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Aïd Al-Kabir: Est-ce la Grande Fête ou la grande confusion en terre d’Islam?

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Aïd Al-Kabir: Est-ce la Grande Fête ou la grande confusion en terre d’Islam?

Les musulmans célèbrent dans la division une fête liée à un évènement indivisible

Par ARM

     Le mot arabe «Aïd Al-Kabir» signifie «La Grande Fête». Dans les différentes aires de la terre d’Islam, elle a reçu diverses dénominations nationales ou régionales: «Tabaski» en Afrique de l’Ouest, «Kourban Hayram» en Turquie, «Fête du Mouton» au Maghreb, «Aïd Al Adha» («Fête du Sacrifice») dans les pays arabes, de manière générale.

     Aux Comores et à Mayotte, elle est joliment et à juste titre dénommée «La Fête du Pèlerinage à La Mecque», puisque entièrement liée à ce 5ème pilier de l’Islam, qui se déroule au même endroit, à la même date pour tous les musulmans du monde, au lendemain du Jour d’Arafah et non un autre jour, malgré le ridicule manifesté en la matière par les différents pays musulmans: le pèlerinage «a pour but de rassembler tous les musulmans» et «le pèlerinage montre la cohésion de la communauté musulmane par-delà les races et les nationalités»: Joseph Burlot: La civilisation islamique, Édition revue et augmentée, Hachette Éducation, Collection «Faire le point», Paris, 1990, pp. 20 et 21.

     Gamal Abdel Nasser, alors chef de l’État d’Égypte, avait eu cette pensée, suscitée par la présence au même endroit, aux Lieux Saints de l’Islam, lors du pèlerinage: «Lorsque je me prends à réfléchir sur ces centaines de millions de Musulmans, tous fondus en un tout homogène par la vertu d’une même foi, je m’en retrouve de plus en plus conscient des réalisations inouïes que la coopération entre ces millions d’hommes serait susceptible d’accomplir – une coopération qui, certes, n’outrepasserait jamais le loyalisme de chacun envers son pays d’origine, mais qui lui assurerait, à lui et à tous nos Frères-en-l’Islam, un pouvoir illimité »: Gamal Abdel-Nasser: Egypt’s Liberation. The philosophy of the Revolution, Le Caire, 1955, pp. 67-68, cité par Bernard Lewis: Le retour de l’Islam, Éditions Gallimard, Paris, 1985, p. 470.

     Il est de notoriété publique que l’Aïd Al-Kabir, «c’est la plus importante fête du calendrier islamique. Elle tombe le 10 de Dhû-l-Hijjah, qui est aussi le point culminant du pèlerinage à La Mecque»: Cyril Glassé: Dictionnaire encyclopédique de l’Islam, Préface de Jacques Berque, Traduit et adapté de l’anglais par Yves Thorval, Bordas, Paris, 1991, p. 176.

     Il faut insister sur le fait que la veille de l’Aïd Al-Kabir, il y a systématiquement le Jour d’Arafah, et ce dernier coïncide toujours avec le 9ème jour du mois Dhû-l-Hijjah. Le jour d’Arafah est un, indivisible, et ses manifestations ont lieu en un seul endroit, dans les environs de La Mecque, les musulmans du monde entier jeûnant ce jour-là. La question qui se pose alors est celle de savoir pourquoi les divisions du monde musulman sur des critères irreligieux font que chaque pays sombre dans ses propres délires pathétiques et ridicules nationaux au lieu de prendre comme aiguillon ce qui se passe concrètement aux Lieux Saints de l’Islam, là où a lieu le pèlerinage. Pis, dans un même et seul pays musulman, il peut y avoir 3 à 6 jours différents de célébrations de la Grande Fête, des célébrations souvent liées à des querelles entre confréries, alors que, dans le Coran, Dieu interdit les divisions entre musulmans:

«Obéissez à Dieu et à Son Prophète; ne vous querellez pas, sinon vous fléchiriez et votre chance de succès s’éloignerait. […]» (VIII, Le Butin, 46).

