Azali Assoumani minimise un grave danger tuant la CRC
Son désarroi à Mohéli est une affaire nationale comorienne
Par ARM
Où va Azali Assoumani, ancien Président de l’Union des Comores (1999-2006), saisi de démangeaisons cérébrales l’incitant à croire que les Comoriens sont tellement désespérés qu’ils seraient prêts à le placer légalement à la tête de leur beau pays, où il avait sévi à la suite d’un coup d’État unanimement condamné et où il s’était lui-même «légitimé» à la suite d’une sombre et ténébreuse mascarade électorale? Ce qui étonne le plus avec le Colonel Azali Assoumani, que certains accusent ouvertement de narcissisme arrogant, c’est qu’il est tellement habitué à faire la politique dans le double langage qu’à l’heure qu’il est, il est bien incapable de dresser la liste de deux personnes dont il est sûr de la loyauté politique, pendant que la liste de ses «traîtres» et faux frères s’allonge désespérément. Le pauvre chéri national! Qui est avec lui? Il ne le sait pas. Qui est contre lui? Il ne le sait toujours pas. Comme on sait, le mercredi 30 décembre 2015, jour où il avait été placé devant trois grosses têtes de gros poissons au restaurant Chez Bandit, à Salamani, Mohéli, après son meeting, il avait organisé une conférence de presse au cours de laquelle on lui avait rappelé certaines réalités très amères, mais qu’il avait cru pouvoir évacuer par des pichenettes verbales.
En vérité, il se passe des choses dans les rangs de la CRC, le parti politique de l’ancien chef d’État, et le fiasco de cette organisation partisane à Mohéli résume la problématique de son échec sur toute l’étendue du territoire national. Déjà, le mardi 5 janvier 2016, il avait été signalé sur ce site qu’«à la Grande-Comore, tout le monde connaît la guérilla menée depuis le maquis de la région Oichili par le très ambitieux Maoulana Charif, qui ne veut même pas qu’on lui parle de la candidature de Hamidou Karihila au Gouvernorat de la Grande-Comore. À Mohéli, la situation est encore plus confuse parce que l’ancien Président a imposé Achiraf Ben Cheikh comme candidat de la CRC au Gouvernorat. Cela n’est nullement du goût du baron de la CRC sur l’île qu’est Abdallah Saïd Sarouma dit Baguiri, Gris-gris, Chabouhane, Coach et Messi, depuis qu’il a obtenu le statut de plus grand dribleur politique à Mohéli». Et un observateur mohélien de la vie politique nationale avait perfidement ajouté pour corroborer ces propos alarmants: «Il ne faut pas se voiler la face: Baguiri n’a pas d’affinités politiques particulières avec Achiraf Ben Cheikh. Il estime que la CRC aurait dû soutenir la candidature de Mohamed Saïd Fazul, avec qui il milite depuis des années. Donc, Baguiri va soutenir la candidature de la CRC uniquement à l’élection présidentielle, et après il va se ranger du côté de la candidature de son ami Mohamed Saïd Fazul à l’élection du Gouverneur de Mohéli. Et va il va se livrer à des contorsions et manœuvres politiques très machiavéliques et emberlificotées. Dans les jours à venir, il va quitter Mohéli prétendument pour aller aider à animer la candidature à l’élection présidentielle de la CRC à la Grande-Comore, alors qu’en réalité, ça sera pour éviter de soutenir Achiraf Ben Cheikh, le candidat officiel de la CRC à l’élection du Gouverneur. Mais, comme il sait manœuvrer, si Achiraf Ben Cheikh fait partie des candidats qui passeront au second tour du scrutin, il va se précipiter à Mohéli pour animer la campagne électorale de la CRC sur l’île aussi bien pour les élections présidentielles que pour celles gubernatoriales, mais uniquement en cas d’élimination de Mohamed Saïd Fazul».
Pour rappel, ces informations avaient été publiées le mardi 5 janvier 2016, et le lendemain, Achiraf Ben Cheikh et Abdallah Saïd Sarouma passèrent ostensiblement bras dessus bras dessous devant cette maison de Fomboni où logeait l’auteur de ces lignes histoire de démentir l’information infamante. Pourtant, la chose est à prendre au sérieux parce que le mercredi 30 décembre 2015, tout de suite après son meeting de Fomboni, Azali Assoumani organisait sa conférence. Et la première question qui lui avait été posée, et cela de manière perfide par le Fombonien Mohamed Halidi, portait sur le sujet infâme: «Nous voudrions en savoir plus sur votre compagnonnage avec le Gouverneur Achiraf et votre compagnonnage avec Mohamed Saïd Fazul au sujet de l’élection au Gouvernorat de Mohéli, dans la mesure où, dans le cas des membres de la CRC, certains votent Achiraf, d’autres votent Fazul». Et là, on entendit l’ancien Président lancer: «Tous les membres de la CRC vont voter Achiraf, si Dieu le veut, et ceux qui ne sont pas de la CRC vont voter Achiraf. Pour la deuxième question, il faut savoir que la situation vécue à Mohéli se retrouve sur les autres îles, parce que nous sommes des êtres humains. Nous sommes des êtres humains, et quand nous voulons placer quelqu’un en tête de la communauté, les gens se divisent, certains soutenant tel, d’autres soutenant tel autre. C’est une chose inévitable. C’est une chose normale. Il n’y a pas de problème de ce côté. Pour le reste, les responsables et les autres doivent comprendre à tous les niveaux qu’à un moment donné, il faut désigner une personne, s’unir et la suivre. Dans un parti comme la CRC, nous adressons nos louanges à Dieu parce que nous avons des cadres, nous avons des responsables qui ont tellement d’expérience que si je n’étais pas candidat à la Présidence de la République, je reconnais qu’il y en a d’autres qui méritent ce rôle. Ils le méritent. Mais, s’il y en a dix, il faudra juste en choisir un seul. Donc, la situation normale est celle qui s’est produite, Dieu soit loué. Après avoir procédé au choix, les gens ont accepté ce choix, même si certains avaient des ambitions personnelles. Quand nous arrivons au niveau inférieur, celui des Vice-présidents et des Gouverneurs, nous, à la CRC, avons décidé de ne pas être gloutons parce que nous aurons besoin de gens qui devront se rallier à nous, qu’il s’agisse de partis ou de personnalités. Aujourd’hui, comme il y a deux tickets par île, nous prendrons l’un et nous en attribuerons le deuxième aux gens qui vont se rallier à nous. […].
