La Légion d’Honneur remise à Hamada Madi Boléro
Inauguration du Monument aux Comoriens morts pour la France
Par ARM
Le samedi 19 juillet 2014, on se préparait à un événement, et il y en a eu deux. En effet, des Comoriens venus de toutes les régions de France se rendaient dans l’Oise pour l’inauguration d’un Monument dédié aux Comoriens morts pour la libération de la France lors de la Grande Guerre ou Première Guerre mondiale (1914-1918), et la journée s’accompagna de la remise de la Légion d’Honneur au «meilleur d’entre nous», Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. La journée n’avait pourtant pas commencé dans la sérénité car, dans la voiture qui devait conduire Hamada Madi Boléro dans l’Oise pour l’inauguration de ce Monument, Hamada Madi Boléro s’était retrouvé assis aux côtés d’un inconnu à la barbe bien fournie et grisonnante. On ne l’avait même pas prévenu. C’est par la suite qu’il apprendra qu’il s’agissait du Mufti comorien de Paris, à qui celui de Marseille, installé par Ahmed Sambi en septembre 2011, alors qu’il n’était plus Président et que personne ne l’avait mandaté, voue une haine proverbiale. De la jalousie professionnelle et politique. L’homme de Marseille trouve que son grand rival de Paris est mieux écouté des autorités comoriennes que lui-même. Et en plus, voilà l’homme de Paris dans une voiture officielle avec le plus proche collaborateur du Président de la République.
Pour autant, ces péripéties ne doivent pas nous faire oublier que ce samedi 19 juillet 2014, à Chiry Ourscamps et à Cuts, deux communes dans la Vallée de l’Oise, Hamada Madi Boléro et le Préfet de l’Oise, représentant du Président de la République française, ont inauguré officiellement le Chemin de Mémoire des soldats comoriens morts pour la France pendant la Grande Guerre en 1914-1918. Cette inauguration a eu lieu en présence des Maires de Chiry Ourscamps et Cuts, de plusieurs élus locaux venus de Marseille et La Courneuve, villes où vivent d’importantes communautés comoriennes, des élus nationaux, des Ambassadeurs et autres diplomates, des officiers des Armées française et comorienne, et d’une très forte délégation de la communauté comorienne en France.
La cérémonie s’était déroulée en deux phases: la première était organisée à Chiry Ourscamp, en présence de la population de cette belle localité et du premier magistrat de la ville, le Maire Jean-Yves Bonnard. Debout, des militaires français portaient le drapeau de leur pays, tandis que les 3 officiers militaires comoriens qui ont défilé aux Champs-Élysées le 14 juillet 2014 portaient le drapeau de l’Union des Comores. Ce fut un grand moment d’émotion. La communauté comorienne, venue nombreuse ce jour, était émue lorsque Hamada Madi Boléro et le Préfet de l’Oise dévoilèrent la plaque sur laquelle sont inscrits les noms et prénoms des soldats comoriens morts à Chiry Ourscamp à l’été de 1918 pour défendre la ville contre les soldats allemands. Le moment le plus émouvant fut lorsque des très jeunes Comoro-Français de La Courneuve entonnèrent les hymnes nationaux, comorien et français, avant que deux jeunes filles ne lisent à haute voix les noms, prénoms et localités de naissance des soldats comoriens morts à Chiry Ourscamp. L’assistance a eu droit à une très belle et complète histoire de ce qu’ont vécu les soldats comoriens qui ont défendu comme il faut la ville de Choiry Ourscamp, une histoire racontée par le Maire de la ville, qui est aussi historien. Ce qui ne gâte rien.
Dans son allocution, le Maire de Chiry Ourscamps n’a pas manqué de rappeler à l’assistance, la bravoure et la loyauté des tirailleurs venus des Comores, appelés «bataillons somalis». Il a demandé aux Comoriens présents à la cérémonie de considérer sa commune comme la leur désormais. Le Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, Hamada Madi Boléro, a fait une très brève déclaration, juste pour remercier les autorités nationales et locales françaises de cette reconnaissance, qui honore les Comoriens partout où ils se trouvent. Le Préfet de l’Oise prit la parole en dernier, au nom du gouvernement français, pour louer lui aussi le courage des tirailleurs venus des Comores: «La France n’oublie jamais ceux qui ont combattu pour sa liberté. Et c’est pour cette raison qu’aujourd’hui, nous commémorons la mort de ces vaillants soldats des Comores. Ce travail sera poursuivi partout sur le territoire français…», avait-il dit en substance.
