La Cour constitutionnelle est pourrie et corrompue
Alternance au forceps, dans la tourmente et à l’épreuve
Par Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah
«En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal». Nicolas Machiavel, penseur italien de la Renaissance, théoricien de la politique.
Le 26 mai 2016, les Comoriens viennent de terminer les changements de tous les exécutifs de leur pays, tant insulaire qu’au niveau de l’Union. Ces alternances au sommet de l’État ont été la suite des élections du Président de l’Union des Comores et des Gouverneurs des îles. Ce sont des élections qui resteront historiques dans les annales de l’histoire électorale de notre pays. Elles seront historiques car pour la première fois aux Comores, une élection à deux tours se déroule en trois tours après le constat dressé sur les violences physiques des hommes d’Azali Assoumani empêchant le peuple de voter. D’où la condamnation par la communauté internationale, plus particulièrement par l’Union européenne, et la réaction de la Cour constitutionnelle, même si elle n’a pas fait tout le travail qui était attendu d’elle d’un strict point de vue juridique. Cette élection présidentielle est «historique» par sa tricherie hors norme, par ses fraudes inédites aux Comores et par la menace et la terreur qu’elle charriait. Un ancien Président de l’Union des Comores qui a détruit le pays pendant sept ans et qui a été hué et conspué lors de son passation de pouvoir en 2006 avec Ahmed Sambi est retourné au pouvoir par la fraude et la terreur. Le Colonel Azali Assoumani était devenu un mendiant autour du pouvoir sortant et s’était transformé en homme qui terrorise et qui fait peur pour redevenir Président.
Stratégie de victimisation
«Celui qui se fait brebis, le loup le mange»
Azali Assoumani a usé de toutes les forces occultes, médiatiques, militaires et politiques, ainsi que des pressions politiques de ses hommes au pouvoir nommés par Ikililou Dhoinine (Directeur du Cabinet chargé de la Défense, Conseiller spécial, Conseiller juridique du chef de l’État, chef d’État-major, etc.). Il a eu recours à la menace d’un bain de sang, avait crié qu’on voulait lui voler sa «victoire». Le loup se transformait en agneau et criait au secours afin qu’on le sauve. C’est une triste scène. Par cette stratégie, il a pu faire peur aux arbitres électoraux que sont la CÉNI et la Cour Constitutionnelle, des institutions censées être neutres et se prononcer sur la base réelle des résultats au lieu de craindre un risque de guerre civile ou bain de sang, qui est du domaine sécuritaire et non électoral.
La stratégie de diabolisation du camp adverse
«Soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde»: Ernesto Rafael Guevara de la Serna, alias «Che» Guevara [1928-1967] Révolutionnaire et homme politique argentin.
Azali Assoumani est un élève de Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande d’Adolf Hitler, qui disait que le mensonge répété à plusieurs reprises devient une vérité. La tactique a été récupérée par Azali Assoumani, qui a proclamé qu’il avait remporté les élections mais qu’on voulait le voler, alors qu’au sein de l’État, il était dans les ministères, dans l’Armée et à la Présidence de l’Union des Comores. Il a diabolisé le camp adverse par le mensonge. Il a «gagné» en faisant craindre le bain de sang à un Ikililou Dhoinine fade et timoré, et en ayant recours aux faux procès-verbaux, aux bulletins scannés, aux votes des morts (157 voix à Mitsoudjé) et de la diaspora en France et à la dictée des «résultats» par Hamada Madi Boléro à l’informaticien de la CÉNI. Mais, certains diront que c’est trop tard parce que la Cour constitutionnelle a tranché et qu’on doit la respecter cette fois-ci car la décision est en leur faveur.
La Cour constitutionnelle à la merci du climat
«Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants; c’est l’indifférence des bons»: Martin Luther King (1929-1968), Pasteur états-unien, militant des droits de l’homme.
Mais, cette Cour constitutionnelle dont j’ai connu la médiocrité dans la nuit du 23 décembre 2015 au moment du dépôt de ma candidature et celui des autres candidats aux élections présidentielles de l’Union est pourrie. Elle est corrompue jusqu’à la moelle épinière et mérite d’être changée rapidement afin de donner une image honorable à notre pays. Chaque Comorien a vu les spectacles de la proclamation des résultats du 2ème tour des élections présidentielles de l’Union des Comores et des Gouverneurs des îles.
D’autres diront «à quoi bon d’en parler, Azali Assoumani a gagné, c’est le plus important». Le plus important c’est que les Comoriens sachent que c’est une «victoire» arrachée par la terreur et la fraude, non par les voix populaires.
Souhaitons la paix et l’alternance démocratique à notre pays
L’espoir est nul pour l’avenir de la démocratie et du développement aux Comores. Pourtant, l’espoir était visible lors des dernières élections, quand la violence a été uniquement dans la tête et la bouche des certains leaders politiques désespérés et perdus et non au sein du peuple. Nous parlons de l’espoir du moment nous sommes tous vivants et prêts à reprendre le combat politique en continue sur le terrain national. L’espoir est là car certains candidats qui n’ont pas eu beaucoup des moyens financiers et humains ont été à la hauteur. Ces élections nous ont aussi donné la leçon que notre peuple peut se mobiliser et s’organiser pour le bien de notre jeune nation, même si on détourne ses suffrages. À nous de l’orienter, sachant que ceux qui nous ont gouvernés hier dans le malheur et qui reprennent la direction de notre pays aujourd’hui dans un nouveau malheur n’ont rien appris de leurs interminables erreurs.
Que Dieu bénisse les Comores et le peuple comorien dans l’unité de l’archipel à savoir Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore.
Par Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah
Président du Parti Comores Alternatives (PCA)
Moroni Comores
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© www.lemohelien.com – Samedi 4 juin 2016.
One Comment
MARANDRAZI
juin 6, 2016 at 9:21Cher Saïd-Ahmed,
Avec la détermination des intellectuels engagés, comme toi, ARM et les autres, pour la liberté et la dignité de notre pays, le peuple comorien vaincra très prochainement ses ennemis intérieurs et extérieurs.
soyez assurés que le peuple comorien saura suivre l’exemple des autres peuples africains qui répondent, chaque jour, à ce cri populaire lancé par Patrice Emery LUMUMBA pour libérer nos pays respectifs du contient africain aux mains de ses ennemis sans foi, ni loi.
Azali, Boléro, Sambi et Kiki, avec la complicité de nos institutions corrompues, ont arraché le pouvoir par la terreur et la fraude. Le peuple souverain récupérera son pouvoir par la résistance.
Et si la résistance populaire ne suffit pas à les ramener à la raison et à rendre ce pouvoir, nous combattrons ces ennemis de la nation par la force, jusqu’à notre dernière goutte de sang.
Mais, jamais, je dis bien jamais, le peuple comorien ne laissera pas ces voyous tranquilles tant qu’ils ne se conformeront pas aux règles de la démocratie. Nous pousserons leur conscience à bout, si tant qu’ils en ont une, jusqu’à ce qu’ils étouffent.
La patrie ou la mort.