Par contre, ce que je ne comprends pas à Mohéli, c’est que Fazul n’a jamais été à la CRC. Je ne comprends donc pas pourquoi vous mentez sur notre compte en prétendant qu’à la CRC on se bagarre à cause de Fazul. Fazul n’a jamais été à la CRC. Fazul, je l’ai soutenu à trois reprises, mais il n’a jamais été à la CRC. Le reste, c’est vous qui le savez, c’est vous qui nous diriez ce qu’il en est. Cette fois-ci, la CRC a décidé de prendre Achiraf par alliance. Dieu a voulu qu’il soit membre de la CRC maintenant. Aujourd’hui, s’il y a des gens de la CRC qui sont ailleurs, ce n’est pas normal. Mais, ces gens-là ne représentent pas la CRC. Ce sont des gens qui ont refusé de suivre la ligne définie par le parti et ce n’est pas normal. Alors, ne croyez pas que ces choses constituent un monopole pour Mohéli. Par contre, les Anjouanais nous ont donné des leçons que nous devons louer parce qu’à Anjouan, il y avait deux candidats. L’un a été choisi, et le deuxième est devenu le Directeur de sa campagne électorale. […]. À la Grande-Comore, les gens ont eu quelques tiraillements. Ici, vous assimilez tout à des tiraillements. Je peux vous certifier que jusqu’en ce moment, et vous pouvez le demander à Fazul, il ne m’a pas appelé une seule fois, et il ne m’a vu ne serait-ce qu’une seule fois pour me parler de ses affaires. Vous pouvez le lui demander. Je ne sais pas avec qui il parle, mais si nous mettons de côté les années passées, je ne sais plus depuis combien d’années nous n’avons pas échangé. […]. Depuis 2010, quand nous le soutenions, et quand il perdit les élections, je ne me souviens pas d’une seule fois où il m’a appelé ou est venu me voir à la Grande-Comore, mais ça, il ne faut pas le dire à la radio. Maintenant, il a des ambitions, il y va. C’est normal. Il est normal pour lui d’avoir des ambitions. Mais, qu’on me cite un seul moment où il est venu me voir pour discuter. S’il est là et s’il tourne, ça n’engage que lui. Mais, je vous dis que s’agissant des gens de la CRC qui suivent Fazul, la chose est possible. Cependant, ils n’ont pas été mandatés par la CRC. Ce sont des gens qui font des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord, et je les ramène à la raison parce qu’aujourd’hui, il doit y avoir une discipline du parti, et quand le parti prend une décision, tout le monde doit s’y conformer».
Naturellement, le Colonel Azali Assoumani a tort de minimiser un mal qui mine toutes les bases de la CRC, en les assimilant à «quelques tiraillements», même s’il trouve qu’à Anjouan, les choses sont correctes. La fronde menée par le gourmand Maoulana Charif n’est pas chose à traiter par le mépris et par des paroles d’apaisement. Les dribbles des caciques de la CRC à Mohéli n’est pas chose à traiter par quelques paroles d’apaisement. Il s’agit d’un grave danger qui pèse sur son leadership et sur la viabilité et la crédibilité de son parti. Ceci est d’autant plus vrai qu’on ne voit pas comment un Président peut asseoir son autorité sur l’appareil d’État dans toute sa complexité s’il n’arrive pas à asseoir son leadership sur un simple parti politique. Que vaut un dirigeant s’il n’a pas l’autorité de se faire entendre d’abord parmi les membres de sa formation partisane? Rien. Et cela n’est pas de nature à rassurer les Comoriens, soucieux qu’ils sont de voir un vrai Président à la tête du pays et non un fantoche sans envergure qui se fait tenir la cuillère de purée et le biberon par ses partisans. En réalité, en continuant à s’arcbouter sur ses méthodes de caporalisation dignes d’un Caporal-chef de popote, Azali Assoumani mène son parti politique vers l’inconnu et vers des conflits qui se répercuteraient inutilement et négativement sur l’appareil d’État si jamais l’enfant de Mitsoudjé était élu à la Présidence de la République, et il s’agit d’un «luxe» dont ne pourraient se payer les Comoriens, qui ont mieux à faire que raccommoder des porcelaines victimes des guerres civiles entre leur Président et ses hommes.
Et puis, il faudra qu’Azali Assoumani explique aux Comoriens pourquoi il dit en public qu’il n’a pas été en contact avec Mohamed Saïd Fazul depuis les élections de 2010, tout en demandant aux journalistes de ne pas diffuser l’information. A-t-il peur que l’homme de Boingoma dise qu’«Azali Assoumani ment; nous nous parlons régulièrement»?
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 11 février 2016.