Par la suite, le long cortège a pris la direction de Cuts, lieu où allait se dérouler la cérémonie proprement dite, avec les allocutions des autorités et des responsables des associations, après qu’au nom des gouvernements français et comorien, le Préfet de l’Oise et le Chargé de la Défense de l’Union des Comores, eussent dévoilé la stèle en honneur des soldats comoriens morts pour la France en 1914-1918. On constata alors une très forte mobilisation du Département, tant au niveau civil que militaire, un grand intérêt des autorités françaises nationales et locales, avec la communauté comorienne en France, de tous les âges et classes socioprofessionnelles. Et c’est ainsi que la cérémonie de Cuts devint un événement inédit.
Après que les jeunes ainsi que les autorités eurent déposé les gerbes de fleurs au pied de la stèle comme à Chiry Ourscamps, les hymnes français et comoriens suivirent et tout ce beau monde se déplaça vers le château où on allait assister aux allocutions des autorités et à la remise des décorations et des médailles, françaises pour des Comoriens, et comoriennes pour des Français. Le Maire de Cuts, le Président de l’Amicale, le représentant de celui de la Seine-Saint-Denis, M. Mradabi (qui traduisit en comorien un poème pour la guerre 1914-1918) et tant d’autres, dont le Préfet, s’adressèrent à l’assistance avant que le Chargé de la Défense, au nom du Président Ikililou Dhoinine, ne remette les décorations aux nominés, et que le Préfet de l’Oise, au nom du Président François Hollande, ne remettre la Légion d’Honneur à Hamada Madi Boléro, le troisième Mohélien à la porter, après le grand-père d’un contestataire sur Internet et après Hadj Boinariziki, grand-père paternel de l’actuelle Première Dame, au cours de la période française, en récompense à des services rendus à la France durant la Seconde Guerre mondiale.
Mais avant tout cela, Hamada Madi Boléro avait prononcé son allocution.
Allocution de M. Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président de l’Union des Comores chargé de la Défense, à l’occasion de l’inauguration du Chemin de Mémoire des soldats comoriens morts pour la France pendant la Grande Guerre (1914-1918):
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, avant toute chose, de m’acquitter d’un devoir, celui de vous transmettre et à travers vous, aux autorités et au Peuple ami de France, les très sincères remerciements de Son Excellence le Docteur Ikililou Dhoinine, Président de la République de l’Union des Comores, et Chef suprême des Armées, pour cet accueil très chaleureux que vous nous avez réservé.
Aussi, au nom du département de la défense que j’ai l’honneur de diriger, je vous exprime toute notre émotion en nous retrouvant dans cette belle localité, pour l’inauguration du Chemin de Mémoire des combattants venus de l’archipel des Comores et morts au côté de leurs frères d’armes français pendant la Grande Guerre 14-18.
Et enfin, au nom des Comoriens de France, de notre diaspora, je vous dis que nous sommes très touchés par cet acte de reconnaissance à l’égard des soldats venus des quatre îles des Comores (Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comore).
Je m’adresse en particulier à M. Kader Arif, secrétaire d’État aux Anciens Combattants et à la Mémoire et à vous, Monsieur le Préfet, pour vous dire combien sommes-nous émus en apprenant que des soldats comoriens sont morts à côtés des vôtres et enterrés ici. Je m’adresse aussi, aux représentants des Conseils généraux de l’Oise, qui ont été très engagés dans ce projet, cher Monsieur Blanchard, et de la Seine-Saint-Denis, représenté par Madame Saïd Anzum.
Et enfin, vous conviendrez avec moi que je livre un message d’amitié particulièrement chaleureux à Monsieur Bonnard et à Monsieur Marchand, Maires de Choiry Ourscamp et de Cuts, à leurs conseils municipaux ainsi qu’aux habitants de leurs deux communes, dont les noms sont désormais écrits dans la mémoire collective des Comoriens.
