• Home
  • /
  • actualite
  • /
  • Mohamed Abdou Soimadou n’a pas d’adresse Internet

Mohamed Abdou Soimadou n’a pas d’adresse Internet

Partagez sur

Le mort-vivant en voie de fossilisation est déjà une momie numérique

Par ARM

   Il est impossible de ne pas retenir ce mot de ce grand juriste français lancé en début de soirée en mai 2015 à ses étudiants dans un auditorium plein à craquer: «L’informatique a créé l’ignorant surinformé. On vit dans l’approximation, la prétention et l’absence d’humilité». Ces mots sont à méditer. Féru de culture générale, le même juriste regrette la disparition d’une culture d’«osmose, génie, intelligence, connaissance et esprit de différenciation entre la réalité et la virtualité, entre la vérité et le mensonge. La culture générale fait revivre toutes les connaissances acquises, et l’homme a besoin d’un grand degré de finesse». Propos mémorables. Propos difficiles à réfuter et à remettre en cause et à relier à la grande vague de la numérisation du monde. On a fait et refait le procès de l’invasion de l’informatique dans la vie des gens qui vivent actuellement. Chacun fera de l’informatique ce qu’il voudra, soit pour être un «ignorant surinformé», soit pour être un homme de culture. Toutes les options sont ouvertes. Seulement, il sera très difficile de donner des raisons valables et crédibles aux gens pour leur expliquer pourquoi Mohamed Abdou Soimadou, Directeur général du journal gouvernemental Al-Watwan, «Le premier journal des Comores», n’a pas d’adresse électronique. Oui, l’homme qui règne en dictateur absolu, qui brise les carrières des journalistes les plus brillantes d’Al-Watwan, le Directeur tout-puissant qui a décidé de faire d’Al-Watwan un environnement exclusivement masculin et masculinisé, est également une momie numérique. Il n’a pas d’adresse Internet. Au vu de ses méthodes passéistes et de sa «gouvernance» rétrograde, la chose n’est pas faite pour étonner parce qu’un homme du passé ne peut pas avoir le pied gauche dans le passé révolu et le pied droit dans le monde moderne.

   La chose ne se savait pas. Il a fallu attendre le jour où cette autorité comorienne voulait le saisir par voie d’Internet pour une affaire urgente. Et c’est en ce moment-là qu’on s’est rendu compte que l’homme qui veut faire baisser l’échine de «ses» journalistes, quand il veut faire parvenir un message à quelqu’un, monte sur la terrasse de la vieille Mosquée du Vendredi du front de plage de Moroni, allume un feu qui dégage beaucoup de feu, déploie une couverture multicolore et laisse passer des volutes de fumée les unes après les autres, selon un rythme bien calculé. Des gens sur les collines relaient le message de fumée jusqu’à Mbéni. Quand il doit faire parvenir le message en France, il s’oblige à aller à l’Aéroport de Hahaya pour remettre sa lettre à un voyageur. On l’aura compris: le grand homme communique comme les Peaux Rouges d’Amérique du Nord au XIXème siècle et avant, par les signaux de fumée. Accusation gratuite? Que nenni. Que nenni. Occupé à chercher le nom de la prochaine victime féminine à licencier sec, notre homme n’a pas le temps de s’occuper de choses pratiques. Ce qu’il ne sait pas, c’est que d’autres autorités comoriennes de sa génération, qui n’est pas encore celle des dinosaures et des mammouths, noyées dans la honte et perclus de peur car ne voulant pas que leur mignon petit secret soit découvert, ont tout fait pour que des gens «branchés» leur ouvrent des adresses électroniques, qu’elles arborent fièrement sur leurs cartes de visite frappées du drapeau coloré et multicolore des Comores. Homme d’un passé révolu, mort-vivant en voie de fossilisation, Mohamed Abdou Soimadou n’a rien fait de tel pour éviter sa réelle momification électronique.

   Comment un chef de média dans le monde actuel peut-il s’accrocher au passé jusqu’à ignorer l’utilité de l’outil de communication qui fonctionne le mieux au monde actuellement? Chacun pourra ergoter et pérorer à sa guise sur le sujet, mais nul ne pourra prétendre qu’il s’agit du signe d’un attachement et de fidélité à la Grande et Honorable Tradition et d’ouverture sur le monde moderne. Il s’agit tout simplement d’un passéisme. C’est du passéisme. Cela n’est pas sans rappeler le film Le Tambour de Volker Schlöndorff, mettant en scène un enfant qui ne veut pas grandir sous le régime nazi. Malheureusement, une fois de plus, force est de constater que c’est le Front démocratique (FD) qui est devenu la plus grande usine de fabrication de sarcophages et de momies politiques aux Comores. C’est de ce mouvement politique qui se voulait d’«avant-garde» et dont les principaux chefs n’ont jamais été capables d’«accompagner un mort jusqu’au cimetière» (proverbe comorien), que viennent les momies politiques les plus fossilisées. Il y a Moustoifa Saïd Cheikh et Idriss Mohamed Chanfi, dont on connaît par le menu le processus de momification politique et de fossilisation intellectuelle. On se rend compte que leur ancien camarade de route Mohamed Abdou Soimadou est resté au stade des chants à la gloire de l’ancien dictateur albanais Enver Hodja et du génocidaire Pol Pot (1,7 million de morts entre 1975 et 1979 au «Kampuchéa démocratique»), comme dans les années 1970. Bientôt, Mohamed Abdou Soimadou, Moustoifa Saïd Cheikh et Idriss Mohamed Chanfi pourront faire des Comores une destination touristique surclassant l’Égypte en matière d’antiquités, et donc de momies et de sarcophages. Si l’Égypte a sa Vallée des Morts, les Comores de notre trio de choc auraient leur Vallée des Morts-Vivants et des Momies politiques fossilisées.

   Oui, comment le Directeur d’un journal du XXIème siècle peut-il détester la modernité jusqu’à refuser une adresse électronique? Comment le gouvernement comorien peut-il aimer le pittoresque jusqu’à nommer cette momie à la tête d’Al-Watwan? D’accord, quand nous étions au Collège et au Lycée de Fomboni, le futur Président Ikililou Dhoinine, tout en ayant une nette prédilection pour les matières scientifiques, travaillait également très bien en Histoire-géographie. C’était rare à l’époque. Mais, nous ne pouvions imaginer que quand il allait être élu Président de la République, il allait pousser son penchant pour l’Histoire jusqu’à nommer à des fonctions étatiques éminemment politiques deux momies issues de la même mouvance politique, elle aussi momifiée et fossilisée. On en est à se demander s’il ne va pas nommer Idriss Mohamed Chanfi quelque part, Ambassadeur des Comores à l’ONU, par exemple, juste pour lui permettre de réaliser son vieux rêve de «Mayotte est comorienne et le restera à jamais».

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Lundi 13 juillet 2015.


Partagez sur

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.