«Attachez-vous tous, fortement au pacte de Dieu; ne vous divisez pas; souvenez-vous des bienfaits de Dieu: Dieu a établi la concorde en vos cœurs; vous êtes par Sa grâce, devenus frères alors que vous étiez des ennemis les uns pour les autres. Vous étiez au bord d’un abîme de feu et Il vous a sauvés. […]» (III, La Famille Imran, 103).

«Puissiez-vous former une Communauté dont les membres appellent les hommes au bien […]» (III, La Famille Imran, 104).

     Alors Président de la République algérienne, Houari Boumediene avait déclaré: «Il convient de faire une distinction entre l’Islam et les Musulmans. Le défaut n’est pas dans l’Islam mais dans ceux qui se disent Musulmans»: Cité par Khalfa Mameri: Citations du Président Boumediène, 4ème édition revue et augmentée, Editions Karim Mameri, Tipaza, 1993, p. 39.

     Triste réalité.

     À Vahibé, zone de non-Droit à Mayotte, les Anjouanais, constituant cette communauté villageoise, ne se contentent pas de braver l’autorité de la République française par des actes d’une extrême, destructrice et mortelle violence; comme ils se désolidarisent complètement de l’île qui les nourrit, ils ne célèbrent jamais les évènements religieux à la même date que les Mahorais, victimes de leur haine et de leur brutalité sans nom, ni limites.

     Les musulmans n’accordent aucune importance à la «Oumma», leur grande communauté spirituelle qu’ils sont censés former sur la base de l’Islam. Cette Communauté affiche ses divisions, notamment lors de la célébration de ce qui devait être l’indivisible Grande Fête, elle-même basée sur un évènement indivisible: le Jour d’Arafah, qui précède d’une journée la Grande Fête, comme cela est souligné ci-haut.

     Xavier de Planhol explique une réalité qui est méprisée et piétinée par les musulmans: «C’est au lexique religieux qu’ont été empruntés, dans les trois grandes langues de culture de l’aire musulmane, les termes qui désignent aujourd’hui la nation. Le plus ancien est l’arabe milla, qui dans le Coran a le sens de “motˮ [¼]. Il a pris la signification de “groupe de gens qui acceptent un mot ou un livre révéléˮ, et est ainsi passé en turc (sous la forme millet), pour désigner, dans l’Empire Ottoman, une communauté organisée sur une base religieuse, et reconnue comme telle par l’administration impériale [¼]. Il en a été de même, en fin de compte, en persan, pour mellat et melli, mais là aussi la confusion avec le fait religieux fut persistante. À l’origine mellat y désignait, comme en turc, une communauté religieuse, le peuple d’une croyance, et, dans le langage politique et par voie de conséquence, la population d’un pays, le peuple»: Xavier de Planhol: Les nations du Prophète. Manuel géographique de politique musulmane, Fayard, Paris, 1993, pp. 22-23.

     Plus révoltant encore, à un moment où, dans chaque coin de rue des pays se réclamant de l’Islam, poussent et fleurissent des faux religieux de toutes sortes, des Tartuffes incitant à l’obscurantisme et à la haine, on rejette la «Oumma, qui désigne dans le Coran, et toujours depuis lors dans l’Islam, la Communauté des Croyants» (X. de Planhol: Les nations du Prophète. Manuel géographique de politique musulmane, op. cit., p. 24.), et «celleci conserve des éléments hérités de l’ancienne organisation tribale préislamique, mais la différence fondamentale réside dans le fait qu’elle est fondée sur la religion et non sur la parenté»: Robert Mantran: Religion et société musulmane, Maurice Flory, Baghat Korany, Robert Mantran, Michel Camau et Pierre Agate: Les régimes politiques arabes, 2ème édition, PUF, Collection «Thémis», Paris, 1991, p. 29.

