L’Ambassade des Comores en Chine a son journal et communique
Par ARM
Entre eux, les initiés le disent: les autorités comoriennes ne communiquent pas. Elles ne se soucient même pas de valoriser le peu d’acquis à mettre à leur actif. Or, le déficit en matière de communication institutionnelle est toujours préjudiciable parce que le peuple ne sait pas ce que font les dirigeants du pays. À son échelle et en ce qui concerne les relations entre les Comores et la République populaire de Chine, Mahmoud Aboud, Ambassadeur des Comores à Pékin, a décidé de faire en sorte que ce qu’il se fait se sache, et ce, non pas pour les petites fanfaronnades chères aux autorités comoriennes, mais dans un but pédagogique, parce que les Comoriens doivent savoir ce que fait leur Ambassade à Pékin. Le journal créé par l’Ambassadeur Mahmoud Aboud (Directeur de la publication) et auquel collaborent Moudjtamaan Bakathir (Rédacteur en chef), Djamil Mohamed (Maquette et réalisation), Hamidoun Hamidoullah (Photographe) et Daniel Abdallah, est un bulletin trimestriel d’information qui s’appelle Le Salam de Pékin, le mot «Salam» signifiant en comorien et en arabe «Salutations» et véhiculant une idée de «paix», puisque ce mot est lié à «Salam», «Salama» ou «Slama», «La Paix», en comorien et toujours en arabe. En d’autres termes, le journal de l’Ambassade des Comores en Chine veut diffuser avant tout un message de fraternité et de paix, transmettre les salutations des Comores et faire savoir aux Comoriens les «ressorts intimes» de la coopération entre les Comores et la Chine populaire, une coopération dont les origines se situent au lendemain de la proclamation unilatérale de l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975 et l’admission des Comores à l’ONU, le 12 novembre 1975. Merci, Ali Toihir Mohamed. Que de chemin parcouru depuis! Et que des réalisations ont été faites grâce à la Chine, qui a toujours été aux côtés des Comores, concrétisant projets sur projets.
Prenons l’exemple du n°7 du Salam de Pékin, correspondant au premier trimestre 2015. C’est un numéro très riche et qui foisonne d’informations aussi intéressantes les unes que les autres. L’éditorial, intitulé «Chine-Comores: Un partenariat qui évolue», retrace l’histoire des relations entre les deux pays, depuis le 13 novembre 1975, soit 24 heures seulement après l’admission officielle de l’État des Comores à l’ONU. Ce rappel est nécessaire parce qu’il permet de situer la coopération sino-comorienne dans sa dimension historique et dans son contexte actuel. Il est précisé sur cet éditorial de très bonne facture: «La coopération économique et commerciale n’a cessé de s’approfondir en 40 ans. L’aide chinoise, accrue aux Comores, a donné des résultats concrets. La coopération sino-comorienne, mutuellement avantageuse, s’étend dans tous les domaines, dont les infrastructures, la santé, l’énergie, la télécommunication, etc., ce qui insuffle une nouvelle vitalité aux relations économiques sino-comoriennes. Les échanges humains et culturels ont connu un développement vigoureux. Les échanges amicaux dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la santé, des sciences, des technologies, de l’information et de la jeunesse se sont développés rapidement».
On retrouve sur ce même numéro 7 du Salam de Pékin des articles consacrés à la visite effectuée aux Comores par Wang Jiarui, Vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois, aux activités de l’Ambassade des Comores en Chine, dont la rencontre entre l’Ambassadeur Mahmoud Aboud et les responsables de la Banque de Développement de la Chine en vue d’exploration de «nouvelles pistes de coopération» entre les deux pays, la séance de travail réunissant l’Ambassadeur Mahmoud Aboud et le Directeur adjoint du ministère chinois du Commerce. Il y a aussi un témoignage de Saïd Mansoib Saïd Ali expliquant qu’avant même l’accession des Comores à l’indépendance, la Chine était aux côtés du pays, en lui apportant une aide pour son indépendance, dans le cadre de la lutte contre le colonialisme. Un autre article porte sur un sujet également d’une grande importance: l’ouverture du marché chinois aux produits comoriens, tandis qu’un autre est consacré aux spécificités de la coopération entre la République populaire de Chine et l’Afrique. Un autre article retrace le parcours d’une ancienne ouvrière devenue la femme la plus riche de Chine. Une rubrique est consacrée à des proverbes étrangers, un autre à un petit cours de langue chinoise, pour apprendre quelques mots et expressions chinois de la vie de tous les jours.
