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Ikililou Dhoinine: dividendes de sortie de bananeraie

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Ikililou Dhoinine: dividendes de sortie de bananeraie

Les États-Unis approuvent et saluent la démarche démocratique

Par ARM

   «Comment pourrais-je quitter une bananeraie que j’ai plantée et qui commence à donner des fruits? […]. Ce n’est pas le bon moment», dixit Yoweri Museveni, lors d’une interview accordée au Daily Monitor le dimanche 10 janvier 2016. Yoweri Museveni est le Président de la République d’Ouganda depuis le 29 janvier 1986 et est candidat à sa propre succession pour un cinquième mandat à la présidence ougandaise. La «bananeraie» dont il est question dans son langage fleuri n’est autre que la Présidence ougandaise. Sa petite phrase signifie qu’après 30 ans de pouvoir, «ce n’est pas le bon moment» pour quitter le pouvoir! Selon lui, il peut y rester encore quelques années. En son temps, aux Comores, Ahmed Sambi pensait pareil, avait joué les prolongations à la tête du pays pendant une année, et comptait rester au pouvoir ad vitam æternam, pour devenir Président à mort et jusqu’à ce que mort s’ensuive. Seulement, le dictateur libyen Mouammar Khadafi, fervent défenseur de la présidence à mort d’Ahmed Sambi, a été tellement contesté jusqu’au renversement et à l’exécution chez lui en Lybie en 2011, qu’il n’avait plus le temps de penser à son protégé tropical Ahmed Sambi, allant jusqu’à lui retirer les mercenaires qu’il avait dépêchés auprès de lui. Ahmed Sambi, la mort dans l’âme, se résolut à quitter le pouvoir le 26 mai 2011, après avoir vainement tout fait pour être nommé «Guide suprême de la République» par une loi de l’Assemblée de l’Union des Comores.

   D’ailleurs, même après avoir accepté de quitter le pouvoir 6 mois après l’élection présidentielle, Ahmed Sambi avait demandé au Président Ikililou Dhoinine de le laisser continuer à occuper le Palais présidentiel parce que, disait-il, il jeûnait, comme si le seul endroit au monde où on peut jeûner est le Palais présidentiel comorien. Par la suite, on retrouvera le même Ahmed Sambi en train de vouloir déstabiliser toute l’architecture juridique, institutionnelle et politique comorienne en voulant être candidat à la magistrature suprême comorienne dans un scrutin dont seuls les Grands-Comoriens ont constitutionnellement le droit de briguer la présidence de la République. Toute honte bue, il avait piteusement multiplié les fausses interprétations de l’article 13 de la Constitution, alors que même à Tuvalu et à Vanuatu, la population sait pourquoi la présidence tournante a été instaurée par la Constitution comorienne du 23 décembre 2001.

   Aujourd’hui, sur un continent africain dont certains Présidents multiplient les tripatouillages de la Constitution pour se maintenir indument au pouvoir, le Président Ikililou Dhoinine a eu la sagesse de faire autrement, sans chercher à passer un jour de plus à Beït-Salam après le 26 mai 2016. Pendant que les crypto-sambistes ont multiplié les manœuvres scélérates pour faire empêcher la tenue de l’élection présidentielle de 2016 tant qu’ils n’étaient pas sûrs que leur chef de file serait autorisé à briguer la présidence de la République, le Président Ikililou Dhoinine et son gouvernement ont tenu bon, et le chef de l’État a affiché ouvertement sa volonté de quitter le pouvoir pacifiquement le 26 mai 2016. Il ne voit pas l’utilité de rester dans «la bananeraie», alors qu’il aurait pu profiter de la crapuleuse demande d’«Assises nationales» formulée par les crypto-sambistes pour passer à des manœuvres dilatoires de maintien au pouvoir.

