Limogeage d’Ahmed Ali Amir, ou la grosse bêtise de trop
Le Président Ikililou Dhoinine n’avait pas besoin de le faire
Par ARM
«Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens», avait lancé le légat pontifical Arnaud Amaury, lors de la prise de Béziers par la première Croisade des Albigeois en 1209. «Dieu reconnaîtra les siens», donc. En tout cas, le Président Ikililou Dhoinine semble ne pas reconnaître les siens. Pour preuve, ce mercredi 18 mai 2016, il a signé le décret 16-082 «Mettant fin aux fonctions du Directeur général du journal Al-Watwan», une semaine avant son départ de Beït-Salam. En matière de bêtise, on ne peut faire pire. Ce limogeage passe très mal. L’opinion publique et les journalistes d’Al-Watwan lui donnent une connotation qu’elle n’a pas. Voici, par exemple, ce qu’en pense la rédaction du journal, dans un communiqué publié le samedi 20 mai 2016: «Nous savons combien cette liberté de ton ne déplaît pas à ceux qui ont toujours cherché à faire d’Al-Watwan une caisse de résonnance des faits et gestes du gouvernement, un canard aux ordres et un instrument de propagande. Le comble: ces mêmes responsables politiques, une fois passés à l’opposition, reprochent au même journal d’être aux bottes du régime et de ne pas couvrir leurs activités». On y lit aussi: «Déjà, au soir des partielles du 11 mai, Al-Watwan s’était attiré les foudres du pouvoir pour avoir publié les résultats sortis des urnes, lesquels seront en conformité avec ceux publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI) six heures plus tard. Dès cette publication, les rumeurs les plus folles avaient circulé: on allait fermer le journal, limoger son directeur, voire arrêter ses journalistes, etc. Après dix jours de rumeurs, nous pensions que le pire était derrière nous. Que ces rumeurs n’allaient être que des rumeurs. Mais, hier, le président de la République est passé à l’acte en remerciant le directeur général du journal, quatre mois après l’avoir nommé».
La rédaction d’Al-Watwan se trompe sur ce dernier point. Le limogeage d’Ahmed Ali Amir (Photo) est sans aucune relation avec la publication des résultats de la reprise des élections parce que le Président Ikililou Dhoinine s’était complètement désolidarisé de son Vice-président Mohamed Ali Soilihi, qu’il a poignardé sur le dos. De 2012 à 2016, il avait pris fait et cause pour le putschiste Azali Assoumani. Tout le discours produit pour faire de Mohamed Ali Soilihi son candidat relève de la démagogie. Il n’aurait jamais limogé le Directeur général du journal gouvernemental pour avoir publié des résultats qui n’étaient pas favorables à un candidat qui n’était le sien que du bout des lèvres et dont il s’employa à enterrer les chances d’être élu jusqu’à la dernière minute. Ce qui est encore plus ridicule dans ce cirque granguignolesque, c’est que le putschiste Azali Assoumani, une fois installé à Beït-Salam, va reconduire Ahmed Ali Amir à la Direction générale d’Al-Watwan; ce qui ridiculisera davantage Ikililou Dhoinine, qui a tenu entre ses mains un stylo dont il n’a pas compris les effets dévastateurs. D’un trait de plume, il a brisé des destins, mais sans en mesurer les conséquences. En tout état de cause, dans le Tome I de ses Mémoires, l’ancien fugitif international Hamada Madi Boléro présente Ahmed Ali Amir comme l’un des premiers Comoriens ayant travaillé avec le putschiste multirécidiviste Azali Assoumani au lendemain de son coup d’État du 30 avril 1999. Ce qui conduira Azali Assoumani à annuler le décret signé par celui qui l’a fait «élire» frauduleusement en 2016: Ikililou Dhoinine. Ironie du sort et suprême humiliation!
Qu’est-ce qui a poussé Ikililou Dhoinine à s’attaquer à la liberté de la presse au lendemain d’un scrutin présidentiel fort polémique? Tout sauf l’intelligence et l’intelligence politique. On ne limoge pas les patrons de presse pour leur liberté de ton. On ne limoge pas les patrons de presse pour leur ligne éditoriale, sinon on leur en impose une arbitrairement tout en leur disant qu’en cas de non-respect de celle-ci, c’est la porte. Mais, dans un tel cas, on sait qu’on n’est plus dans l’information, mais dans la mascarade. Et puis, le moment est mal choisi parce qu’on a l’impression que c’est Mohamed Ali Soilihi qui a téléguidé ce limogeage, alors que depuis le 11 janvier 2016, il n’a exercé aucune activité gouvernementale. L’ancien fugitif international Hamada Madi Boléro, au mépris de la Constitution, l’a limogé et a fait subir le même sort à Nourdine Bourhane et Houmed Msaïdié. Au surplus, ces trois anciens candidats n’ont aucun contact avec Ikililou Dhoinine et ne connaissent même pas ses numéros de téléphone depuis des mois. Cherchez l’erreur…
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Dimanche 22 mai 2016.
2 Comments
Charlot Mwana
mai 23, 2016 at 8:27en lisant votre article ma réaction c’est “LOL”
Ali Toiwussia
mai 23, 2016 at 10:17ARM qu’est ce qui vous arrive de critiquer (enfin!) ikililou