Un article d’envergure porte sur le projet de port de Mohéli. Qu’on se le dise: si le Président Ikililou Dhoinine faisait pousser de l’or sur les tomatiers, des diamants sur les manguiers et des émeraudes sur les choux, mais sans construire le port de Mohéli, il ne se trouverait personne à Mohéli pour le prendre pour quelqu’un de bien, sérieux et crédible. Les Mohéliens réclament un port, un aéroport et un nouveau dépôt de carburant sur leur île. Le port construit à Mohéli dans la précipitation et la magouille sous la présidence d’Azali Assoumani Baba (1999-2006) est l’infrastructure la plus ridicule au monde et, connus pour leur cruauté envers les dirigeants incompétents, les Mohéliens qualifient la pauvre petite chose de «virgule». Il est vrai que la chose tenant lieu de port à Mohéli est ridicule, grotesque, pitoyable et pathétique. Le «port» actuel de Mohéli pourrait même être qualifié de «crime contre l’humanité». Quand le Président Ikililou Dhoinine va à Mohéli, il peut dire tout ce qu’il veut, mais les gens lui disent invariablement: «Monsieur le Président, ce que tu dis est très brillant, très intéressant, très gentil, mais tant que tu ne nous parles pas de notre port, de notre aéroport et de notre nouveau dépôt d’hydrocarbures, notre cœur n’y sera pas. Aucun sujet que tu évoqueras ne nous intéressera tant que nous n’aurions pas obtenu ces trois infrastructures de base».
Le Président Ikililou Dhoinine a bien compris la leçon, parce que les revendications des Mohéliens sur ces trois infrastructures remontent à l’époque de Mathusalem, avant même que l’île de Mohéli ne soit habitée. Et les Comores ont commencé l’année 2015 avec l’annonce du projet de construction du port par la Chine, un port qui avait fini par devenir un serpent de mer, une arlésienne: «Le voilà, le voilà, tu entendras parler de lui, mais tu ne le verras jamais», disent, fatalistes et moqueurs les Comoriens. Déjà, en 1994, pendant que Saïd Abdallah Mchangama faisait ce qu’on sait en pleine «gendrocratie», sous la présidence de Saïd Mohamed Djohar, en faisant un vrai coup d’État pour devenir le Président de l’Assemblée fédérale, alors que la fonction revenait à un Mohélien, et pendant qu’on promettait et promettait et promettait encore et encore la présidence d’un «Sénat» inexistant à Mohéli, le futur Vice-président Fouad Mohadji, connu pour son humour décapant et corrosif, ironisait et ricanait avec une rare cruauté et une absence totale de charité: «Quant au “partage” équitable des hautes fonctions de l’État, Mohéli est appelée à patienter et à attendre la présidence du Sénat. Une histoire qui fait penser à l’éternelle attente d’un port maritime à Mohéli», ajoutant une autre méchanceté qui nous apprend qu’«en attendant, Mohéli doit, avec patience, “enlever les poils d’un œuf”, comme le dit un proverbe bambara»: Fouad Mohadji: À propos de l’équilibre des pouvoirs entre les îles, Al-Watwany n°293, Moroni, 14-20 janvier 1994, p. 4.
Or, en lisant Le Salam de Pékin, on apprend que les Mohéliens n’ont plus besoin d’«enlever les poils d’un œuf» parce que, comme cela est annoncé depuis janvier 2015, la Chine populaire va construire ce fameux port de Mohéli, et cela selon des modalités très particulières: «La convention de financement du Port de Mwali n’alourdit pas les finances de l’État comorien, ni la dette proprement dite. Le projet s’inscrit comme modèle de financement, un auto-remboursement du prêt contracté grâce au transfert de la gestion du projet par la société d’État chinoise», la China Communications Construction Company Limited (CCCC). Un expert français nous expliquait ce jeudi 18 juin 2015 qu’en réalité, les Comores n’ont rien à rembourser à la Chine, dont la contrepartie sera dans les pêcheries qui seront mises en place dans ce port. Cependant, les Comoriens ne comprendront jamais l’hostilité du Vice-président Mohamed Ali Soilihi envers ce projet. Il se murmure et se chuchote qu’il ne voulait même pas signer l’accord sur le projet dans le volet relatif aux finances. On lui prête même l’intention d’arrêter les travaux de construction du port s’il est élu Président en 2015. Comme il s’agit d’un sujet très important, il faudra que le Vice-président s’exprime publiquement sur sa position polémique sur ce dossier sensible. Même dans les chancelleries, où ce port suscitait la méfiance, ont a fini par bien admettre l’utilité du projet, auquel a beaucoup contribué l’Ambassadeur Mahmoud Aboud, surchauffé par le Président Ikililou Dhoinine. Le Salam de Pékin explique d’ailleurs que «ce projet du développement de Mwali prévoit environ 5.000 emplois permanents. Le montant de la transaction est de 145 millions de dollars, dont 85% sous forme de prêt et 15% proviendront des sources propres de la société d’État chinoise signataire de la convention». Comme on dit de nos jours, «c’est du lourd», donc une affaire sérieuse.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mardi 23 juin 2015.
One Comment
Ali
juin 23, 2015 at 4:38comment obtenir ce journal. est-il possible de l’acheter ou l’avoir gratuitement en ligne?
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Bonjour,
Nous poserons la question, et ici même, nous vous en dirons plus.
Cordialement,
ARM