Explications sociologiques sur la haine de l’autre en politique
Par ARM
Il y a une année, le 12 août 2014, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président du Parti Comores Alternative (PCA), revenait de son fameux voyage de Genève, en Suisse. Après s’être assuré que la mère de Kassabou était bien engoncée dans son fauteuil préféré, le Comorien devenu le chouchou des médias panafricains de Paris se lança sur son sujet de prédilection: la haine et le mépris d’une certaine classe politique en situation d’échec génétique envers ceux qui ont bien réussi, se servant, comme d’habitude, de l’exemple de l’acteur politique comorien qui le fascine le plus, à savoir: Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. Ce qu’il dit à ce sujet est d’une grande importance sociologique parce que nous rappelant qu’une certaine classe politique comorienne a fait de la détestation, de la haine et du mépris sa seule façon d’exister. Ceci est d’autant plus vrai que certains acteurs politiques comoriens ont trouvé une nouvelle injure pour tenter de «dénigrer» leurs adversaires: les traiter de «Nègres». Oui, des Comoriens à la peau légèrement claire par rapport à la moyenne nationale croient pouvoir dévaloriser leurs ennemis en traitant de «Nègres». Hamada Madi Boléro est l’un de ces «Nègres», et il a été traité de «Nègre» par son principal ennemi.
Ce nouveau développement permet de mieux apprécier les propos de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: «Des gens qui ont mis au monde de petits cailloux veulent que les Comores soient gouvernées par ces petits cailloux, alors que des cadres très compétents ont émergé même dans les familles moyennes et modestes. Pourquoi crois-tu que Hamada Madi Boléro soit si détesté par les mêmes sur la scène politique comorienne? Uniquement parce que c’est un homme qui s’est fait lui-même, tout seul, par ses méninges, son courage et ses mérites. Ce n’est ni un oncle, ni un père qui l’a présenté et imposé à l’establishment, mais lui-même. Il s’est battu pour devenir ce qu’il est devenu. C’est pour cette raison que ces gens-là le poursuivent avec autant de hargne et de haine. À Genève, des diplomates hautement qualifiés, compétents et honnêtes m’ont dit suivre les affaires relatives aux Comores et avoir la preuve que Hamada Madi Boléro, qu’on accuse d’avoir volé trois millions de dollars venus du Sultanat d’Oman, n’a pas touché à un centime de cet argent. Si le Président Ikililou Dhoinine avait un vrai ministre de l’Intérieur, personne n’aurait osé lui parler comme l’ont fait certains ces derniers temps. Le ministre de l’Intérieur aurait dit deux mots, et chacun aurait compris qu’il y avait des limites à ne pas dépasser. Il lui faut un ministre de l’Intérieur. La haine est visible partout. L’ancien Président Ahmed Sambi, par exemple, estime que si on n’est pas de Moroni ou de Mutsamudu et quand on n’a pas la peau vraiment claire, on est un cas à jeter dans une poubelle. J’ai vu comment il s’adressait à moi quand il croyait que j’étais de Moroni, alors que je suis de Nkourani-Sima et de Vouvouni-Bambao, en Grande-Comore. Un sage de Dembeni dans le Mbadjini, toujours en Grande-Comore, m’a même dit qu’il y a des villes qui se croient plus légitimes que d’autres. Son grand désespoir est de ne pas voir Ibrahim Ali Mzimba postuler pour la présidence, mais pour la vice-présidence, derrière le Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Il voudrait voir le prochain Président des Comores venir du Mbadjini, mais pas de Foumbouni, estimant que d’autres villes et villages doivent avoir leur chance au lieu de laisser les mêmes imposer leur Loi».
Ces propos ont dont été tenus le mardi 12 août 2014. Ils n’avaient pas plu à certains et cela se comprend. Le jeudi 14 août 2014, il y a donc exactement un an, il a fallu lui poser la question sur la portée de sa déclaration, que personne ne pouvait pourtant désapprouver en public: «En disant que “des gens qui ont mis au monde de petits cailloux veulent que les Comores soient gouvernées par ces petits cailloux, alors que des cadres très compétents ont émergé même dans les familles moyennes et modestes”, vous avez pris des risques politiques et sociologiques. Ne risquez-vous pas de vous faire bannir de cette île à la sociologie très complexe qu’est la Grande-Comore?».
Le Président du Parti Comores Alternative avait assumé sa déclaration et avait donné des précisions prouvant que le mépris des uns envers les autres est une donnée permanente au sein d’une certaine classe politique comorienne gagnée par le «racisme», à un moment où on signale que des Comoriens complexés ont une certaine façon de traiter l’Ambassadeur Robby Judes – la fierté des méritants et des chantres de la méritocratie –, du fait qu’il soit Noir comme eux. Ce que disait Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed nous replonge donc dans le «racisme» très particulier de certains aux Comores.
