Les dérapages verbaux d’Ahmed Sambi valent la prison
Le «martyr» chiite est contesté même à Anjouan, son île d’origine
Par ARM
Le fait ne fait plus de doute: Ahmed Sambi recherche la martyrologie chiite. Il cherche une confrontation sanglante avec les autorités comoriennes pour pouvoir se poser en martyr. Il veut être le premier Chiite poursuivi par les autorités comoriennes pour des raisons politiques, pour ensuite se poser en victime persécutée par les pouvoirs publics comoriens. On le savait pathétique et irresponsable, mais cette fois-ci, il vient de dépasser le seuil du tolérable, en disant, le mercredi 25 novembre 2015 à Mohéli: «Je serais candidat à la présidentielle de 2016 et celui qui m’en empêchera verra de quoi je suis capable», s’attirant la réplique suivante de Houmed Msaïdié, ministre de l’Intérieur: «Celui qui tentera de remettre en cause les règles doit se préparer à en subir les conséquences, quel qu’il soit». Houmed Msaïdié accuse l’ancien dictateur de «semer des troubles» aux Comores, étant entendu que «l’intention non dissimulée de Sambi est de créer le désordre». Le ministre de l’Intérieur signale que la posture actuelle de l’ancien dictateur est d’une «extrême gravité et menace l’unité nationale». De ce fait, face aux diplomates étrangers accrédités aux Comores, Houmed Msaïdié a été on ne peut plus clair: «Nous avons préféré vous prendre à témoin au cas où le gouvernement déciderait de passer à l’action pour sauvegarder l’unité nationale et l’intégrité territoriale de notre pays», parce que le gouvernement comorien «ne tolérera pas de tels agissements». Habitué à appeler le chat un chat, Houmed Msaïdié est catégorique: «L’État va prendre les précautions qui s’imposeront» et «celui qui tentera de remettre en cause les règles doit se préparer à en subir les conséquences, quels que soit son rang et sa qualité». Voilà qui est dit de manière à mettre Ahmed Sambi devant ses propres responsabilités…
Donc, la vidéo sur laquelle Ahmed Sambi se tournait lui-même en ridicule est absolument d’actualité. Pour rappel, voilà ce qu’il disait: «Honorables Comoriens, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur vous, partout où vous êtes. Aujourd’hui, je vous adresse un message spécial en direct de l’une des maisons de Dieu, pour vous dire que j’ai reçu une nouvelle certifiée et dénuée de toute incertitude. Selon cette nouvelle, le Président Ikililou a parlé avec son gouvernement pour trouver les voies et moyens de m’arrêter et de m’emprisonner. Il s’agit d’une nouvelle sûre, certaine et dénuée de toute forme de doute. Quand j’ai appris cette nouvelle, je me suis dit que ça ne valait pas la peine que je vous donne des conseils, vous les enfants, vous les frères de sang, vous les frères par proximité, vous qui nous témoignez de l’amour. Je souhaite vous signaler que je n’ai pas souvenir de ce que j’ai fait pour être arrêté et emprisonné. Et c’est celui qui a fait le mal qu’on arrête et emprisonne. Pour faire de vous des témoins, je dois vous dire que depuis deux mois, j’ai vu beaucoup de choses destinées à me faire peur, dans ma maison de Voidjou, où ont été dépêchés des policiers pour épier, et qui entrent et sortent. Même au sein de l’Armée, il y a des responsables qui ont été mutés. J’apprends aujourd’hui qu’à la suite d’un discours que j’ai prononcé à Mohéli, je mérite d’être arrêté et emprisonné. Je souhaite que vous recherchiez ce discours, pour vous rendre compte que c’est le même type de discours que je fais à la Grande-Comore et à Anjouan. Je voudrais vous dire que dans les heures à venir, dans les jours à venir, dans les mois à venir, s’il y a quoi que ça soit qui m’arrivera dans ma vie, le coupable sera Ikililou Dhoinine. C’est un conseil que je vous donne: il sera le responsable de tout ce qui m’arrivera. Priez pour qu’il n’arrive rien de fâcheux, pour que Dieu nous permette de vivre en paix. Il paraît que tout ceci vient du fait que j’ai dit que j’étais candidat, et c’est ce qui les dérange, mais Dieu nous accordera le Bien dans ce monde et dans l’au-delà. Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur vous».
La question que tout le monde doit se poser est donc: comment un homme qui a dirigé les Comores de 2006 à 2011 en déployant une nullité crasse, une médiocrité inégalée et en s’enrichissant immensément sur le dos des Comoriens peut être nullissime jusqu’à menacer du pire un État, une République, une nation et un peuple si ses besoins anticonstitutionnels et antipatriotiques ne sont pas satisfaits? Et pour quelles raisons se croit-il capable de faire plier un État par la menace et l’obliger à changer la Constitution et les lois électorales du pays pour lui permettre de casser la présidence tournante, socle de l’unité du pays, après une grave crise séparatiste qui a détruit les Comores de 1997 à 2008 et dont l’issue finale n’a été obtenue qu’à coups de canons à cause de son propre entêtement d’âne rouge envers l’île autonome d’Anjouan? Une autre question se pose: est-ce que les crypto-sambistes ne sont pas gênés de voir l’ancien dictateur péter des câbles chaque jour et les entraîner dans la honte et la malédiction des Comoriens? Quelle fierté peut-on avoir en se dressant contre toute une communauté nationale et en attirant négativement l’attention des Comoriens sur soi, surtout quand on veut faire de la politique, et quand on doit tout faire pour entrer dans les bonnes grâces du peuple comorien, détenteur des suffrages?