   Cet attachement du Président Ikililou Dhoinine au primat de la Constitution est apprécié par les différents partenaires des Comores. Et, dès octobre 2015, l’Ambassadeur Soilih Mohamed Soilih, qui a été à la manœuvre pour que Mme Linda Thomas-Greenfield, sous-secrétaire d’État des États-Unis chargée des Affaires africaines, honore une promesse faite au Président Ikililou Dhoinine en 2012 pour une visite aux Comores, pouvait annoncer la tenue de ladite promesse. Comme l’avait également annoncé l’Ambassadeur Soilih Mohamed Soilih, cette visite eut lieu en janvier 2016, et a revêtu une incontestable importance diplomatique, comme l’a déclaré Mme Linda Thomas-Greenfield, parlant du Président Ikililou Dhoinine: «Je tenais à l’honorer avant son départ du pouvoir. Je suis là aussi pour consolider les relations entre les deux pays». Quand on sait interpréter le langage de la diplomatie, ce sont des paroles qui ont une grande signification, et elles ne sont jamais prononcées en faveur d’un dictateur têtu et arrogant s’accrochant obstinément au pouvoir avec l’entêtement d’un âne rouge, au risque d’entraîner tout un pays dans la division.

   C’est donc en connaissance de cause et avec fierté que l’Ambassadeur Soilih Mohamed Soilih a déclaré que c’est un «grand honneur pour notre pays de recevoir une si haute personnalité, qui s’occupe des Affaires africaines auprès du gouvernement américain. Cette visite permettra le renforcement des relations bilatérales, mais elle témoigne aussi de l’intérêt que les États-Unis accordent aux Comores; le retour du Corps de la Paix en est l’exemple». En d’autres termes, il faut savoir analyser les résultats de la visite de Mme Linda Thomas-Greenfield, l’adjointe de John Kerry en charge des Affaires africaines. Elle avait tenu à féliciter le Président Ikililou Dhoinine de la manière dont le processus électoral est engagé aux Comores, notamment de la façon dont à été réglée l’affaire de la candidature anticonstitutionnelle et polémique d’Ahmed Sambi, en suivant la voie légale et la procédure constitutionnelle, pour préserver la paix, la stabilité et l’unité aux Comores.

   La Vice-ministre Linda Thomas-Greenfield, en visitant les Comores, s’est réjouie de l’amélioration des relations entre les États-Unis et l’Union des Comores, confirmant qu’une équipe d’observateurs états-uniens serait présente aux Comores au moment des élections de février et avril 2016, assurant les autorités comoriennes de sa disponibilité à accompagner le pays auprès des autorités états-uniennes compétentes en charge du programme Power Africa cher au Président Barack H. Obama.

   Par ailleurs, et cela est d’un très grand intérêt, à l’occasion des entretiens que Mme Linda Thomas-Greenfield a eus avec les autorités comoriennes, il a été souligné que le Président Ikililou Dhoinine méritait bien l’honneur d’intégrer le club réservé aux leaders africains qui quittent volontairement et démocratiquement le pouvoir, en suivant les règles de l’art, de la légalité et de la légitimité. De ce fait, le Président Ikililou Dhoinine pourrait donc être appelé à rejoindre certains de ses homologues qui assument de rôles de sages et de médiateurs à l’échelle du continent africain. Cela démontre par l’exemple qu’il y a une autre vie pleine et bien utile après avoir été chef d’État, qu’il n’y a nul besoin de s’y accrocher, ni de vouloir y revenir à tout prix, en menaçant tout un pays de «chaos». Comme toujours, chacun récoltera ce qu’il aura semé, et personne ne mettra de la viande dans la marmite pour en faire ressortir du poisson.

   Il a été confirmé également que la Directrice générale du Peace Corps (Corps de la Paix) viendrait à son tour aux Comores, et cela devra être fait avant la fin de ce mois de janvier 2016. Autant dire que le retour aux Comores de cette organisation animée par la jeunesse des États-Unis et placée sous tutelle gouvernementale est une initiative hautement positive. Cela nous apprend quoi? Une chose très simple mais très instructive: il suffit d’un minimum de suivi des dossiers importants pour qu’une activité diplomatique rondement menée produise ses effets positifs. À un moment où les Comores s’acheminent vers des élections cruciales, chacun devra méditer sur l’utilité de demander à des gens sérieux et compétents de travailler sur les dossiers qui comptent, au lieu de s’obstiner à vouloir devenir Pape à la place du Pape sans conclave. Que cela soit dit, et les vaches seront mieux gardées.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 20 janvier 2016.


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