Voici ce que disait Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed pour stigmatiser ce «racisme» comorien: «Sultan Chouzour, quand il était le Conseiller privé du Président Azali Assoumani, avait essayé de me bannir, en déchirant mon décret de nomination parce qu’il voulait que j’aille me prosterner devant lui, lui lécher les bottes, lui laver les pieds, à son domicile. Mais, c’est quoi ça? C’est quoi, cette stupide mascarade? Sommes-nous dans une République ou dans un champ de patate? Il faut que ces gens-là arrêtent leur mascarade, qui les ridiculise. Il y a des gens qui doivent commencer à apprendre ce qu’est la notion de honte et de respect. Que ces gens aux prétentions excessives et ridicules instruisent leurs enfants avant de demander l’impossible pour leurs petits cailloux. Qu’ils laissent tranquille quelqu’un comme Hamada Madi Boléro, qui s’est fait tout seul, sans son père, ni son oncle, au lieu de chercher chaque fois à le tuer pour des banalités qui font honte. Il faut que ces gens-là comprennent que les Comores ne sont pas une propriété individuelle ou familiale, mais notre maison familiale à tous. Il n’y a pas de raison pour que le descendant d’un petit roitelet assassin vienne chercher à s’imposer aux gens en déroulant sa généalogie pleine de sang et de saletés. Il faut arrêter cette comédie qui consiste à mépriser les gens. Les pères ont détruit les Comores, et ils veulent qu’on laisse leurs petits cailloux parachever leur œuvre malsaine de destruction? Jamais! Donc, la notabilité doit jouir de tout notre respect et de toute notre considération, mais elle ne doit pas interférer dans les affaires de l’État. Elle doit se limiter à ses affaires communautaires, dans les villes et villages. Les affaires de l’État n’obéissent pas à une généalogie entachée de sang et de saletés».
L’heure est grave. Les Comores s’acheminent de plus en plus vers des horizons dans lesquels la notion de mérite est en voie de bannissement. Partout, sur la classe politique, on ment sur l’adversaire au lieu de proposer des idées novatrices. Les «petits cailloux» font tout pour faire croire aux autres que la notion de mérite est à bannir. La haine est partout. On se rappelle de ce qui s’était passé le jeudi 19 juin 2014: on avait annoncé avec joie et sadisme le limogeage de Hamada Madi Boléro. Au grand blogueur Abdou Hamadi dit «Mrimdu», on avait annoncé: «Mrimdu? Ton champion Boléro est remercié». Depuis, on sait ce qu’il en est.
Mais, la mère des injures haineuses est venue d’Aboubacar Ben Saïd Salim dans la lettre ouverte qu’il avait adressée au Président Ikililou Dhoinine le 4 décembre 2013, et que le chef de l’État avait superbement ignorée. Le donneur de leçons avait fait des jeux de mots douteux avec le nom de famille d’autrui et avait renié à autrui une compétence que lui-même n’a pas, ce qu’on ne fait pas: «Or c’est dans cette situation-là, monsieur le président que vous nous menez au pas de danse d’un boléro de ravalement de nos prétentions nationales, d’avilissement politique et moral, qui est loin de l’harmonie et de la beauté de celui de Ravel. Monsieur Ikililou Dhoinine, à ce qu’on dit vous êtes président par le pur des hasards n’ayant jamais fait de la politique ni appartenu à aucun parti, en tout cas pas de façon officielle ! Votre Djibril si l’on peut s’exprimer ainsi est venu vous chercher dans votre Djoiezi tranquille et votre pharmacie, grâce à un homme qui était son partenaire commercial et qui vous a désigné comme un éventuel bon vice-président ! Le reste de l’histoire on la connaît. Votre docilité et votre maniabilité ont séduit Ahmed Abdallah Mohamed SAMBI dont l’âme profondément dominatrice et adoratrice de YEZI, pensait pouvoir faire de vous un président marionnette et régner à votre place mais dans l’ombre».
La haine comme moyen d’existence en politique reste donc vivace. Dès lors, personne ne s’étonne de voir le déluge de haine qui s’abat sur Hamada Madi Boléro. Il n’y a aucun motif valable à cette haine. On veut juste empêcher un homme d’État de déployer son talent, alors qu’on ne connaît à ses détracteurs ni compétence, ni expertise. Certains croient pouvoir exister dans la négation de l’autre. La théorie des «petits cailloux» a encore un long avenir.
Par ARM
Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.
© www.lemohelien.com – Vendredi 14 août 2015.