L’ambition de ceux qui croient toujours au pays
L’actualité donne aujourd’hui raison à Saïd Ali Kemal
Par Abdourahamane Cheikh Ali
Sureffectifs, services de piètre qualité, endettement excessif, prix exorbitants, manque de compétitivité. Tels sont les maux qui rongent 2 entreprises publiques comoriennes qui sont aujourd’hui sous le feu des projecteurs: MAMWÉ et Comores Télécom. Au risque de paraître partial, je tiens à préciser que les autres sociétés d’État ne sont pas dans une forme olympique et que tout n’était pas rose avant le retour d’Azali Assoumani au pouvoir. Dans une tribune publiée sur Habarizacomores le 25 novembre 2016, Ali HAMADA juge «nécessaire voire urgent d’auditer toutes les entreprises publiques et d’informer les citoyens sur la situation réelle de ces sociétés, l’évolution de celles-ci» avant d’envisager une privatisation OU une ouverture du capital.
Il a rappelé que Saïd Ali KEMAL avait préconisé des audits des entreprises publiques au début des années 1990 lorsqu’il était ministre de l’Économie du Président Saïd Mohamed DJOHAR. Il a précisé que cette proposition avait heurté farouchement certains ténors du régime et avait conduit le Président Saïd Mohamed DJOHAR à retirer à Saïd Ali KEMAL la tutelle des sociétés d’État. «Au bout de 6 mois, le ministre a démissionné», conclut Ali HAMADA. Saïd Ali KEMAL ne s’est pas illustré seulement dans le domaine économique, en réussissant en son temps le combat pour l’amélioration du pouvoir d’achat (baisse du prix du riz, de la viande, de la farine, des médicaments, du pétrole lampant et d’autres produits de première nécessité et augmentation du prix de la vanille) et en démocratisant l’accès au marché de l’import-export, qui était jusqu’à lors monopolisé par 4 familles proches du pouvoir. Il a aussi marqué les esprits dans le domaine de la Justice, en préconisant dès 1990 la création d’un pôle financier au sein du Tribunal de Grande Instance de Moroni, avec une compétence nationale.
Ce pôle financier devrait connaître des affaires de corruption, d’escroquerie, de marchés publics frauduleux, de blanchiment et de fraudes fiscales. Dans un premier temps, le gouvernement devrait faire appel à des magistrats étrangers retraités et originaires de pays musulmans francophones pour constituer ce pôle financier. Les délits affectant les biens publics devraient être imprescriptibles. La charge de la preuve devrait être inversée au sujet des responsables politiques et dirigeants de société d’État qui affichent un train de vie manifestement disproportionné par rapport à leurs revenus officiels.
L’actualité donne aujourd’hui raison à Saïd Ali KEMAL aussi bien sur le domaine économique que sur celui de la Justice. Les entreprises publiques agonisent, certaines depuis plus 2 décennies. Un Français fraîchement nommé Directeur général d’Électricité et Eau des Comores avait établi le constat suivant en réunion du conseil d’administration en 1991: «Le montant cumulé des pertes de la société dépasse celui du capital» et mettait en cause le coût exorbitant du gazole, la vétusté des réseaux de transport et de distribution de l’électricité, l’accumulation des dettes de l’État à l’égard de la société et la faible qualification du personnel. Seule lueur au tableau: il y avait la lumière! Les coupures étaient rares car les groupes électrogènes étaient de qualité correcte, subissaient les révisions périodiques dans les délais exigés et disposaient d’une puissance qui couvraient les besoins des consommateurs en électricité. Par ailleurs, la qualité du recouvrement et une certaine maîtrise des dépenses de fonctionnement permettaient à la société de s’acquitter de ses factures auprès de la Société Comorienne des Hydrocarbures. Aujourd’hui, l’électricité est devenue une denrée rare, y compris dans la capitale fédérale, Moroni.
Des hommes politiques et des dirigeants de sociétés d’État qui ont détourné des centaines de millions voire des milliards de francs comoriens jouissent paisiblement des biens mal acquis. Il est illusoire de prétendre à un décollage économique du pays, encore moins à une ÉMERGENCE, avec un tel niveau de corruption. Devrions-nous alors baisser les bras? Devrions-nous rester les bras ballants devant l’impunité? Devrions-nous abdiquer face au creusement des inégalités sociales? Devrions- nous céder au défaitisme et considérer que le pays ne peut avoir comme perspective que l’échec. Les handicaps sont nombreux. Le chemin à parcourir est très long. Les conservatismes sont tenaces. Pour autant, rien n’est perdu. L’ardeur réformatrice de ceux qui croient toujours au pays viendra à bout des conservatismes, surmontera les handicaps et permettra au pays de parcourir rapidement le chemin qui mène vers la Lumière. La faillite morale, politique, économique et sociale du pays exige des réponses audacieuses. Une telle ambition ne saura être portée que par des dirigeants exemplaires et résolus à édifier une État fort au service de tous les territoires et de tous les citoyens. Des dirigeants qui ne transigent pas lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt général. Des dirigeants qui ne cèdent pas aux caprices des clans et aux pressions des corporatismes. Des dirigeants qui ne courbent pas l’échine face à la puissance de l’argent. Des dirigeants politiques qui garantissent une Justice équitable et implacable. Des dirigeants résolument engagés dans le combat contre les inégalités sociales.
Des patriotes issus des 4 coins de l’Archipel et de la diaspora, des Comoriens de toutes les générations sont prêts à assumer leurs responsabilités pour faire renaître l’espoir. Ces Comoriens ambitionnent de réconcilier et de rassembler la Nation, d’édifier un État respecté et de construire un pays qui garantit de meilleures perspectives à sa jeunesse.
Par Abdourahamane Cheikh Ali
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© www.lemohelien.com – Mardi 24 janvier 2017.