En tout cas, pour un ancien dictateur qui veut devenir Président à mort et jusqu’à ce que mort s’ensuive, Ahmed Sambi se comporte en moujik trop prétentieux, arrogant, plein de morgue et imprudent parce qu’il a oublié qu’avant de se lancer dans des aventures suicidaires, il aurait dû sonder la population anjouanaise, celle de sa propre île d’origine. Or, cette dernière n’approuve pas ses magouilles. En témoignent les positions prises sur son île natale pour «défendre le maintien du principe de la présidence tournante entre les îles», telle qu’elle est inscrite à l’article 13 de la Constitution comorienne. Et, le lundi 23 novembre 2015, au cours d’une conférence de presse, le juriste Ahmed Maandhui, Conseiller juridique du Gouverneur Anissi Chamssidine d’Anjouan, n’a pas fait dans la dentelle, lui qui a demandé aux personnes présentes «pourquoi l’ex-Président Sambi n’a pas demandé la clarification de ce fameux article 13 de la Constitution pendant sa révision constitutionnelle de 2009, si vraiment cet article était équivoque?». Plus mordant encore, Ahmed Maandhui a demandé aux Comoriens de banaliser Ahmed Sambi: «Sambi n’est pas encore candidat, il annonce son intention de se porter candidat. Alors ne le réconfortons pas dans son ambition». Ce conseil est très sage, mais impossible à traduire en actes parce qu’Ahmed Sambi fait tout pour s’inviter à tous les débats parce que chaque jour, il verse dans de nouvelles provocations et divagations outrancières.
En attendant, le mot d’ordre à Anjouan est inscrit sur un tract: «Ne touchez pas à la tournante» et, présent à la fameuse conférence de presse, Djanfar Salim Allaoui, ancien Vice-Premier ministre de la République fédérale islamique des Comores, ancien ministre de l’Intérieur de l’île autonome d’Anjouan et qui ne passe pas pour être l’un des meilleurs amis d’Ahmed Sambi, dit ne même pas vouloir «attendre la décision de la Cour constitutionnelle pour commencer à combattre les ambitions de Sambi». Qui plus est, il dit qu’il «entreprendra bientôt à faire du tapage au stade et dans la rue pour cela». Naturellement, l’entrée en scène tant attendue de Djanfar Salim Allaoui n’est pas une bonne nouvelle pour Ahmed Sambi, et ce dernier le sait très bien. L’ancien Vice-Premier ministre déteste Ahmed Sambi et aime être détesté par lui. Il a quelques comptes à régler avec lui et ne s’en cache pas. Juriste de formation, les divagations «constitutionnelles» de l’ancien dictateur n’ont jamais été à son goût, et il n’a jamais apprécié leur vulgarité, irresponsabilité et vacuité. Et, dans l’affaire, Djanfar Salim Allaoui n’est pas seul, puisque partout à Anjouan, on dit et on répète: «En 2016, le tour est aux Grands-Comoriens».
Plus grave encore pour Ahmed Sambi, une Union des Forces vives d’Anjouan vient de voir le jour et comprend les partisans du Gouverneur Anissi Chamssidine (qui vient d’accuser Ahmed Sambi de «gourmandise»), les bacaristes, les partisans de Moussa Toyb (ancien Président de l’île autonome d’Anjouan, qui dit être très révolté par «l’ambition effrénée de Sambi») et l’UPDC, le «parti cocotte-minute» que tout le monde connaît. Une fois de plus, il faudra rappeler à Ahmed Sambi les vertus de l’unité et du consensus à travers l’inoubliable parole du Prophète Mohammed: «Ma Communauté ne se mettra jamais d’accord sur une erreur». Et comme il ne comprendra pas, il faudra lui rappeler également qu’en son temps, Abou Lahab, l’un des pires ennemis de l’Islam à l’époque du Prophète, croyait que son argent lui donnait tous les droits. Ce qui lui a valu d’être le seul contemporain du Prophète et le seul mécréant ennemi du Prophète à être cité nommément dans le Coran pour le châtiment qui l’attend, et ce terrible «privilège» est de ceux dont on se passe bien, mais qui correspond le mieux à la personne d’Ahmed Sambi, le digne successeur d’Abou Lahab:
«Périssent les mains d’Abou Lahab et que lui-même périsse
Sa fortune et ce qu’il a acquis ne lui serviront à rien
Il sera précipité et brûlé au Feu plein de flammes
Et sa femme, la porteuse de bois
Avec une corde de fibres attachées au cou»
(Coran, CXI, Al-Massad, 1-5).
Aujourd’hui, une chose est certaine: compte tenu de la gravité de ses paroles, Ahmed Sambi, l’Abou Lahab comorien, devait être jeté dans une cellule de prison. En même temps, le gouvernement a compris que c’est ce qu’il recherche pour qu’il puisse se poser en «martyr» chiite. C’est pour cela que rien n’est fait pour l’instant afin de l’emprisonner, alors qu’il mérite la prison. Ne pas entrer dans son jeu puéril est une preuve de maturité de la part des autorités, qui pourraient lui mettre la main au collet sur des dossiers relevant uniquement des crimes économiques.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Dimanche 29 novembre 2015.