Dans vos communes, il y a cent ans, sont morts pour la France, pour la sécurité de ce pays, des jeunes soldats venus de l’océan Indien, des îles de l’archipel des Comores. En attendant un travail profond des historiens, nous sommes en droit de nous poser certaines questions pour mieux comprendre mais surtout pour mieux apprécier le courage de ces soldats comoriens. Très jeunes, ont-t-ils eu le choix de s’enrôler dans l’Armée? Savaient-t-ils que l’Europe était en guerre et qu’ils allaient se battre? Avaient-t-ils les connaissances techniques militaires minimales pour faire la guerre? Avaient-t-ils conscience des conditions climatiques des lieux où ils allaient se battre? Avaient-t-ils eu le temps de dire au revoir à leurs familles respectives? Ces dernières ont-t-elles été informées de leur décès?
En tous les cas, nous pouvons d’ores et déjà nous incliner face à leur témérité, à leur bravoure parce qu’ils n’ont pas manqué à leur devoir de citoyens! Venus de très loin, ils ont fait la guerre dans des conditions climatiques et autres très différentes de celles dans lesquelles ils ont toujours évolué. En pensant à eux, aux difficultés auxquelles ils ont été confrontés, je ne cesse de vous regarder, vous Anciens Combattants, vous qui avez combattu avec nos parents pour la liberté! Nous sommes venus ici aussi pour saluer la mémoire de ces soldats comoriens morts pour la France, mais aussi ceux de leurs frères d’armes de métropole que vous êtes.
Rassurez-vous, nous, le monde entier, vous sommes reconnaissants. Voilà pourquoi, je reviens encore une fois sur le travail colossal et important qui a été réalisé par l’Amicale pour la Mémoire des Tirailleurs venus des Comores. Et d’ailleurs, le Président Ikililou Dhoinine m’a demandé avec insistance, d’exprimer sa gratitude, celle des Comoriens vis-à-vis des membres de ladite Amicale, du travail accompli. Que tous ceux qui ont pris part à ces travaux si importants pour nous deux pays soient remerciés. Je citerai notamment notre Attaché de Défense à l’Ambassade des Comores en France, le Colonel Ahmed Abdallah Cheikh et toute l’équipe de notre représentation diplomatique ici présente, les personnalités telles Mesdames Amina Toibibou et Édith Robin ou M. Rocourt, M. Deroo, le cinéaste de la Force noire, du Lieutenant-colonel Champeaux, M. Riquier, Vice-président de l’Amicale, qui avaient remis, à Moroni il y a deux ans, les fanions des deux unités où les soldats comoriens avaient combattu.
Je suis persuadé qu’il faut poursuivre ces efforts, et créer un véritable Chemin de mémoire devant identifier tous les lieux où, comme ici, des Comoriens auraient combattu. Ce travail d’historiens est un devoir qui nous incombe à tous!
Et maintenant, je voudrais profiter de cette opportunité pour m’adresser spécialement à mes compatriotes ici présents. Nous avons à travers ce Chemin de Mémoire à retrouver notre Histoire. Celle de nos parents. Celle d’une partie de nous-mêmes. Une histoire qui nous honore d’abord parce que désormais nous sommes sûrs que lors du premier conflit considéré mondial, nous avons aussi pris notre part et que donc nous ne sommes pas des déserteurs mais des responsables. Nous sommes donc une Nation comme les autres, qui a droit au respect. Aujourd’hui, la France reconnaît en nous notre loyauté à l’égard de celle qui fut notre patrie commune. Nous la remercions et lui demandons d’aller encore plus loin afin que l’amitié et la fraternité qui lient nos deux peuples permettent à ce qu’ensemble nous contribuions à la paix dans le monde pour que plus jamais il n’y ait de guerre.
Rappelez-vous, mes chers compatriotes, que notre pays de 1912 à 1946, n’est connu que comme simple dépendance de Madagascar ou encore à travers les déstabilisations menées sur notre sol par des mercenaires étrangers, alors que voilà qu’on nous découvre aussi une Histoire héroïque, celle de nos héroïques pères qui a été jusqu’ici oubliée. Soyons fiers donc du riche passé de notre Archipel, des liens forts que nos parents ont tissés avec ce beau et grand pays qu’est la France. Engageons-nous à apporter notre contribution aussi minime soit-t-elle pour la paix dans le monde et pour le respect des conventions qui régissent notre monde moderne.
Vive la coopération Comoro-française,
Vive la solidarité internationale,
Je vous remercie.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 18 juillet 2015.