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Le Ramadan sans le Saint Coran, ni l’unité des Musulmans

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Le Ramadan sans le Saint Coran, ni l’unité des Musulmans

Aux Comores et ailleurs, quelle signification pour le Ramadan?

Par Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah

     «Quant à notre attitude vis-à-vis du Saint Coran, elle est celle d’un homme ayant une montre et l’ayant laissée à ses enfants, à domicile. Ceux-ci la prirent, jouèrent avec, et la gâchèrent totalement. L’homme l’emmena chez l’horloger, qui la répara []. Il la reprit, et elle l’aida à organiser ses horaires de travail et (à faire) ses prières. Il en est ainsi du destin du Saint Coran à notre époque: les gens le prennent, l’accrochent aux portes de leurs maisons, le mettent sous leurs oreillers, en font des porte-bonheurs, le suspendent aux murs de leurs chambres. Ils sont exactement comme les enfants qui gâchent la montre, ou comme les marchands de religion []. D’autres, par contre, adoptent le Coran comme mode de vie, insufflant force, libérant les peuples, sauvant l’humanité. Ceux-là ont su et compris la réalité du Coran, et ont marché au milieu des gens en Le brandissant, guides montrant la Bonne Voie, pour rendre à l’Umma islamique sa gloire passée et son honneur»: Hassan El Banna (1906-1949), fondateur de l’Association des Frères Musulmans.

     Les Comores, comme d’autres pays musulmans, débutent le ramadan le mardi 7 juin 2016. Ils commenceront le jeûne du mois de ramadan avec des changements au sommet des exécutifs de l’Union et des îles. Il y a le changement mais aussi la crise grave qui secoue l’île comorienne de Mayotte. Cette île, occupée par la France par la force malgré l’indépendance du 6 juillet 1975 et la reconnaissance du 12 novembre 1975, traverse une crise sociale barbare sans précèdent. Nos nouveaux dirigeants font semblant d’ignorer la souffrance de nos compatriotes, expulsés de chez eux, maisons détruites, et humiliés. En réalité, comme par le passé, ils s’en moquent.

     Le malheur ou la misère du monde musulman

     Au-delà de notre misère quotidienne et la de barbarie que subissent nos compatriotes qui vivent dans la zone occupée, Mayotte, le monde musulman est encore à feu et à sang en Syrie, Irak, Lybie, Yémen, et Somalie, pays presque oublié, mais ce sont tous nos frères en religion qui meurent chaque jour. La crise qui frappe les pays musulmans doit nous mobiliser et surtout à travers l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Quand on voit chaque jour la destruction des vies, des villes et tout un pays comme la Syrie, l’Irak et de la Lybie, pays qui faisaient la fierté, au moins du monde arabe, on est frappé de tristesse. Quand on voit les migrants vers l’Europe dont la plupart sont des Musulmans qui vivaient en paix et dans la stabilité chez eux, cela nous pousse à douter de l’unité du monde musulman. L’Occident a mis le feu dans les pays musulmans en commençant par l’Irak (États-Unis) en passant par la Libye (France) jusqu’au Yémen (Iran et Arabie saoudite) sans oublier la Syrie (Occident et Arabie Saoudite contre la Russie et l’Iran).

     Les seules et uniques victimes dans ces conflits, ce sont des Musulmans et l’Islam. Notre malheur vient d’abord de nous-mêmes, en voulant être Musulmans, sans le Saint Coran. Nous devons reprendre conscience de notre islamité et éviter nous faire diviser pour des détails infimes entre Chiites et Sunnites ou au fond entre Chiites et Wahhabites. Que Dieu leur vienne en aide et leur donne la paix et la stabilité, surtout, en ce mois de ramadan.

     L’Islam est basé sur cinq piliers: la reconnaissance de l’unicité de Dieu et le statut de Prophète de Muhammad Ibn Abdallah, Prophète et Messager, la prière, le jeûne du mois de Ramadan, l’aumône légale, et le pèlerinage à la Mecque, pour celui qui a le moyen d’y aller. Parmi ces cinq piliers, le Ramadan est le troisième pilier de l’Islam, dont le quatrième, l’aumône légale, est oublié ou ignoré des Musulmans.