     Le professeur Masud Ul-Hassan (Pakistan) rappelle que «le concept de nation tel qu’il est compris selon la pensée politique occidentale est d’une origine récente et n’est pas reconnue par l’Islam. Comme l’Islam œuvre en faveur d’une fraternité universelle, il est en principe opposé au nationalisme territorial». Ce faisant, «selon la pensée politique occidentale, une langue commune, un territoire commun, des habitudes communes et une Histoire commune sont les critères de la nation. Une telle conception ne reconnaît pas la religion comme étant la base de la nation», alors qu’en Islam, «la religion est le facteur dominant de la nation [¼]»: Masud Ul-Hasan: Reconstitution of Political Thought in Islam, Islamic Publications (Pvt.) Limited, Lahore, Pakistan, 1988, pp. 54 et 55.

     Mais, comment le monde dit de l’Islam peut-il prétendre à l’unité alors qu’il refuse jusqu’à l’idée de célébrer sa Grande Fête le même jour, au lendemain du Jour d’Arafat, annonçant la fin du Pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam? Les espoirs d’unité du monde musulman ont été anéantis violemment par le ridicule du nationalisme pathétique des pays se réclamant de l’Islam, mais incapables de commémorer la Grande Fête de l’Islam au lendemain du Jour d’Arafah, un jour indivisible, qui fait tourner tous les regards musulmans vers une unique direction: les Lieux Saints de l’Islam, en Arabie Saoudite.

     Le ridicule dans lequel s’emprisonnent obstinément les pays dits musulmans, incapables de célébrer leur Grande Fête le même jour que l’Arabie Saoudite, souligne les limites du constat fait jadis par Bernard Lewis, pour qui «les chefs d’État ou les ministres des Affaires étrangères des pays scandinaves et de la République fédérale d’Allemagne ne se rencontrent pas, de temps à autre, dans des conférences luthériennes au sommet. Et les dirigeants grecs, yougoslaves, bulgares et autres, oubliant pour l’occasion leurs différends politiques et idéologiques, n’organisent pas régulièrement des conférences sur la base de l’appartenance passée ou présente de leurs nations à la religion orthodoxe. Les États de confession bouddhiste, enfin, bien qu’ils appartiennent à l’Asie de l’Est ou du Sud-Est, ne forment pas un bloc religieux aux Nations Unies ni dans aucun autre domaine de leur vie politique. L’idée même d’un tel regroupement, fondé sur la religion, dans le monde contemporain, a pu être tenue par ceux qui lui demeuraient étrangers pour un anachronisme, voire une absurdité».

     Or, toujours selon Bernard Lewis, l’existence de l’Organisation de la Conférence islamique (OIC) suggère, au moins en théorie, qu’un rassemblement international basé sur la religion est une réalité en Islam: «Plus de quarante gouvernements – des monarchies et des Républiques, des régimes conservateurs et révolutionnaires, des tenants du capitalisme et du socialisme, des amis du monde occidental et du monde communiste, et toute une palette de nuances de neutralité – ont mis sur pied un système savant de consultation internationale et, en des domaines divers de coopération. Ils tiennent avec régularité des conférences entre hauts responsables et, en dépit de leurs différences de structure, d’idéologies et d’organisation politique, ils ont atteint une certaine unité de vue et d’action»: Bernard Lewis: Préface, in Gilles Kepel: Le Prophète et le Pharaon. Les mouvements islamistes dans l’Égypte contemporaine, Les Éditions La Découverte, Paris, 1984, p. 7.

     On est également très loin de la période au cours de laquelle la prétendue symbiose et l’utopique cohésion synergétique de la «Oumma» faisaient dire à Jacques Benoist-Méchin que la terre d’Islam fait penser à l’«“extrême pointe des deux ailes d’un oiseauˮ. Et c’est bien une des caractéristiques de l’Islam que d’avoir toujours cherché à organiser la diversité dans l’unité et d’avoir réussi à imprimer sa propre marque à un empire multiforme, maintes fois éclaté»: Paul Balta: Du Prophète au Hezbollah, in Paul Balta: L’Islam dans le monde, 2ème édition, Le Monde Éditions, Collection «La Mémoire du Monde», Paris, 1991, p. 21.

     Cela reste à prouver…

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 8 juin 2025.


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