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«Le bilan du Colonel Président est catastrophique»

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«Le bilan du Colonel Président est catastrophique»

Interview accordée par Natuk Mouzaoir

Secrétaire national du Parti Ulezi,

Coordinateur de l’Union de l’Opposition comorienne en France

      www.lemohelien.com: Ce samedi 26 mai 2016, les Comores «célèbrent» la deuxième année du retour anticonstitutionnel et frauduleux d’Assoumani Azali au pouvoir. Quel bilan peut-on objectivement tirer de ces deux années?

Natuk Mouzaoir: Merci de m’avoir permis de m’exprimer et j’encourage votre initiative, à un moment où la liberté d’expression est mise en danger aux Comores.

Le bilan du Colonel Président est catastrophique tant sur le plan socioéconomique que sur le plan politique et diplomatique. Au lendemain de sa prestation de serment, la première décision de celui qui a été avait pour slogan «UN JEUNE, UN EMPLOI» a été de licencier plusieurs centaines de jeunes sans aucune création d’emplois 2 ans après. Le porte-monnaie du citoyen comorien est vidé par la cherté de la vie et le matraquage fiscal. Même le Hadj, 5ème pilier de l’Islam, est devenu un fardeau pour une population qui peine à se payer de quoi manger. Les 2 ans du Colonel se résument par des libertés d’expression et d’opinion bafouées, la dissolution des lois par des décrets, etc.

Comment lutter contre la corruption quand la première décision d’Azali Assoumani a été de dissoudre la Commission de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC) et la Commission nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL)? Et il y a la grande catastrophe, celle qui concerne le coup d’État institutionnel et constitutionnel du 12 avril 2018 relatif au transfert des prérogatives de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. D’emblée le Colonel navigue à vue!

www.lemohelien.com: Vous l’accusez de naviguer vue alors qu’il promet «l’émergence à l’horizon 2030» d’un pays qui ne produit même pas un cure-dents?

Natuk Mouzaoir: C’est de la poudre aux yeux! Tout patriote digne de ce nom aimerait voir son pays émerger pour que chaque citoyen puisse mener une vie décente. L’idéal pour lequel le parti Ulezi se bat est: vivre et travailler au pays. Alors, avant de parler de l’émergence, il faudrait déjà peut-être sortir les Comores du marasme économique. Les Comores figurent parmi les pays les plus pauvres du monde, avec près de 18% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté et 44,5% de la jeunesse de moins de 25 ans au chômage. Le parti Ulezi est au regret de constater que le gouvernement, de par sa politique économique et sociale désastreuse, continue à faire immerger notre pays. L’émergence n’est pas une chanson à refrain, mais bien un projet de société qu’il faudra bien réaliser, un projet accompagné d’institutions solides et valides, privilégiant la méritocratie et la création pérenne des emplois.

www.lemohelien.com: Pourtant, Assoumani Azali est tellement convaincu qu’il fait du bon travail qu’il compte organiser un référendum bidon et rester au pouvoir à mort.

Natuk Mouzaoir: Avant de vouloir reformer la Constitution, il faudrait être un homme qui respecte les règles de la République. Notre dispositif constitutionnel a perdu son sens dans la mesure où on n’a plus de Cour constitutionnelle depuis le 12 avril 2018. Une importante institution de la République, la Cour constitutionnelle, est mise à mort et, pour justifier ce putsch, on nous sort l’arme de la situation exceptionnelle. Pour couronner cette mascarade, la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI) est dirigée par un repris de Justice.

Donc, le Parti Ulezi et la Coordination de l’Union de l’Opposition en France appellent les forces vives de la nation à refuser la tenue de ce référendum toxique. Si le Colonel souhaite tester sa popularité, il doit se comporter en vrai républicain, en restaurant au préalable la Cour constitutionnelle et une CENI impartiale, dirigée par des hommes et des femmes immaculés sur le plan moral. Mongozi Ali Soilihi Mtsashiwa avait réussi à remettre le pays sur les rails en 2 ans et 9 mois. Alors le Colonel n’a pas besoin d’une présidence à vie pour faire quelque chose de positif.

www.lemohelien.com: Comment jugez-vous la crise diplomatique entre les Comores et la France, crise qui a occasionné la décision de la France de suspendre l’octroi des visas aux Comoriens?

      Natuk Mouzaoir: C’est une décision qui n’honore pas la grandeur de la France. En plus, il y a le visa Balladur. Suspendre l’octroi des visas aux ressortissants comoriens, c’est frapper ces derniers au-dessous de la ceinture. Mais, est ce que la diplomatie comorienne est à la hauteur du différend? Je dis: «Non». Quand le ministre Mohamed Elamine Soeuf répond en arguant que la France perdrait 60 euros par demande de visas, c’est scandaleux et indigne.

Le parti Ulezi appelle Azali Assoumani à rappeler l’Ambassadeur des Comores à Paris et surtout à demander à Madame l’Ambassadeur de France à Moroni de plier bagages sans concession. Il s’agit de protéger la dignité nationale et le respect de l’intégrité territoriale des Comores, et cela n’est pas négociable.

www.lemohelien.com: Qu’en est-il de la communauté comorienne installée en France?

      Natuk Mouzaoir: La diaspora comorienne en France et les Français vivant aux Comores ne seront pas touchés par ces mesures de rétorsion.

www.lemohelien.com: Que pensez-vous de la dérive politicienne actuelle sur la «citoyenneté économique»?

Natuk Mouzaoir: Nous sommes au niveau préliminaire de l’enquête et les évènements prouvent que les dés sont pipés, le verdict est au frigo. L’ex-Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est-il coupable jusqu’à être assigné à résidence par une simple note administrative émanant du cabinet du ministre de l’Intérieur? C’est anticonstitutionnel. Tout citoyen est justiciable, et nul n’est censé être au-dessus de la Loi, y compris le Président en exercice. La question de la citoyenneté est un traumatisme pour notre pays. Il faudra que toutes les responsabilités soient assumées par l’ensemble des acteurs politiques de 2006 à aujourd’hui. Ce qui m’indigne c’est l’acharnement déplacé au détriment d’une procédure judiciaire républicaine. Ulezi n’est pas comptable du passé des anciens Présidents Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine, mais nous nous battrons pour une justice impartiale, qui donne des marques de déférence à l’endroit des justiciables au sein d’un État de Droit respectueux des droits de chaque citoyen.

Propos recueillis par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 28 mai 2018.


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