     Le Ramadan est une période de prières, d’invocations et de pardons. Mais, ce mois n’était pas uniquement une période de prières ou d’invocations pour notre Prophète Muhammad, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui et sa famille. Nous devons prendre ce mois sacré pour réconcilier les peuples musulmans et mobiliser notre énergie pour lutter contre la «fitna» (discorde et anarchie) introduite au sein de notre Communauté.

Le commentaire du Saint Coran pendant le mois de Ramadan dans nos mosquées

     «Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux» a écrit Corneille.

     Il y a une scène très remarquable aux Comores pendant le mois de Ramadan: les mosquées sont pleines, surtout la nuit pour la prière de «Taraouih». Il y a aussi l’enseignement de nos chers oulémas, plus particulièrement de notre Mufti à la grande mosquée de Ntsoudjini dans la région d’Itsandra. Pendant les cinq ans de la présidence d’Ikililou Dhoinine, la conférence du Mufti fut une tribune politicienne où chaque acteur politique venait non pour écouter et apprendre un enseignement religieux, mais pour être vu. Or, il aurait été intéressant d’assister à ses conférences afin de mieux connaître l’Islam. Ceci est d’autant plus vrai que l’Islam est une religion qu’on n’apprend pas pour avoir une large connaissance ou augmenter ses capacités scientifiques, mais pour en appliquer les préceptes. Le Prophète Muhammad Ibn Abdillah, paix et bénédiction d’Allah soient sur lui et sa famille, en est l’exemple parfait. On avait posé la question à son épouse Aïcha Binti Aboubakr, que Dieu soit satisfait d’elle, sur le comportement de notre Prophète, et elle avait répondu: «Son comportement a été le Saint Coran».

     Que nos oulémas essaient de traduire le Saint Coran de manière à ce que nos dirigeants puissent l’appliquer aujourd’hui. Que nos dirigeants et notre population ne viennent pas les écouter comme on écoute des contes ou des fables de La Fontaine. C’est dans ce sens qu’un hadith du prophète Muhammad nous dit: «Celui qui lit le Coran et qui ne le pratique pas, Dieu le ressuscitera aveugle au jour du jugement et lorsqu’il dira: “Ô Seigneur, pourquoi m’as-tu ressuscité aveugle, alors que je possédais la vue?”, Dieu lui répondra: “Comme mes paroles sont arrivées à ta connaissance et que tu les as laissées dans l’oubli, ainsi t’ai-je oublié aussi”». Il serait intéressant que notre Mufti et nos différents oulémas dans les autres mosquées apprennent à nos dirigeants et la population comorienne le vrai visage de l’Islam. L’Islam ce n’est pas uniquement prier, jeûner pendant le mois de Ramadan, donner quelques centimes et se rendre en Arabie pour le pèlerinage; c’est aussi la manière de diriger un pays et de gérer la vie en communauté.

Nos mosquées doivent être un lieu de sensibilisation et de mobilisation de la nation

     Notre religion nous enseigne que le rappel est un bonheur pour le croyant. Nos oulémas doivent rappeler à nos dirigeants l’état de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes (même si il y a une amélioration au niveau des routes), de nos vies quotidiennes, surtout que l’enseignement de l’Islam doit être intégré dans tous nos établissements scolaires, privés et publics. Ils doivent aussi rappeler à nos dirigeants nos devoirs vis-à-vis de la situation de nos compatriotes expulsés de leur maison à Mayotte. Nous ne pouvons pas être indifférents face à cette situation chaotique et dramatique de nos compatriotes à Mayotte, territoire occupé par la France. Nos oulémas ont une très grande responsabilité pour l’éducation et l’encadrement de notre société. Ils ne peuvent pas garder le silence sur la corruption, par exemple, qui ronge notre pays. Or, un simple appel à des invocations à chaque prière de vendredi pour maudire celle ou celui qui aura détourné les deniers publics serait une très grande arme dissuasive.

     Je souhaite à tous les Comoriens, en particulier, et au peuple musulman, en général, un mois de Ramadan plein de bonheur et de succès.

     Que Dieu bénisse les Comores et les Comoriens dans l’unité de l’Archipel, à savoir Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore

Par Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah

Président du Parti Comores Alternatives (PCA)

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© www.lemohelien.com – Mercredi 8 juin 2016.


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