé une chose pareille. Actuellement, et on ne le dira jamais assez, tous les États cherchent à mettre fin à la tutelle du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire, et un candidat à l’élection présidentielle, donc un homme qui veut et prétend pouvoir diriger les Comores, dit aux Comoriens que l’appareil judiciaire doit être dirigé par le Directeur du Cabinet présidentiel afin de faire perpétuer les aberrations d’une Justice aux ordres. Est-ce un message positif et sérieux envoyé aux Comoriens? Non! Cette volonté manifeste de caporalisation de la Justice va à contrecourant de tous les efforts entrepris partout dans le monde pour libérer l’appareil judiciaire du carcan de la politique. Mais, comme la proposition vient des entrailles du crypto-sambisme, la chose n’est pas de nature à étonner les Comoriens, puisqu’ils savent à quoi s’en tenir.
Naturellement, l’inauguration du nouveau quartier général «Ngasi Fahmi» ne pouvait se faire en l’absence de l’«apatrîle» français qu’est Ahmed Ahmed Sambi, propriétaire exclusif du Parti Bidoche et nounou de la candidature-biberon qui, toute honte bue, ose prétendre que son organisation politique est la seule qui soit implantée sur toutes les îles, alors qu’elle n’arrive à faire élire des candidats que dans des endroits bien précis, sans pouvoir faire entendre sa voix dans l’hinterland de la Grande-Comore et à Mohéli. Décidément, ces gens-là confondent politique et fanfaronnades. Rira bien qui rira le dernier. Le temps du rire viendra.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 5 février 2016.