Maître Saïd Larifou, candidat trop voyant à l’élection présidentielle
Par ARM
Méfiez-vous du faux dormeur comorien. Le Comorien peut faire semblant de dormir alors qu’il est très éveillé. Il écoute tout, entend tout, regarde tout, voit tout, se moque de tout et rit de tout. Le faux dormeur comorien est entièrement d’accord avec Voltaire quand il dit: «Le seul moyen d’obliger les hommes à dire du bien de vous, c’est d’en faire». Ces derniers temps, des Comoriens disent et affichent ouvertement leur hostilité envers Maître Saïd Larifou, Président du RIDJA, depuis qu’il fait ami-ami avec Ahmed Sambi, trouvant qu’il en fait trop, à l’image de son copain Ahmed Sambi, dénonçant son trop plein d’images sans textes explicatifs et démonstratifs persuasifs, «même quand il achète du carburant», disent-ils, «sans rien proposer sur le plan des idées politiques et sur le plan programmatique». Très remontés contre lui, certains lecteurs exigent même qu’on lui demande d’arrêter cette façon de communiquer, oubliant que le patron du RIDJA est un adulte, un homme libre pouvant se faire photographier où il veut et quand il veut, avec qui il veut, comme il veut et ayant le droit d’organiser son marketing politique comme il veut et l’entend. D’autres s’interrogent sur la présence continue de Maître Saïd Larifou aux Comores depuis le 17 juin 2015, alors que d’habitude, il n’y passe que quelques heures, n’allant pas au-delà d’une semaine. La question relève de la curiosité, mais elle n’est pas stupide. Elle a une profondeur politique et une pertinence électorale parce qu’il s’agit d’un acte politique, d’un acte éminemment politique de la part de l’avocat franco-comorien. En effet, il s’agit de l’affirmation des ambitions présidentielles autonomes, souveraines et indépendantes de l’allié inattendu d’Ahmed Sambi, car c’est la première fois de sa carrière politique qu’on le voit atteint d’une telle bougeotte aux Comores et d’une sédentarité au niveau du pays, qu’il ne quitte plus pour l’étranger. Il est partout à la Grande-Comore où il peut être vu par des hommes et des femmes, et cela énerve ceux qui ont décidé de ne pas l’aimer, ou de ne plus l’aimer. Il se fait photographier partout avec les villageois, les villageoises, les citadins, les citadines, les vieux, les grands, les petits et les bébés en couche-culotte. Signe du temps, il a rangé ses costumes bleus au placard et ne porte que des boubous pour se mettre au diapason de la population. Au fond, il fait penser à l’«Amghar» («Patriarche» en amazigh) marocain, l’inimitable Mahjoubi Aherdane, l’habile politicien connu pour être le champion du passage du costume à la djellaba, et également connu pour parler le langage cru de la rue afin de se faire comprendre auprès du peuple et par le peuple.
Maître Saïd Larifou est entré en campagne électorale aux Comores. Il est lancé dans une campagne électorale décisive pour son avenir politique, et c’est son droit parce que, même né à Madagascar, il est de manière incontestable et irréfragable originaire de la Grande-Comore. Seulement, cette entrée en campagne électorale pose un problème gros comme un gratte-ciel de Manhattan, à New York: il était présent à la mascarade du samedi 16 mai 2015, au cours de laquelle des leaders politiques exclusivement grands-comoriens, et à l’exclusion de Mohéliens et d’Anjouanais, ont bradé l’honneur de leur île pour faire plaisir à leur copain, l’Anjouanais Ahmed Sambi, dont ils connaissent l’impossibilité de la candidature pour 2016, qu’il s’agisse de briguer la présidence de la République, puisqu’il est Anjouanais et non Grand-Comorien, ou de briguer la vice-présidence, puisque, inscrit sur les listes électorales de la Grande-Comore, il ne peut pas pousser le culot et le manque de gêne jusqu’à demander à être le colistier d’un Grand-Comorien pour la Grande-Comore. On sait qu’il ne ressent pas la honte comme le commun des mortels, mais tout de même! Ce qui fait rire dans ce banabana, c’est qu’Achirafi Saïd-Hachim, Président du CADIM, un parti politique que fuient les élus et les électeurs, qui a juré en public le samedi 16 mai 2015 que son candidat est Ahmed Sambi, est déjà «en dissidence» et a pris «le maquis», puisque, toute honte bue, quelques heures seulement après avoir fait allégeance personnelle et perpétuelle à Ahmed Sambi, il a déclaré sa candidature personnelle sur les ondes de la radio Africa n°1, comme un grand, et en tant que «Grand-Comorien», en plus, dit-il.
D’autres ont suivi, et il serait fastidieux de les énumérer un à un. Ce qui fait rire dans ce banabana, c’est que, la photo montrant les leaders de «l’opposition républicaine» assis côte à côte le samedi 15 mai 2015 dans une salle de Paris où il y avait 45 personnes seulement (il a quand même fallu aller visiter la salle pour constater qu’il s’agit d’un salon, et les images montrent des rangs vides, même avec les trucages habituels!), avait été agrémentée d’un titre très méchant: «Qui ment à qui?». Aujourd’hui, on se rend compte que le banabana du samedi 16 mai 2015 est le plus gros mensonge politique comorien en termes de bluff et de faux-semblant en matière de communication. Une fois de plus, on revient à la petite phrase de Gérard de Villiers: «Les deux mamelles de la Méditerranée sont la simulation et la dissimulation», étant entendu qu’on montre des apparences trompeuses pour cacher la réalité. Ces choses ne se passent pas que dans le pourtour de la Mer Méditerranée, puisqu’elles ont cours également aux Comores. Dans ce banabana, tout n’est que tromperie, et en 2016, on va voir comment des alliés sans affinités politiques et personnelles vont sombrer dans les divisions les plus insupportables et dans les injures les plus honteuses. Une fois de plus, on constate la justesse du proverbe comorien: «La nuit du menteur n’est jamais longue».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 27 juillet 2015.